Eglises d'Asie

Le Japon annonce de nouvelles aides financières aux familles face au déclin démographique

Publié le 17/06/2023




Ce mardi 13 juin, le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé un nouveau programme d’aides financières destiné aux familles afin de les inciter à avoir des enfants, alors que le Japon a enregistré seulement 799 728 nouvelles naissances en 2022. Le gouvernement estime que les revenus insuffisants sont la cause principale du déclin alarmant du taux de natalité dans le pays, d’où ces nouvelles mesures sur trois ans (2024-2027), lancées avec un budget annuel de presque 23 milliards d’euros.

Des passants dans une rue de Tokyo. Le Japon a alloué un budget annuel de près de 23 milliards d’euros pour tenter d’inverser le déclin démographique dans le pays.

Le gouvernement japonais a approuvé une série de nouvelles mesures, dont des aides financières aux familles, afin de tenter de renverser le déclin alarmant du taux de natalité dans le pays. Un budget annuel d’environ 3,5 mille milliards de yens (soit 22,84 milliards d’euros) a été alloué sur trois ans (2024-2027) pour ces mesures, défendues par le Premier ministre Fumio Kishida.

Ce dernier a notamment évoqué, parmi les causes majeures de cette tendance démographiques dans le pays d’Asie de l’Est, le manque de revenus suffisants parmi les jeunes générations. « Si nous ne mettons pas un frein très rapidement à la baisse du taux de natalité et au déclin de la population, notre économie nationale se contractera et nos systèmes de sécurité sociale deviendront difficiles à maintenir », a-t-il déclaré le 13 juin.

En 2022, le Japon a enregistré 799 728 nouvelles naissances, soit le chiffre le plus bas depuis le début des statistiques dans le pays, d’où la nécessité d’une action immédiate face à la crise démographique. Les nouvelles mesures cherchent particulièrement à augmenter l’aide financière aux jeunes générations. L’abattement forfaitaire réservé en cas de nouvelle naissance a été augmenté de 420 000 yens à 500 000 yens (soit environ 3 232 euros). De plus, les frais liés à l’accouchement seront couverts par l’assurance maladie.

De plus, des allocations familiales mensuelles à hauteur de 15 000 yens (97 euros) seront accordées pour chaque enfant de moins de trois ans, tandis que les familles recevront 10 000 yens par mois (65 euros) pour les enfants âgés de trois ans jusqu’au lycée. Pour les familles ayant un troisième enfant ou plus, une aide mensuelle de 30 000 yens (164 euros) doit être accordée, quel que soit l’âge de l’enfant jusqu’à ce qu’il atteigne le lycée.

Par ailleurs, des restrictions relatives aux revenus pour les foyers recevant des allocations familiales seront supprimées, afin d’assurer une meilleure aide financière. Le Japon projette aussi d’étendre son programme de dispense de frais de scolarité à l’université et d’offrir un meilleur accès à une éducation supérieure gratuite aux étudiants.

« Les salaires au Japon sont restés les mêmes durant très longtemps »

Deux mères résidant au Japon se disent satisfaites de ces nouvelles mesures. Une mère philippine, appelée Maria, estime que le programme du gouvernement contribuera à bien alléger le poids financier de sa famille. Maria, âgée de 49 ans, vit dans la ville de Kawaguchi dans la préfecture de Saitama, où elle travaille comme aide-soignante à temps partiel. Elle a deux filles âgées de 10 et 12 ans.

Hiroe Katsuki, une Japonaise âgée de 34 ans basée à Tokyo et mère d’un garçon de 2 ans et demi, reconnaît de son côté que ces mesures « aideront certainement beaucoup de mères ». Elle approuve également les propos du Premier ministre sur le manque de revenus suffisants pour les jeunes, qui représente un frein pour le taux de natalité dans le pays. Cependant, elle pense que « plutôt que de se contenter de donner de l’argent, je crois qu’il est nécessaire de changer complètement le fait que les salaires au Japon sont restés les mêmes durant très longtemps ».

Selon Haruka Sakamoto, de la Tokyo Foundation for Policy Research (groupe de réflexion japonais sur les politiques publiques), une autre raison qui explique le déclin démographique est l’augmentation du nombre de personnes non mariées, attribuée à des facteurs comme des emplois précaires et des faibles revenus. Selon Haruka Sakamoto, interrogée le 7 juin durant une conférence de presse, cette situation ne s’explique pas seulement par un changement de valeurs.

« La véritable raison, c’est que ces personnes font partie d’une génération victime du ‘cho hyoga jidai’ ou la ‘superglaciation’ de l’emploi, et des économies stagnantes qui ont suivi, ce qui les a dissuadé de se marier et d’avoir des enfants », a-t-elle confié. « Les jeunes générations ne doivent pas être considérées comme la cause du déclin du taux de natalité mais plutôt comme des victimes de l’économie stagnante dans la société japonaise », a-t-elle insisté.

(Avec Ucanews)