Eglises d'Asie

Le pape envoie un message aux Coréens en les invitant à être des « prophètes de la paix »

Publié le 29/07/2023




Ce jeudi 27 juillet, le pape François a envoyé un message à Mgr Mathias Ri Long-hoon, président de la Conférence épiscopale coréenne, à l’occasion du 70e anniversaire de l’armistice de la guerre de Corée. Dans son message, qui a été lu dans la cathédrale de Myeongdong (à Séoul) par le cardinal Lazarus You Heung-sik, préfet de la Congrégation pour le clergé, le Saint-Père appelle tous les Coréens à être des « prophètes de la paix », pour « un avenir de réconciliation » pour la péninsule coréenne.

Le 27 juillet dans la cathédrale de Séoul, le cardinal Lazarus You Heung-sik a lu un message du pape François à l’occasion du 70e anniversaire de l’armistice.

Le pape François a envoyé un bref message au président de la Conférence des évêques de Corée, Mgr Mathias Ri Long-hoon, à l’occasion du 70e anniversaire de la fin de la guerre qui a séparé les deux Corées. « Je souhaite que la commémoration de l’armistice n’évoque pas seulement la cessation des hostilités, mais qu’elle offre aussi un avenir brillant de réconciliation, de fraternité et d’harmonie durable pour la péninsule coréenne », a écrit le Saint-Père.

Le cardinal Lazarus You Heung-sik, préfet de la Congrégation pour le clergé, a lu le message papal durant une messe célébrée ce jeudi 27 juillet dans la cathédrale de l’Immaculée-Conception de Myeongdong (Séoul), 70 ans après l’armistice signé le 27 juillet 1953. Depuis presque 30 ans, des temps de prière pour la réconciliation du peuple coréen ont lieu toutes les semaines dans la cathédrale.

En 2014, le pape François a célébré une messe solennelle pour cette même intention durant son voyage en Corée du Sud. Dans son message envoyé le 27 juillet dernier, il a également confié : « Je suis proche de vous par la prière. Que cet anniversaire soit une occasion pour les évêques, les prêtres, les religieux et les laïcs de votre terre de renouveler leur engagement pour la construction du Royaume de Dieu, qui est ‘justice, paix et joie dans l’Esprit Saint.’ » (Rm 14, 17)

« Je voudrais encourager tous les Coréens à être des ‘prophètes de la paix’ »

« Les multiples guerres et conflits armés d’aujourd’hui, qui affectent la famille humaine, en particulier nos frères et sœurs les plus vulnérables, nous rappellent tragiquement le besoin d’être constamment vigilants pour la défense de la justice et de la coopération fraternelle au sein des communautés et entre les peuples », a-t-il ajouté.

« Dans cet esprit, je voudrais encourager tous les Coréens à être des ‘prophètes de la paix’ », a-t-il poursuivi. Une telle paix « est toujours basée sur le respect de la loi et du bien commun, de l’environnement qui nous est confié, et des riches traditions morales héritées de nos ancêtres. » De son côté, le cardinal You Heung-sik a aussi ajouté que « nous espérons que le pape François réalise son souhait de se rendre en Corée du Nord ».

De nombreux autres fidèles présents dans la cathédrale de Myeongdong ont également salué les paroles de Mgr Pierre Lee Ki-heon, évêque d’Uijeongbu, qui dirige la Commission nationale pour la réconciliation de la Conférence épiscopale coréenne. « Je suis né à Pyongyang en 1947, avant que la guerre éclate. Ma famille a vécu à Pyongyang et a souffert de la politique génocidaire du régime nord-coréen », a-t-il confié. « Quand les membres du clergé du diocèse de Pyongyang ont été arrêtés et qu’ils n’ont plus été capables de pratiquer leur foi, ils ont fui vers le sud. Durant le processus d’évacuation, mes deux sœurs n’ont pas pu venir ensemble et elles ont été séparées », a-t-il raconté.

« C’est à notre peuple de défendre la paix dans la péninsule »

« À cause de ces origines familiales, avant de rejoindre le séminaire, de devenir prêtre, et d’entrer au service de la Commission nationale pour la réconciliation, mon appel a été de choisir le diocèse de Pyongyang. Et quand je suis entré au séminaire, j’ai pensé que quand je serais devenu prêtre, je pourrais retourner vivre et travailler dans le diocèse de Pyongyang », a-t-il expliqué. « Alors que j’ai été au service pendant presque 50 ans et que je m’apprête à me retirer, mes espérances de réunification faiblissent », a reconnu Mgr Lee.

Il a rappelé que l’armistice a été signé il y a 70 ans « jusqu’à ce qu’un accord de paix final soit atteint », ce qui ne s’est jamais produit. « En 2018, un vent de paix prometteur a soufflé sur la péninsule coréenne, à commencer par les Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang », a-t-il souligné. Durant les mois qui ont suivi, les dirigeants du Nord et du Sud se sont rencontrés à plusieurs reprises, en se serrant la main et en faisant différentes déclarations, mais finalement, ces rencontres ainsi que le sommet organisé par la suite à Hanoï ont échoué.

« Dans l’histoire de la péninsule coréenne, nous avons non seulement fait l’expérience des conflits d’intérêts et du manque de dialogue entre le Nord et le Sud, qui entravent le processus de paix, mais aussi des puissances environnantes qui veulent utiliser la péninsule coréenne pour servir leurs propres intérêts », a-t-il ajouté. « C’est à notre peuple, et non aux États-Unis ou à la Chine, de défendre la paix dans la péninsule coréenne. Dans cet objectif, le Nord et le Sud doivent travailler ensemble. »

Des changements radicaux dans les relations intercoréennes depuis 2022

Le natif de Pyongyang a également évoqué explicitement les changements radicaux observés dans les relations intercoréennes depuis les élections de l’an dernier en Corée du Sud. Selon lui, « un vent sec et froid souffle à présent sur la péninsule coréenne ». « La Corée du Nord poursuit aussi ses essais de missiles à répétition. Plus les dirigeants du Nord et du Sud s’endurcissent, plus la confrontation est risquée pour notre peuple, qui tremble avec angoisse sous la menace de la guerre », a-t-il souligné.

« Aujourd’hui, nous prions de tout cœur pour que les dirigeants du Nord et du Sud sachent apaiser les cœurs angoissés et écouter la voix du peuple. » Il a donc recommandé aux fidèles présents de construire la paix en commençant par leur propre cœur, en renonçant à l’hostilité envers l’autre Corée que tous les habitants apprennent dès l’enfance.

Enfin, Mgr Lee a aussi évoqué sa première visite en Corée du Nord il y a de nombreuses années : « Je me suis rendu au consulat nord-coréen en Chine afin d’obtenir un visa, et il y avait un drapeau de la Corée du Nord et un portrait de Kim Il Sung. En voyant cela, je suis devenu très nerveux, et le diplomate qui nous remettait les visas nous a dit : ‘Vous êtes très inquiet. Ne vous inquiétez pas. La Corée du Nord est aussi un lieu où les gens vivent.’ »

« À l’occasion du 70e anniversaire de l’armistice, prions pour un nouvel avenir de paix sur cette terre », a confié l’évêque, en suggérant, « comme premier pas, de s’efforcer d’être des chrétiens qui vivent et prêchent la fraternité, en commençant dans nos églises, et qui partagent les peines de nos voisins. »

(Avec Asianews)