Eglises d'Asie

Le pape François appelle l’Occident à s’inspirer de l’Asie

Publié le 29/11/2019




Dans l’avion qui le ramenait à Rome depuis Tokyo, le 26 novembre, à l’issue de son voyage apostolique en Thaïlande et au Japon, le pape François a répondu aux questions des journalistes, notamment sur l’énergie nucléaire et sur les rapports entre Orient et Occident. À la question d’un journaliste de Katorikku Shinbum, l’hebdomadaire catholique japonais, qui l’interrogeait sur ce que l’Occident et l’Église en Occident pouvaient apprendre de l’Est et de l’Église en Asie, le pape a évoqué une « sagesse orientale » et un regard « contemplatif » et « poétique » sur les choses, qui seraient bénéfiques à l’Occident : « Un peu de poésie ferait du bien à nos sociétés occidentales. »

Messe de clôture de la journée de la jeunesse asiatique organisée en Corée du Sud, en 2014

Pour le pape François, « un peu plus de poésie ferait du bien à l’Occident », qui pourrait s’inspirer de l’exemple de l’Asie pour y parvenir. Durant sa conférence de presse donnée le 26 novembre en vol, sur le voyage du retour depuis Tokyo vers Rome, le Saint-Père a commenté de nombreuses questions devant les journalistes à bord. Un reporter de Katorikku Shinbum, l’hebdomadaire catholique japonais, a notamment interrogé le pape sur ce que l’Occident et l’Église en Occident pouvaient apprendre de l’Asie et de l’Église en Asie. Le pape a répondu qu’il y a un regard contemplatif sur la vie typiquement asiatique, dont les Occidentaux ont besoin. « L’expression ‘lux ex Oriente, ex Occidente luxus’ m’a beaucoup éclairé. La lumière vient de l’Orient ; la luxure et le consumérisme de l’Occident. Il y a une sorte de sagesse orientale, qui touche non seulement la connaissance mais aussi le rapport au temps, et la contemplation », a poursuivi le pape. « Il serait très utile à notre société occidentale, qui est trop souvent pressée, d’apprendre à contempler, à s’arrêter et à regarder les choses avec poésie. C’est une opinion personnelle, mais je pense que l’Occident profiterait bien d’un peu plus de poésie. » Le pape a développé sa pensée en soulignant que « l’Orient est capable de regarder les choses avec un regard plus profond ». « Je ne veux pas employer le mot ‘transcendance’, parce que certaines religions orientales ne parlent pas de transcendance ; il s’agit plutôt d’un regard qui dépasse les limites de l’immanence, sans parler pour autant de transcendance », a-t-il expliqué. « C’est pour cela que je parle de poésie. La recherche de la perfection personnelle à travers le jeûne, la pénitence et la pensée des sages orientaux… Je pense que nous autres Occidentaux, cela nous ferait du bien de nous arrêter un peu et de consacrer du temps pour nous ouvrir à la sagesse. »

Au cours de la conférence de presse, le pape François a répondu à d’autres questions diverses, en réaffirmant notamment sa condamnation des armes nucléaires, et en précisant qu’il souhaitait ajouter, dans le texte du Catéchisme de l’Église catholique, la question de l’immoralité de l’utilisation de telles armes, et même de leur possession : « J’ai réaffirmé que l’usage des armes nucléaires est immoral, c’est pourquoi cela doit être ajouté au Catéchisme de l’Église catholique. Non seulement leur utilisation, mais aussi le fait d’en posséder : parce qu’un accident ou la folie d’un dirigeant peuvent détruire l’humanité. Ces propos d’Einstein me viennent à l’esprit : ‘Je ne sais pas comment on fera la Troisième Guerre mondiale, mais je sais comment on fera la quatrième : avec des bâtons et des pierres.’ » En s’adressant aux survivants de l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima, provoquée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, le pape François a également rappelé que les évêques du Japon ont eux-mêmes appelé à l’abolition des centrales nucléaires. Pourtant, lui-même n’a pas soutenu explicitement cette position : « L’usage de l’énergie nucléaire a ses limites, parce que nous ne sommes pas encore parvenus à un niveau de sécurité absolu. On pourrait dire, bien sûr, que même des accidents pourraient aussi survenir dans d’autres types de centrales, mais ce serait minime comparé aux conséquences d’une catastrophe qui surviendrait dans une centrale nucléaire. Les systèmes de sécurité ne sont pas encore infaillibles. C’est mon opinion personnelle, mais j’éviterais d’utiliser l’énergie nucléaire tant que son usage n’est pas complètement sécurisé. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Korea.net / Service coréen de culture et d’information (Jeon Han)