Le pape François crée une commission pour les nouveaux martyrs du XXIe siècle

Un mémorial en mémoire des victimes des attentats du jour de Pâques 2019, devant l’église Saint-Sébastien de Katuwapitiya, à Negombo.

Le 5 juillet, le pape François a publié une lettre annonçant la création d’une Commission des nouveaux martyrs, témoins de la foi, en vue du Jubilé de 2025, au sein de la Congrégation pour les causes des saints. Le nouveau groupe de travail est chargé de dresser un catalogue de tous les chrétiens – et pas seulement les catholiques – qui ont donné leur vie pour l’Évangile depuis le début du XXIe siècle. Une liste qui sera mise à jour constamment par la suite.

À l’occasion du Grand Jubilé de l’an 2000, le pape Jean-Paul II avait créé une commission similaire afin d’identifier les martyrs du XXe siècle, notamment les victimes des régimes totalitaires (nazis, fascistes et communistes), mais aussi les martyrs de l’évangélisation et de la charité parmi toutes les confessions chrétiennes.

Coordonné par le professeur Andrea Riccardi, historien et fondateur de la communauté de Sant’Egidio (qui anime la basilique dédiée aux martyrs du XXe siècle, sur l’île Tiberina à Rome), le travail a permis de dresser une liste d’environ 13 000 personnes, dont plus de 1 700 martyrs en Asie et plus de 1 100 dans l’ancienne Union soviétique. Leur mémoire a fait l’objet d’un des moments les plus solennels du Jubilé, un événement œcuménique qui a été présidé par saint Jean-Paul II au Colisée le 7 mai 2000.

Plus de 1 700 martyrs en Asie au cours du XXe siècle

Aujourd’hui, le pape François invite les fidèles à regarder le premier quart du XXIe siècle, alors que les martyrs « sont plus nombreux à notre époque qu’au cours des premiers siècles ». Dans sa lettre, le pape explique le sens du travail de la commission. « Les martyrs de l’Église sont les témoins de l’espérance qui naît de la foi dans le Christ et qui incite à la vraie charité. L’espérance maintient vivante la conviction profonde que le bien est plus fort que le mal, parce que Dieu, dans le Christ, a vaincu le péché et la mort », écrit le Saint-Père dans sa lettre.

Inspirée du travail réalisé en l’an 2000, la nouvelle commission sera présidée par le secrétaire de la Congrégation pour les causes des saints, Mgr Faio Fabene, qui sera accompagné du professeur Andrea Riccardi en tant que vice-président, et de Mgr Marco Gnavi, curé de la basilique Sainte-Marie-du-Trastevere, comme secrétaire.

De son côté, Mgr Gnavi était également secrétaire de la première commission au cours du Grand Jubilé de l’an 2000. Un des autres membres de la nouvelle commission choisie par le Saint-Père est le père Dinh Anh Nhue Nguyen, un dominicain vietnamien qui est également théologien et secrétaire général de l’Union Pontificale Missionnaire (PUM).

La commission « n’a pas pour mission d’établir de nouveaux critères pour la constatation canonique du martyre », a précisé le pape, « mais de poursuivre l’enquête entamée sur ceux qui, jusqu’à ce jour, continuent d’être tués simplement parce qu’ils sont chrétiens ». Comme en l’an 2000, une célébration œcuménique aura lieu durant le Jubilé 2025, en signe de « l’œcuménisme du sang ».

« Nous avons une grande dette envers eux et nous ne pouvons pas les oublier »

Ainsi, « la recherche ne concernera pas seulement l’Église catholique, mais s’étendra à toutes les confessions chrétiennes ». « Aujourd’hui encore où nous assistons à un changement d’époque, les chrétiens continuent à manifester, dans des contextes de grand risque, la vitalité du baptême qui nous unit », ajoute le pape.

Il cite également certaines « catégories » de martyrs, qui « bien que conscients des dangers qu’ils encourent, manifestent leur foi ou participent à l’Eucharistie dominicale », tandis que « d’autres sont tués dans leurs efforts pour aider, par la charité, la vie des pauvres, pour prendre soin de ceux qui sont rejetés par la société, pour chérir et promouvoir le don de la paix et la force du pardon ». « D’autres encore sont les victimes silencieuses, individuelles ou collectives, des bouleversements de l’histoire. Nous avons une grande dette envers eux et nous ne pouvons pas les oublier. »

Le pape François poursuit en soulignant que la nouvelle commission « devra se prévaloir de la contribution active des Églises particulières, des instituts religieux et de toutes les autres réalités chrétiennes ». Enfin, il assure que « dans un monde où il semble parfois que le mal l’emporte, je suis certain que l’élaboration de ce catalogue, également dans le contexte du Jubilé imminent, aidera les croyants à lire notre époque à la lumière de Pâques, en puisant les raisons de vivre et de faire du bien dans le trésor de la fidélité généreuse au Christ ».

(Avec Asianews)