Eglises d'Asie – Divers Horizons
Le pape François évoque la voie missionnaire de Matteo Ricci dont il salue la « cohérence »
Publié le 01/06/2023
Pour le pape François, qui a dédié son audience générale du mercredi 31 mai au missionnaire jésuite Matteo Ricci, ce dernier n’est pas considéré avant tout comme scientifique ni pour son courage ou pour ses nombreux ouvrages, mais « parce qu’il était fidèle à sa vocation, avec son désir de suivre Jésus ». Le Saint-Père s’est adressé aux groupes de pèlerins présents place Saint-Pierre en évoquant le grand « apôtre de la Chine », déclaré vénérable le 17 décembre 2022. Ses propos s’inscrivent dans son cycle de catéchèse sur le thème du « zèle dans l’évangélisation ».
Après avoir évoqué saint François-Xavier et saint André Kim Taegon au cours des dernières semaines, il s’est penché cette semaine sur une autre figure cruciale de la rencontre de l’Évangile avec les peuples d’Asie. Et c’est précisément la grande attention du missionnaire au contexte local qui a été fortement soulignée par le pape. « Après la tentative de François Xavier, 25 autres jésuites ont tenté en vain d’entrer en Chine », a-t-il rappelé. Mais Ricci et un de ses confrères se sont particulièrement bien préparés, en étudiant la langue et les coutumes chinoises, jusqu’à réussir à entrer et à s’établir dans le pays.
Selon le pape François, Matteo Ricci a « toujours suivi la voie du dialogue et de l’amitié avec toutes les personnes qu’il a rencontrées, et cela a ouvert beaucoup de portes qui lui ont permis de proclamer la foi chrétienne ». « Son premier travail en Chine a été un traité sur l’amitié, qui a eu beaucoup d’impact », a-t-il poursuivi.
« Son esprit missionnaire et son amour du peuple chinois sont toujours un modèle »
Il a également rappelé le choix du missionnaire de s’adapter aux modes de vie et aux usages de l’élite confucéenne, d’étudier les textes classiques de la culture chinoise, afin d’être « capable de présenter le christianisme dans un dialogue positif avec leur sagesse confucéenne et avec les us et coutumes de la société chinoise ». Une « inculturation » similaire, a-t-il ajouté, à celle adoptée par les Pères de l’Église durant les premiers siècles vis-à-vis de la culture grecque.
Son excellence dans le domaine scientifique a également suscité l’intérêt et l’admiration, a-t-il souligné, « à commencer par sa fameuse carte du monde, la carte de l’intégralité du monde connu à l’époque, avec les différents continents, qui a révélé aux Chinois pour la première fois une réalité en dehors de la Chine, qui était bien plus vaste qu’ils avaient jamais imaginé ». Mais le travail de Matteo Ricci, a-t-il ajouté, « n’aurait jamais été possible sans la collaboration de ses grands amis chinois, dont les fameux Docteurs Paul [Xu Guangqi] et Léon [Li Zhizao] ».
Toutefois, selon lui, toutes ces dimensions ne doivent pas « masquer la motivation profonde de tous ses efforts : la proclamation de l’Évangile ». « En Matteo Ricci, ils ont vu un homme si intelligent, si sage, si ingénieux et un tel croyant ; et ils ont dit : ce qu’il prêche est vrai. Il témoigne avec sa propre vie de ce qu’il proclame, et c’est cette cohérence des évangélisateurs qui s’applique aussi à nous », a insisté le pape. « Je peux réciter le Credo par cœur, je peux dire toutes les choses auxquelles nous croyons, mais si votre vie n’est pas cohérente avec cela, cela ne sert à rien. Ce qui attire les gens, c’est l’authenticité, le fait de vivre ce que nous disons. »
Matteo Ricci est décédé à Pékin en 1610 à l’âge de 57 ans, malade et épuisé par sa mission. « Son esprit missionnaire et son amour du peuple chinois sont toujours un modèle, mais ce qui est plus à propos, c’est sa cohérence de vie. Frères et sœurs, demandons-nous nous aussi : suis-je cohérent ? », a conclu le Saint-Père durant sa catéchèse.
(Avec Asianews)