Eglises d'Asie – Inde
Le parti du BJP tend la main aux chrétiens dans l’État du Mizoram
Publié le 26/07/2019

Une initiative saluée avec prudence
En Inde, les responsables chrétiens dénoncent régulièrement la montée des violences des nationalistes hindous contre les missionnaires, en particulier dans les villages du nord du pays. Ils accusent également les gouvernements BJP de la plupart des États du nord de l’Inde d’avoir des affinités avec les groupes extrémistes qui font pression pour une Inde exclusivement hindoue, les encourageant ainsi à s’attaquer aux minorités religieuses. L’influence sociale et politique des communautés chrétiennes de la région, majoritairement presbytériennes, est conséquente. Selon les médias locaux, la tentative du BJP est liée aux résultats décevants du parti lors des élections régionales de l’an dernier. Le BJP avait déposé sa candidature pour 39 sièges sur 40 au Mizoram, mais n’en avait remporté qu’un seul. Cependant, le parti conserve une grande influence dans six autres États de la région : il dirige les gouvernements de l’Assam, du Manipur, du Tripura et de l’Arunachal Pradesh, et il fait partie des coalitions qui dirigent les États du Nagaland et du Meghalaya. Le Mizoram est l’un des trois États indiens majoritairement chrétiens, avec le Meghalaya et le Nagaland. « L’idée est de courtiser les électeurs chrétiens et de faire des percées », estime Robert Vanlalhana, un enseignant basé au Mizoram.
L’initiative locale coïncide avec grande campagne nationale pour l’adhésion au parti, lancée durant la première semaine de juillet. Certains habitants de l’État restent sceptiques et affirment que l’ouverture d’une assistance téléphonique pourrait permettre de recueillir des détails personnels sur les missionnaires, ce qui pourrait se retourner contre eux. J. V. Hluna et Lal Hriatrenga Chhangte ont tous les deux repoussé une telle éventualité, en assurant que le détail des coordonnées resterait confidentiel. Mgr Stephen Rotluanga, évêque catholique du diocèse d’Aizawl, la capitale du Mizoram, a salué timidement l’initiative, tout en ajoutant qu’il fallait rester prudent à propos des motivations politiques derrière ce geste. « Nous devons savoir quelles sont leurs intentions exactement, et à quel point ils sont sincères dans leurs propos », a déclaré Mgr Rotluanga. Sajan K. George, qui dirige le Conseil global des chrétiens indiens (GCIC), émet des doutes sur les motivations du BJP. « S’ils sont sérieux, il faut qu’ils répriment les persécutions contre les chrétiens dans les États dirigés par le BJP », demande-t-il. « Personne ne prendra de telles initiatives sérieusement », ajoute-t-il. De son côté, l’avocat et militant chrétien A. C. Michael, ancien membre de la Commission de Delhi pour les minorités religieuses, a salué la décision comme une « grande initiative du BJP ». « Ce serait bien d’ouvrir des cellules semblables dans le reste de l’Inde, en particulier dans des États comme l’Uttar Pradesh, où l’on a rencontré le plus grand nombre de violences contre les chrétiens au cours des dernières années », a-t-il ajouté.
(Avec Ucanews, New Delhi)
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