Eglises d'Asie

Le parti PAP au pouvoir sort victorieux des élections, malgré un mandat plus faible que prévu

Publié le 18/07/2020




Le 10 juillet à Singapour, près de 2,65 millions d’électeurs se sont rendus dans les bureaux de vote, en respectant des consignes sanitaires strictes. Le vote étant obligatoire pour les citoyens singapouriens dès 21 ans, le taux de participation s’est élevé à presque 96 %. Il s’agit des secondes élections nationales organisées en Asie, après la Corée du Sud en avril, depuis le début de la pandémie. Le parti PAP (Parti d’Action Populaire), au pouvoir depuis plus de 60 ans à Singapour, sort victorieux mais fragilisé du scrutin législatif, en accusant une baisse de 9 % des voix au niveau national. « Les résultats reflètent la souffrance et le trouble des Singapouriens face à la crise sanitaire », a estimé le Premier ministre Lee Hsien Loong, qui devrait annoncer son nouveau cabinet d’ici quelques jours.

Le slogan principal de l’opposition, « votez pour un Parlement équilibré », durant la campagne électorale qui n’a duré que deux semaines.

Les secondes élections nationales organisées en Asie depuis le début de la pandémie ont vu le parti PAP (Parti d’Action Populaire), au pouvoir depuis plus de 60 ans, se renforcer avec 83 sièges obtenus au Parlement sur 93 – ce qui lui donne une « super majorité » qui lui permet de changer la Constitution comme bon lui semble. Pourtant, les choses commencent à changer, alors que le parti au pouvoir n’a pas obtenu l’écrasante victoire espérée. Au niveau national, en effet, le PAP accuse une baisse de 9 % des voix (en 2015, le parti avait obtenu 70 % des voix, alors qu’en 2020, le parti au pouvoir est descendu à 61 %). Par ailleurs, les jeunes générations semblent soutenir les partis d’opposition. La circonscription de Sengkang, nouvellement constituée et remportée par l’opposition (52 %), est un quartier peuplé en majorité de jeunes couples. Le Parti des travailleurs, en passant de six à dix représentants parlementaires, est ainsi devenu une force politique incontournable. « Les résultats reflètent la souffrance et le trouble des Singapouriens face à la crise sanitaire », a estimé le Premier ministre Lee Hsien Loong, qui devrait annoncer son nouveau cabinet d’ici quelques jours.

Le 10 juillet, près de 2,65 millions d’électeurs se sont rendus dans les bureaux de vote, en respectant des consignes sanitaires strictes – chacun avait un laps de temps de deux heures pour pouvoir voter, afin d’éviter les attroupements. Des bureaux de vote mobiles ont également été installés pour les électeurs revenant de l’étranger et se trouvant en quarantaine dans les hôtels. Ainsi, le parti du Premier ministre Lee Hsien Loong s’est assuré la victoire malgré des résultats en demi-teinte. « Ce nouveau mandat n’est pas aussi fort qu’espéré, mais ce sont des bons résultats malgré tout », a commenté Lee Hsien Loong. Plusieurs dirigeants du parti PAP, dont deux anciens ministres, ont perdu, et Heng Swee Keat, Vice-Premier ministre de Singapour depuis 2019 et candidat à la succession du Premier ministre, a gagné son siège avec « seulement » 53 % des votes. Ce dernier avait affirmé, début 2019, que les Singapouriens n’étaient pas encore prêts pour un premier ministre non-chinois. Les résultats ont pourtant prouvé le contraire : Tharman Shanmugaratnam, un ministre d’origine indienne que beaucoup voudraient voir au poste le plus élevé de l’État, a gagné dans sa circonscription avec un taux de 75 %. La carte ethnique, longtemps manipulée par le PAP, a perdu de sa valeur dans une société singapourienne qui grandit en maturité et s’éloigne peu à peu d’un régime paternaliste.

Singapour a levé ses deux mois de confinement le 2 juin. La cité-État, qui compte 5,8 millions d’habitants, a enregistré plus de 45 000 cas d’infection, dont une majorité de travailleurs migrants logés dans des dortoirs. Les élections ont été considérées par beaucoup comme un référendum sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement au pouvoir. Le vote est obligatoire pour les citoyens singapouriens dès 21 ans, et le taux de participation s’est élevé à presque 96 %. Alors que les rassemblements publics sont considérés comme risqués en ce temps de pandémie, seuls quelques pays ont osé organisé des élections nationales durant les derniers mois – on compte notamment la Corée du Sud, qui a organisé des élections en avril. Selon l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA), 45 pays et territoires ont décidé de suspendre des élections nationales ou régionales depuis février, et 67 pays ont reporté des élections.

(EDA / François Bretault, avec Ucanews)


CRÉDITS

François Bretault