Eglises d'Asie

Le premier cardinal Dalit parmi les 20 nouveaux cardinaux créés à Rome

Publié le 29/08/2022




Mgr Anthony Poola, archevêque d’Hyderabad, premier cardinal Dalit, fait partie des vingt nouveaux cardinaux créés ce samedi 27 août à Rome par le pape François. Sa nomination historique suscite beaucoup d’espoir d’une société plus égalitaire chez les chrétiens du sous-continent indien. C’est aussi le premier à parler le telugu, une langue utilisée par 75 millions de personnes, dans l’une des régions les plus pauvres de l’Inde. Le cardinal Poola a notamment déclaré vouloir être un « missionnaire de la compassion ».

Mgr Anthony Poola, archevêque d’Hyderabad, premier cardinal Dalit parmi les 20 nouveaux cardinaux créés à Rome.

L’annonce de sa nomination, le 29 mai dernier, avait retenti dans toute l’Asie du Sud. Samedi 27 août, Mgr Anthony Poola, archevêque d’Hyderabad, a reçu sa barrette de cardinal des mains du pape François au cours d’une cérémonie à la basilique Saint-Pierre de Rome, aux côtés de 19 autres ecclésiastiques.

C’est le premier cardinal issu de la caste dalit (anciennement appelée des Intouchables), traditionnellement défavorisée dans la société indienne, contrainte par des règles drastiques et victime de discrimination : sa nomination est donc vue comme historique. C’est aussi le premier à parler le telugu, une langue utilisée par 75 millions de personnes, dans l’une des régions les plus pauvres d’Inde.

Pour l’activiste Mary John, présidente du Mouvement de Libération des Chrétiens Dalit, le nouveau cardinal a maintenant « le devoir d’être une voix pour tous les Dalit chrétiens ». Les Dalits représentent les deux tiers des 18 millions de catholiques indiens, pourtant ils sont encore très peu représentés dans les hautes fonctions ecclésiastiques, ce qui a causé de récentes tensions au sein de l’Eglise indienne.

De son côté, le principal intéressé a simplement déclaré vouloir être un « missionnaire de la compassion » et salue la vision du pape François d’une « Église pauvre, avec et pour les pauvres » qui aurait vraisemblablement guidé, selon lui, sa nomination.

Engagement pour l’éducation des enfants défavorisés de l’Andhra Pradesh

Né dans la pauvreté en 1961, Anthony Poola poursuit sa scolarité grâce aux missionnaires et entre dans les ordres en 1992, après une formation au séminaire de Bangalore. Après avoir obtenu un master en « soins de santé en milieu pastoral », à l’université de Loyola à Chicago entre 2003, il rentre en Inde et s’engage dans de nombreuses associations au service de la jeunesse et des personnes âgées, tout en remplissant ses fonctions de jeune prêtre. Nommé évêque de Kumool (état de l’Andhra Pradesh) par Benoît XVI en 2008, il devient archevêque d’Hyderabad en 2020.

Dans une interview avec le site d’information catholique Aleteia, il avoue n’avoir « jamais pensé devenir cardinal un jour, ni même évêque ». Il raconte d’ailleurs avoir cru à une « fake news » lorsque des amis l’appellent pour le féliciter de sa nomination après l’annonce du pape François.

Décrit par ses proches comme « travailleur », « modeste », avec un « amour particulier pour les pauvres », le nouveau cardinal est fermement engagé pour l’éducation des enfants défavorisés de sa région, l’Andhra Pradesh, l’une des plus pauvres de l’Inde, qui concentre une importante population catholique.

Ces dernières années, plusieurs groupes de militants Dalit ont mené des actions pour dénoncer la discrimination dont ils sont victimes et obtenir plus de droits dans la société indienne, notamment le droit aux quotas de représentation politique, réservés aux citoyens dalits de religion hindoue. Certaines paroisses et prêtres catholiques ont soutenu ces actions, défilant même lors du Dalit Liberation Day aux côtés des associations.

La nomination de Mgr Anthony Poola, premier cardinal dalit, est interprétée par les observateurs du Vatican comme une illustration de la volonté du pape François d’« aller vers les périphéries », au sens géographique et social. Il s’agirait aussi de mettre en place un collège de cardinaux électeurs qui partagent sa vision du monde et du futur rôle de l’Eglise, afin de préparer son éventuelle succession.

(EDA / Carol Isoux)


CRÉDITS

Ucanews