Eglises d'Asie – Corée du sud
À Rome, le président Moon prie pour la paix en Corée
Publié le 19/10/2018
Le président sud-coréen Moon Jae-in s’est rendu au Vatican les 17 et 18 octobre, afin de rencontrer le pape François et de transmettre ses vœux de paix pour la péninsule coréenne. Il a pris part, le 17 octobre, à une messe célébrée en la basilique Saint-Pierre pour la paix en Corée, présidée par le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège. Le président était accompagné de son épouse, d’une délégation de fidèles coréens, de plusieurs centaines de prêtres et missionnaires, ainsi que de quelques évêques et représentants du corps diplomatique du Saint-Siège. Le lendemain, 18 octobre, il a rencontré le pape François en audience privée. Ce dernier a confié qu’il était prêt à se rendre en Corée du Nord.
Le pape François lors de sa rencontre du 18 octobre avec le président sud-coréen Moon Jae-in lors d’une audience privée, a confié qu’il était prêt à se rendre en Corée du Nord. Le leader nord-coréen Kim Jong-un avait demandé au président Moon de transmettre au pape son invitation. Selon Yonhap, l’agence de presse coréenne, le porte-parole du président Moon a déclaré aux médias que le pape était prêt à accepter « si une invitation officielle arrive ». Lors de sa rencontre avec le président Moon, le pape a salué les efforts du dirigeant pour défendre la paix dans la péninsule coréenne. « Avancez sans vous arrêter. N’ayez pas peur », a confié le pape au président Moon, selon l’agence Yonhap. Dans un communiqué publié après la rencontre, le Vatican a déclaré que le pape François et le président Moon ont échangé sur le rôle de l’Église pour défendre « le dialogue et la réconciliation entre les Coréens ».
« Une profonde estime a été exprimée pour l’engagement mutuel pour soutenir toutes les initiatives utiles pour dépasser les tensions qui existent encore dans la péninsule coréenne, afin d’instaurer une nouvelle période de paix et développement », a soutenu le Vatican. Accueillant le président Moon à l’entrée de la bibliothèque apostolique vaticane, le pape a déclaré : « Bienvenue ! C’est un plaisir de vous voir. » « Je suis venu ici en tant que chef de l’État sud-coréen, mais je suis aussi catholique et mon nom de baptême est Timothée. Et pour moi, c’est un honneur de vous rencontrer », a répondu le président Moon. Le dirigeant sud-coréen a également remercié le pape d’avoir pris le temps de le rencontrer malgré son emploi du temps chargé durant le Synode des évêques. Selon le bureau de presse du Vatican, le président Moon et le pape François ont échangé en privé durant plus de trente minutes, à l’aide d’un interprète, le prêtre coréen Han Hyun-taek. Après la rencontre privée, Moon Jae-in a présenté au pape la sculpture d’un artiste coréen, représentant le visage du Christ orné d’une couronne d’épines. Les épines, a expliqué le président, « sont les souffrances du peuple coréen ». Parmi les cadeaux que le pape a offerts au président Moon se trouvaient un médaillon scindé en deux et réuni par un olivier, « un symbole de paix dans la péninsule coréenne ». Avant de partir, Moon Jae-in a une nouvelle fois remercié le pape de l’avoir accueilli : « Vous n’êtes pas seulement le chef de l’Église catholique, vous êtes aussi un enseignant pour l’humanité. » « Je vous souhaite le meilleur dans votre travail pour la paix », a répondu le pape.
« Nos prières deviendront réalité, c’est une certitude »
La veille de la rencontre, le 17 octobre, le président Moon avait participé à une messe célébrée pour la paix dans la péninsule coréenne, présidée par le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège. En s’adressant à l’assemblée présente, le président a déclaré que la signature historique de la Déclaration commune de Pyongyang entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, ainsi que leur engagement pour mettre fin à des décennies de confrontation militaire, traçaient « la voie d’un noble effort qui permettra d’assurer la paix future pour la péninsule coréenne et pour le monde entier ». « En ce moment, dans la péninsule coréenne, des changements historiques et réconfortants sont en train de se dérouler », s’est-il réjoui. Le dirigeant a également remercié le pape François pour avoir béni « notre cheminement vers la paix » et pour « marcher à nos côtés par ses prières ». « Nos prières aujourd’hui deviendront réalité, c’est une certitude. Nous parviendrons à édifier sans faute la paix et à dépasser les divisions », a-t-il ajouté. Durant son homélie, le cardinal Parolin a confié que la paix offerte par le Christ à ses disciples après sa résurrection est la même paix qui est offerte aux hommes et aux femmes « qui cherchent la vraie vie et la joie parfaite ».
La première lecture était tirée du livre du Deutéronome – dans lequel Dieu promet de rassembler le peuple d’Israël dispersé : « Serais-tu exilé au bout du monde, là même le Seigneur ton Dieu ira te prendre, et il te rassemblera » (Dt 30, 4) Ce passage, a assuré le cardinal Parolin, reflète les perspectives de paix entre les deux Corées. « La sagesse des Écritures nous fait comprendre que seuls ceux qui ont expérimenté le mystère insondable de l’absence apparente de Dieu face à la souffrance, à l’oppression et à la haine, peuvent comprendre pleinement ce que cela veut dire d’entendre à nouveau résonner le mot paix », a poursuivi le cardinal. Le Secrétaire d’État du Saint-Siège a souligné que même si la paix est construite chaque jour grâce aux engagements envers la paix et la solidarité ainsi que par la protection de la dignité humaine et des droits de l’homme, c’est avant tout un don de Dieu qui « n’est pas une idée distante et abstraite mais une expérience vécue concrètement dans notre vie quotidienne ». La paix que Dieu propose, a-t-il ajouté, « n’est pas le fruit d’un simple compromis », mais elle implique « toutes les dimensions de la vie, même celles qui restent mystérieuses comme la croix et les souffrances inévitables de notre pèlerinage terrestre ». « La foi chrétienne », a confié le cardinal Parolin, « nous apprend que la paix sans la croix n’est pas la paix de Jésus ».
De son côté, le président Moon a rappelé, dans son discours, l’évolution étonnante de la situation en Corée depuis quelques mois. « En ce moment, dans la péninsule coréenne, des changements historiques sont en train de se dérouler », s’est-il réjoui. Il est également revenu sur les mouvements populaires qui se sont tenus durant l’hiver 2017 à Séoul : « Le chemin de la paix a été ouvert par la révolution des bougies qui est devenue la force motrice d’un revirement miraculeux. […] Ainsi qu’il est écrit dans le livre des Psaumes, amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent, aujourd’hui dans la péninsule coréenne. Les prières que nous avons offertes pour la paix résonneront dans les cœurs des habitants des deux Corées et de tous ceux qui désirent la paix. Ce sera source d’une grande force pour notre peuple. »
(Avec Ucanews et Asianews)