Eglises d'Asie – Philippines
Le président philippin s’engage à se focaliser davantage sur la réhabilitation des drogués
Publié le 27/07/2023
Le 25 juillet, après presque 13 mois à la tête du gouvernement philippin, le président Ferdinand Marcos Jr a donné son deuxième discours annuel sur l’état de la Nation, dans lequel il a déclaré vouloir donner un « nouveau visage » à la « guerre contre la drogue » du gouvernement en se concentrant « sur la réhabilitation ». Cette « guerre », lancée par son prédécesseur Rodrigo Duterte, a causé de nombreuses victimes, décédées ou marquées à vie, en particulier parmi les toxicomanes et petits dealers. Pour le président, Marcos Jr, la répression anti-drogue doit s’accompagner d’efforts importants en faveur de la réhabilitation des drogués.
Par ailleurs, il a expliqué que selon lui, adopter une mesure ferme contre les dealers et les trafiquants n’est pas suffisant et qu’il faut également agir contre des éléments au sein de l’appareil d’État, qui ont aggravé la situation de la toxicomanie dans le pays, en particulier parmi les groupes les plus défavorisés de la population philippine. En janvier dernier, il avait déjà évoqué cela quand un millier de policiers avaient dû démissionner à cause de leur implication dans le trafic de drogue. Bien que le nombre exact de policiers qui ont dû partir reste incertain, Marcos Jr a annoncé ce mardi avoir accepté la démission de trois membres de l’état-major de la police et de 15 hauts gradés.
La drogue affecte près d’1,8 million de Philippins
Au total, près de 350 000 personnes ont été arrêtées depuis que l’ex-président Duterte a lancé sa guerre contre la drogue en juillet 2016. L’ancien dirigeant s’était engagé à réprimer la toxicomanie durant sa campagne électorale, dans une société exaspérée par l’addiction à la drogue, largement répandue, et par l’immunité apparente des personnes impliquées. Selon les chiffres officiels, presque 7 000 personnes sont décédées dans le cadre de cette campagne anti-drogue, dont 350 depuis début 2023. Les chiffres réels seraient peut-être trois fois plus élevés selon des sources indépendantes.
Pourtant, malgré la répression et la coopération internationale et malgré les actions contre la production de narcotiques et les trafics, la drogue continue d’être facilement accessible dans la société philippine. Par ailleurs, la politique de Marcos Jr reste dans la lignée de celle de Duterte et de son père, l’ancien dictateur Ferdinand Marcos. Ainsi, il y a quelques jours, il a réaffirmé que son administration ne coopérerait pas avec l’enquête lancée par la Cour pénale internationale contre Duterte.
Cependant, sans renoncer à l’emploi de la force, il a souligné que la lutte contre la drogue – un fléau qui affecterait près d’1,8 million de Philippins – doit se concentrer sur l’éducation et la réhabilitation des toxicomanes. Cette « nouvelle direction » prise par le gouvernement n’a pas convaincu les groupes de défense des droits de l’homme. Pour Cristina Palabay, membre de l’ONG Karapatan, « ce visage soi-disant nouveau de la campagne de Marcos contre la drogue ne fait que répéter des vieilles rengaines ». Selon elle, cela ne veut rien dire dans le contexte des exécutions extrajudiciaires qui se poursuivent et du désintérêt du président actuel vis-à-vis de la justice pour les victimes.
(Avec Asianews)