Eglises d'Asie – Inde
Le prix Niwano de la paix décerné à un Indien pour sa défense des marginalisés
Publié le 18/02/2023
Le 16 février, la fondation Niwano pour la paix (Niwano heiwa zaidan) a annoncé que la 40e édition du prix Niwano de la paix (Niwano heiwa sho), considéré comme le « Prix Nobel des religions », mettra à l’honneur le militant indien Rajagopal P.V.
Ce dernier s’est battu durant les cinquante dernières années pour les droits des plus pauvres et des marginalisés en s’inspirant des méthodes non-violentes de Mahatma Gandhi en Inde. L’annonce a été faite ce jeudi à Tokyo. Le prix, qui comprend une médaille et un chèque de 20 millions de yens (139 420 euros), sera présenté lors d’une cérémonie qui aura lieu le 11 mai.
La fondation japonaise Niwano a été créée en 1978 par Nikkyo Niwano (1906-1999), afin de célébrer le 40e anniversaire de l’association bouddhiste Rissho Kosei-kai qu’il avait fondée. Il a été l’un des rares observateurs non-chrétiens au Concile Vatican II.
Le prix annuel est décerné depuis 1983 à une personnalité ou un groupe travaillant au service de la compréhension mutuelle et de la coopération entre les différentes cultures et religions à un niveau continental, ou en reconnaissance d’un travail social ou d’un engagement en faveur de la paix, des droits de l’homme et du développement, basé sur une conviction religieuse.
La fondation Niwano a expliqué son choix en saluant le combat de Rajagopal « pour la reconnaissance de l’égale dignité humaine de chaque homme et de chaque femme, sans distinction de caste ou de genre, qui suscite une grande admiration ».
Son mouvement est parvenu à assurer les droits territoriaux d’environ 500 000 familles
Selon l’organisation, Rajagopal a notamment négocié la capitulation et la réhabilitation de gangs. Il a aussi cherché à éduquer la jeunesse au service des pauvres, et sachant que les plus démunis ont particulièrement besoin d’eau, de terres et de forêts, il s’est engagé à prendre soin de l’environnement.
Né au Kerala le 6 juin 1948 dans une famille qui lui a enseigné les principes non-violents défendus par Gandhi, Rajagopal choisi d’utiliser seulement son prénom en public afin d’éviter d’être identifié à une caste en particulier. Il a commencé son travail social dans la vallée de Chambal, au Madhya Pradesh, en se consacrant aux enfants des dacoïts (des bandes armées organisées issues des sections les plus marginalisées de la population indienne).
À travers son travail, il a négocié la réinsertion de certains de ces groupes dans la société, tout en initiant des programmes d’engagement national pour la jeunesse au service des plus pauvres. Un point essentiel de ces efforts a été la fondation, en 1991, du « Forum de l’Unité » (Ekta Parishad) – une coordination de différentes réalités destinée à promouvoir de manière non-violente le droit territorial et la dignité des communautés les plus marginalisées.
Dans l’esprit de la philosophie de Gandhi, cela signifie que ce combat est passé par de longues marches en présence de plusieurs milliers de personnes. En collaboration avec d’autres groupes, le mouvement fondé par Rajagopal est parvenu à assurer les droits territoriaux d’environ 500 000 familles et à faire voter une loi sur les droits forestiers (Forest Rights Act), une loi essentielle pour les droits des populations tribales en Inde.
« La paix reste insaisissable, mais elle est toujours impérative »
« Dans beaucoup de régions du monde, les gens n’ont pas assimilé avec sérieux l’idée de la non-violence. Ils pensent que la guerre et la violence sont des moyens pour atteindre la paix », a expliqué Rajagopal dans un message en acceptant le prix. « À cette étape de l’histoire, nous voyons combien la paix entre les hommes et avec la nature reste insaisissable, mais elle demeure pourtant impérative », a-t-il poursuivi.
« Il y a les problèmes de la course aux armements, la crise climatique, la pauvreté persistante et les discriminations. Avec l’arrivée des réseaux sociaux et des technologies de l’information, il y a aussi des lieux marqués par des divisions insurmontables et une méfiance grandissante. Je félicite la fondation Niwano parce qu’elle continue de défendre la paix, d’identifier des personnes à travers le monde chaque année et de les encourager à aller de l’avant malgré tous ces problèmes. »
Le lauréat du prix Niwano est sélectionné à partir de nombreuses propositions dans le cadre d’un processus comprenant près de 600 individus et organisations représentants 125 pays et différentes religions.
(Avec Asianews)