Eglises d'Asie

Le rapport annuel de l’ONG Freedom House signale le recul de la démocratie et des libertés politiques en Asie

Publié le 07/03/2020




Selon le nouveau rapport de l’ONG Freedom House, une organisation basée à Washington qui étudie l’étendue de la démocratie dans le monde, les libertés politiques sont en recul dans plusieurs pays d’Asie. L’organisation, qui pointe un recul global de la démocratie dans le monde, cite en particulier la guerre civile et la fuite des Rohingyas en Birmanie, le nationalisme hindou en Inde, la répression des Ouïgours et des minorités religieuses en Chine, et le vote d’une nouvelle loi anti-fake news par Singapour, jugée abusive. La Thaïlande, avec le coup d’État de 2014 puis quatre années de régime militaire, est également visée par le rapport annuel, qui cite aussi les longs mois de la contestation hongkongaise, peu écoutée malgré la réussite de l’opposition lors des élections locales de novembre.

Une manifestation pour les droits des minorités indigènes dans l’État de Jharkhand, en juillet 2019.

Seulement huit mois après les dernières élections présidentielles et parlementaires birmanes, organisées tous les cinq ans, le pays a été jugé sévèrement par l’ONG Freedom House, une organisation basée à Washington, dans son rapport annuel sur la démocratie – surtout en raison de l’escalade des violences, alors que la guerre civile se poursuit. Au cours de l’année dernière, les combats se sont intensifiés entre la Tatmadaw (nom officiel de l’armée birmane) – soutenue par le gouvernement civil dirigé par la Conseillère d’État Aung San Suu Kyi – et l’Armée d’Arkan (AA) (un groupe armé bouddhiste indépendant). « La Birmanie a été dégradée en raison des conflits armés qui se sont intensifiés entre l’armée et les groupes rebelles. De plus, les membres de la minorité rohingya qui sont toujours dans le pays après des années de persécutions et d’expulsions massives sont toujours exposés au risque de génocide, selon les enquêteurs de l’ONU », précise le rapport, qui décrit une situation générale plutôt sombre, en signalant que le monde devient globalement moins démocratique, et en citant une évolution inquiétante dans plusieurs pays, notamment en Inde, en Thaïlande, en Chine et à Singapour. « Le nombre de pays en déclin [selon le classement du rapport en terme de libertés] dépasse ceux qui ont progressé au cours des 14 dernières années », selon l’organisation. En Birmanie, les États Chin et Arakan (Rakhine) constituent un second front majeur pour l’armée birmane, en plus des conflits dans les États Kachin et Shan, dans le nord du pays. Rien que cette semaine, le conflit a entraîné onze morts, élevant le bilan à près de cent décès au cours des trois dernières années. Les violences ont également entraîné au moins 130 000 déplacés internes en trois ans, selon les médias locaux, aggravant la situation en Arakan, déjà tendue avec la fuite massive des musulmans rohingyas suite à la répression militaire de 2017. Le gouvernement a également restreint l’accès à internet dans plusieurs zones de la région.

L’Inde, la Thaïlande et la Chine dans le viseur

Singapour a également été cité par le rapport de Freedom House, pour avoir voté une loi sur les fake news « qui a été rapidement utilisée pour faire taire l’opposition et d’autres critiques du gouvernement au pouvoir », selon l’organisation. Pour le rapport annuel, le pays qui a le plus reculé en terme de démocratie au cours des dix dernières années est la Thaïlande, après le coup d’État de 2014 puis quatre ans de régime militaire par la junte au pouvoir. Les élections de l’an dernier n’ont fait que maintenir au pouvoir les militaires et le Premier ministre Prayut Chan-o-Cha – responsable du coup d’État de 2014. Le rapport annuel évoque aussi en longueur la situation de l’Inde, considérée comme la plus grande démocratie au monde en terme de population, mais exposée aux persécutions religieuses et au nationalisme hindou. « Presque depuis le début du nouveau millénaire, les États-Unis et leurs alliés ont considéré l’Inde comme un partenaire stratégique potentiel et un contrepoids démocratique contre la Chine, dans le bassin indopacifique. Toutefois, le gouvernement indien s’est écarté de façon inquiétante des normes démocratiques sous le Premier ministre Narendra Modi et son parti du Bharatiya Janata Party », signale le rapport. « Malgré la réussite des élections du printemps dernier, le BJP s’est éloigné des valeurs fondatrices indiennes de pluralisme, sans lesquelles la démocratie ne peut pas survivre longtemps. Plusieurs des voisins de l’Inde ont également persécuté les minorités religieuses durant des années. Mais au lieu de défendre ses valeurs et de les répandre à l’étranger, l’Inde a plutôt régressé en termes de libertés individuelles », affirme Freedom House, dont le rapport évoque également les manifestations pro-démocratie à Hong-Kong, bien qu’en retrait depuis le début de l’épidémie du coronavirus. L’organisation déplore le refus de Pékin d’écouter les manifestants et leurs demandes, malgré une large victoire de l’opposition lors des élections parlementaires hongkongaises de novembre dernier. Le rapport de l’organisation londonienne vise également le traitement des musulmans ouïgours et des autres minorités chinoises par Pékin, ainsi que les persécutions religieuses qui se poursuivent dans le pays.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews