Eglises d'Asie – Indonésie
Le renouveau de la crèche dans l’Église indonésienne, inspirée par la lettre Admirabile Signum
Publié le 21/12/2019
La tradition de la crèche, qui tendait à disparaître en Indonésie depuis quelques années, est de retour non seulement dans les paroisses et les communautés religieuses, mais aussi dans les foyers catholiques. Le consumérisme et les achats de Noël avaient, depuis quelques temps, chassé cette tradition simple mais forte, et le véritable témoignage de foi qu’elle véhicule. Dans les boutiques et les centres commerciaux, le père Noël et les sapins avaient remplacé la crèche comme nouveaux symboles de la naissance du Christ, et surtout comme moyens d’attirer davantage de clients. Toutefois, cette année, il s’est passé quelque chose d’inattendu, qui a renversé cette tendance et qui a donné une nouvelle chance aux crèches et aux santons : la publication de la lettre apostolique Admirabile signum (Le merveilleux signe de la crèche) par le pape François, le 1er décembre dernier. Cette lettre a suscité l’enthousiasme des catholiques indonésiens à propos d’une tradition presque perdue dans le pays. Depuis sa publication, la lettre a été partagée en long et en large et mise au premier plan par l’Église locale. Il y a quelques jours, la Conférence des évêques d’Indonésie (KWI) en a publié une traduction via son Département documentation et information. Dans les années 1970 et 1980, les familles catholiques de Java central avaient l’habitude de représenter les scènes de la Nativité et de l’Adoration des Mages dans leurs maisons. Les parents et les enfants utilisaient des matériaux simples, comme du vieux papier, ainsi que de l’herbe et de la terre qu’ils ramassaient au bord des rivières. Une fois le décor de la grotte de la Nativité installé, des statuettes de plusieurs personnages de la crèche étaient placés.
Pour les fidèles indonésiens, ce n’était pas qu’un jeu. Dans chaque paroisse, cette tradition suscitait une forte solidarité entre les jeunes et encourageait les parents à partager leur foi, à communiquer aux autres l’amour de Dieu envers l’humanité, manifesté à travers la naissance de l’Enfant Jésus dans une mangeoire. Cette année, de nombreuses communautés catholiques indonésiennes ont été inspirées par la lettre Admirabile signum. Parmi elles, une paroisse de Cawas, dans le district de Klaten à Java central. Le père Joko Purwanto, curé de la paroisse, confie que sa communauté est en train de monter la crèche dans l’église. « Nous travaillons sur ce projet le soir, une fois que les fidèles sont rentrés du travail et qu’ils ont un peu de temps », explique-t-il. L’église de Nanga Mahap, un village situé à près de huit heures de route de Pontianak, la capitale de la province du Kalimantan occidental (sur l’île de Bornéo), a fait de même, comme le raconte sœur Ludovika, religieuse Augustinienne de la Divine miséricorde (OSA), et qui précise que la paroisse doit d’ailleurs achever de préparer la crèche avant Noël. De son côté, sœur Maria Seba, une religieuse de Singkawang, confie que « même à Balai Karangan, où je suis née, nous faisons la crèche ». De même à Entikong, dans le Kalimantan occidental, dans une paroisse située tout près de la frontière bordant l’État malaisien de Sabah. Ici, explique sœur Ayu Kristina, « les gens travaillent dur aux préparatifs dans l’église ». Ce nouvel intérêt pour la crèche, manifesté par les catholiques indonésiens, a également un fort impact sur la production et la vente des santons. Dans le passé, dans le pays, ceux-ci étaient façonnés par les artisans des villages situés autour de la paroisse de Promasan, à Yogyakarta dans l’île de Java, où se trouve le sanctuaire catholique de Sendangsono (considéré comme le « Lourdes » indonésien). Depuis les années 1980, de nombreux artisans fabriquent des santons partout dans le pays.
(Avec Asianews, Jakarta)
Crédit : Rantemario / CC BY-SA 4.0