Eglises d'Asie

Le synode de l’Église syro-malabare nomme une délégation face aux conflits liturgiques

Publié le 13/01/2023




Alors que les conflits liturgiques, présents dans l’Église catholique syro-malabare depuis des décennies, se sont envenimés ces derniers mois dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly (au Kerala, dans le sud de l’Inde), le synode de l’Église syro-malabare a envoyé une délégation de cinq évêques afin d’échanger avec des représentants du clergé local et des laïcs. Ces derniers refusent la réforme liturgique adoptée à l’unanimité par le synode et approuvée dans 34 diocèses syro-malabars sur 35.

L’archevêché d’Ernakulam-Angamaly, à Kochi, capitale commerciale de l’État indien du Kerala.

L’Église catholique syro-malabare, une Église orientale établie à l’origine au Kerala puis étendue à toute l’Inde, a initié un processus de dialogue afin de tenter de résoudre des désaccords liturgiques internes dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly, qui durent depuis des décennies et qui ont conduit à un véritable conflit entre la hiérarchie de l’Église syro-malabare, soutenue par le Vatican, et une majorité des prêtres et des laïcs du diocèse.

Le 10 janvier, une délégation de cinq évêques syro-malabars, dont Mgr Joseph Pamplany, archevêque métropolitain de l’archidiocèse de Tellicherry (au Kerala, dans le sud de l’Inde), a organisé de longs échanges à huis clos avec des représentants du clergé et des fidèles de l’archidiocèse (dont le siège épiscopal est celui du cardinal George Alencherry, archevêque majeur de l’Église syro-malabare).

Un grand nombre d’entre eux revendiquent leurs traditions liturgiques orientales contre un rite plus « latinisé » et uniformisé. Ils s’opposent à une réforme liturgique votée à l’unanimité en 1999 par le synode des évêques de l’Église syro-malabare. Aujourd’hui, la réforme est acceptée dans 34 diocèses sur 35 sauf dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly, où les prêtres refusent de célébrer la messe « tournée vers l’est ou vers l’autel » plutôt que « face à l’assemblée », selon le compromis qui avait été adopté.

Le synode des évêques syro-malabars en session du 7 au 15 janvier

« Les premiers échanges ont été fructueux, hormis quelques points de désaccord », explique une source anonyme. Les différends évoqués portent sur la demande de retrait de l’administrateur apostolique nommé par le Vatican, Mgr Andrews Thazhath, et la réinstallation de Mgr Antony Kariyil, ancien vicaire métropolitain d’Ernakulam-Angamaly, ainsi que sur le fait de permettre aux évêques et aux prêtres en visite de célébrer la messe dans l’archidiocèse telle qu’elle a été approuvée par le synode de l’Église orientale.

Ce dernier, qui est actuellement en session (du 7 au 15 janvier), a nommé la délégation épiscopale en vue de trouver une solution à ce conflit liturgique qui s’envenime et qui scandalise toute l’Église catholique en Inde depuis des mois.

La situation s’est intensifiée en particulier en août 2021, quand le synode syro-malabar a décidé d’imposer la version uniformisée de la messe dans l’ensemble des 35 diocèses syro-malabars, avec l’appui du pape François. Une décision qui a été majoritairement soutenue sauf à Ernakulam-Angamaly, où le clergé et les fidèles continuent de montrer leur opposition, y compris avec des manifestations et des tensions publiques.

Les tensions se poursuivent malgré les tentatives de la délégation

L’été dernier, le Vatican avait dû intervenir en nommant Mgr Thazhath comme administrateur à la place de Mgr Kariyil. La nomination de Mgr Thazhath a empiré la situation quand il a ordonné unilatéralement aux prêtres d’adopter la liturgie approuvée par le synode.

Des prêtres et des laïcs ont boycotté l’administrateur apostolique et l’ont même empêché d’entrer dans l’archevêché et d’autres institutions ecclésiales, le forçant à demander une protection policière et à faire appel à la Haute Cour du Kerala. Par ailleurs, en décembre, des tensions entre des soutiens de Mgr Thazhath et des paroissiens ont entraîné la fermeture de la cathédrale Sainte-Marie.

Les cinq membres de la délégation épiscopale ont abordé ces questions avec cinq prêtres et cinq laïcs représentant l’archidiocèse. « Les délégués des prêtres et des laïcs ont refusé toute forme d’interaction avec l’administrateur apostolique et ont demandé son retrait au synode », précise la source.

Les évêques ont assuré qu’ils considéreraient leur demande tout en leur demandant d’autoriser les évêques et les prêtres d’autres diocèses de célébrer la messe selon la réforme liturgique du synode. Cette demande a également essuyé un refus sous le prétexte que « les visiteurs suivent la tradition liturgique locale, et non la leur ».

L’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly est le deuxième plus grand diocèse de l’Inde, avec plus d’un demi-million de catholiques, ce qui représente environ 10 % de l’ensemble des membres de l’Église catholique syro-malabare.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews