Eglises d'Asie

L’éducation catholique indonésienne dénonce un projet de loi proposant d’imposer les écoles

Publié le 16/06/2021




Le 13 juin lors d’un séminaire en ligne, le père Vinsensius Darmin Mbula, franciscain et directeur du Conseil national de l’éducation catholique, a protesté contre un projet de loi du ministère des Finances, qui prévoit d’imposer de nouveaux impôts sur les services éducatifs. La proposition, présentée au Parlement, s’inscrit dans le cadre d’une réforme du droit fiscal indonésien, destinée à soutenir les efforts du gouvernement pour relever le pays de la crise économique provoquée par la crise sanitaire. Plusieurs organisations islamiques ont également dénoncé le projet de loi.

L’école primaire catholique du Bon Pasteur d’Abepura (province indonésienne de Papouasie, 2018).

Plusieurs groupes catholiques indonésiens ont critiqué un projet de loi qui prévoit d’imposer une taxe sur les services éducatifs. Selon le gouvernement, cela aurait pour but de soutenir les efforts économiques entrepris dans le pays contre la crise provoquée par le Covid-19. Avec la proposition du ministère des Finances au Parlement indonésien, qui amenderait la loi fiscale de 1983, les services éducatifs indonésiens ne seraient plus exonérés d’impôts. Le père Vinsensius Darmin Mbula, franciscain et directeur du Conseil national de l’éducation catholique en Indonésie, a dénoncé le projet de loi lors d’un séminaire en ligne organisé le 13 juin, en présence d’administrateurs d’écoles catholiques et de représentants du ministère des Finances. Le prêtre a soutenu qu’il était impossible d’appliquer la proposition de loi aux écoles catholiques, qui sont à but non lucratif.

« Les écoles catholiques sont une forme de service d’Église, et elles sont gérées de manière à servir la mission du gouvernement concernant l’éducation nationale », a ajouté le père Vinsensius Mbula. Il a également souligné que le statut financier des écoles catholique est varié et que même si certaines écoles s’en sortent mieux sur ce plan, le surplus éventuel est toujours redistribué aux écoles avec moins de moyens. « Cela fait partie des principes de solidarité et de subsidiarité qui sont appliqués au sein de l’éducation catholique. Si des taxes sont imposées, cela aura un contrecoup négatif, en particulier sur les écoles plus modestes, d’autant plus que beaucoup d’entre elles ont subi les conséquences de la pandémie », a insisté le prêtre.

Protestations des deux plus grandes organisations islamiques du pays

Des voix se sont également élevées contre le projet de loi du côté des organisations islamiques indonésiennes. Arifin Junaidi, du mouvement Nahdatul Ulama – la plus grande organisation musulmane en Indonésie, qui contrôle 21 000 écoles –, a ainsi expliqué que la plupart de ces établissements sont éloignés et situés dans des régions défavorisées, où les frais de scolarité sont faibles. « Pour être capable de payer les enseignants et les autres membres du personnel, se sera encore plus difficile si ces écoles doivent en plus subir le poids des impôts », a-t-il protesté. Haedar Nasir, président du mouvement Muhammadiyah – la seconde organisation islamique du pays –, a ajouté que le projet de loi du ministère des Finances est anticonstitutionnel. Il a rappelé que la Constitution indonésienne stipule que chaque citoyen bénéficie du droit à l’éducation, que celle-ci est obligatoire pour tous les citoyens et que le gouvernement doit financer l’éducation.

Le 13 juin durant le séminaire en ligne, Yustinus Prastowo, conseiller de Sri Mulyani Indrawati, ministre des Finances indonésiens, a déclaré que le projet de loi doit être débattu par la Chambre basse du Parlement, et qu’il ne sera pas appliqué dans un avenir proche. Il a ajouté qu’il a été préparé dans le cadre d’une réforme des impôts, destinée à faire contribuer tous les secteurs au rétablissement économique du pays. Yustinus Prastowo a également souligné que le pays a besoin de se désendetter. Il a précisé que d’autres secteurs exonérés d’impôts vont aussi perdre ce statut. Il a toutefois expliqué que l’application de ces nouvelles taxes ne sera pas uniforme, et qu’il y aura des exceptions, y compris au sein du secteur éducatif, étant donné qu’il s’agit d’un secteur social et non lucratif. « Le gouvernement va réfléchir aux paramètres à prendre en compte pour cela », a-t-il poursuivi.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ryan Dagur / Ucanews