Eglises d'Asie – Singapour
L’Église à Singapour se joint au gouvernement et aux géants d’Internet contre la radicalisation en ligne
Publié le 02/07/2021
Le 26 juin, l’Église catholique à Singapour s’est jointe à un projet pilote du ministère de la Culture, de la Communauté et de la Jeunesse de la cité-État, lancé aux côtés des géants d’Internet comme Facebook, Google, Twitter et TikTok. Le projet a pour but de former les organisations communautaires et religieuses à l’utilisation des réseaux sociaux afin de mieux lutter contre la radicalisation en ligne. Le gouvernement local, préoccupé par le cyber-endoctrinement, a inauguré son programme samedi dernier. Celui-ci comprend trois ateliers organisés par plusieurs entreprises du secteur. Ils auront lieu entre juin et août, dans un effort d’aider les organisations religieuses et communautaires à Singapour à renforcer leur présence en ligne, et pour sensibiliser les internautes sur les contenus sensibles et radicaux. Parmi les participants au projet, on compte l’archidiocèse catholique de Singapour, le Conseil national des Églises de Singapour, la Fondation Taoïste et le Conseil des dotations hindoues (HEB). Alvin Tan, ministre d’État pour la Culture, la Communauté et la Jeunesse, souligne que la pandémie a poussé les gens à renforcer leur présence en ligne, en augmentant les risques d’exposition aux contenus radicaux sur les réseaux sociaux.
« Les réseaux sociaux ont aussi le pouvoir d’unir les gens »
« Même si les réseaux sociaux peuvent diviser les gens, ils ont aussi le pouvoir de les unir. Nos partenaires technologiques travaillent avec nous afin d’influencer positivement les espaces en ligne, afin que nous puissions favoriser des terrains d’entente entre nos communautés », a déclaré le ministre singapourien, en annonçant le lancement du projet. Les ateliers doivent aider les groupes religieux à sensibiliser les gens, en particulier les jeunes, en utilisant des réseaux sociaux comme Instagram ou TikTok pour les dissuader de regarder les contenus extrémistes, notamment à caractère racial ou religieux. Les participants aux ateliers apprendront également à signaler les contenus malveillants aux plateformes en ligne, et à organiser des discussions ouvertes sur ces sujets. Abbas Ali Mohamed Anas, un ambassadeur de la plateforme interreligieuse en ligne Roses for Peace, estime que cette initiative tombe à point nommé. « Sans conseils et informations adaptés pour naviguer sur ces espaces en ligne, on risque de voir davantage de radicalisation et de discours haineux parmi nos jeunes », averti Abbas, cité par Straits Times. « Nous devons renverser cette tendance en facilitant les échanges de manière responsable et en encourageant les messages de paix, d’amour et d’harmonie. »
Une population multiethnique et multireligieuse
Le projet pilote serait dû à plusieurs affaires rapportées récemment à Singapour. En janvier, un étudiant chrétien âgé de 16 ans a été arrêté pour avoir projeté une attaque contre deux mosquées le 15 mars, deux ans après les attaques terroristes survenues en Nouvelle Zélande. L’adolescent avait été influencé par l’idéologie d’extrême droite de l’Australien Brenton Tarran, auteur des attentats de Christchurch contre deux mosquées, le 15 mars 2019, qui ont fait 51 morts. En mars dernier, un soldat musulman singapourien âgé de 20 ans a également été arrêté pour avoir projeté des attaques à main armée contre des juifs. L’homme visait au moins trois juifs, qu’il projetait d’attaquer après leurs prières à la sortie d’une synagogue.
De tels cas d’autoradicalisation de jeunes sont sans précédents et représentent un choc pour les communautés multiethniques et multireligieuses de Singapour. La situation a poussé les autorités à faire des efforts contre l’endoctrinement en ligne. Clara Koh, responsable de la politique publique pour Singapour et l’Asean chez Facebook, affirme que le réseau social est engagé contre la radicalisation en ligne. « Je voudrais souligner fermement que la haine, l’intolérance et l’extrémisme n’ont aucune place sur Facebook. Ce n’est pas ce que nous voulons », a-t-elle déclaré durant la présentation du programme. « Nous croyons que les discours positifs peuvent faire rempart aux discours destructeurs. C’est pourquoi nous sommes ici pour aider les organisations communautaires à renforcer leurs appels et à construire des ponts en ligne. » Singapour, avec une population d’environ 5,6 millions d’habitants, est un pays multiethnique et multireligieux. La plupart des Singapouriens d’origine chinoise sont bouddhistes, et la plupart des Malaisiens sont musulmans. Les chrétiens représentent environ 15 % de la population.
(Avec Ucanews)
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