Eglises d'Asie

L’Église au Karnataka salue l’abrogation d’une loi anti-conversion par le gouvernement local

Publié le 17/06/2023




Le 15 juin, l’archevêque de Bangalore, Mgr Pierre Machado, a salué la décision du nouveau gouvernement de l’État du Karnataka qui vient d’annoncer l’abrogation d’une loi anti-conversion votée en septembre 2022. Le parti du Congrès a pris le relais à la tête de l’État en succédant au gouvernement pro-hindou BJP, chassé du pouvoir en mai dernier au Karnataka. Pour Mgr Machado, les lois anti-conversion et dans les autres États « alimentent le doute, la méfiance et la discorde entre les communautés ».

Le 12 avril 2023, des chrétiens manifestent à Mumbai contre la montée des violences contre les minorités et leurs lieux de culte.

Mgr Pierre Machado, archevêque de Bangalore, la capitale de l’État du Karnataka, dans le sud de l’Inde, a salué le gouvernement nouvellement élu du Karnataka pour sa décision d’abroger une loi anti-conversion controversée. « Je veux exprimer ma profonde gratitude et mon soulagement face à cette décision du gouvernement du Karnataka d’abroger la loi de 2022 [Karnataka Protection of Right to Freedom of Religion Act] », a déclaré l’évêque indien.

Sa réaction a été publiée quelques heures après le feu vert du cabinet d’État du ministre en chef du Karnataka, Siddaramaiah, qui a confirmé l’abrogation de la loi en question le 15 juin. Le gouvernement précédent du Karnataka, qui était dirigé par le parti pro-hindou du BJP (Bharatiya Janata Party), avait voté cette loi en septembre 2022 malgré les fortes objections des partis de l’opposition et des minorités locales, dont les communautés chrétiennes et musulmanes qui représentent respectivement 2 % et 13 % de la population du Karnataka, sur environ 64 millions d’habitants.

Une abrogation « nécessaire pour défendre les droits fondamentaux »

Les responsables des communautés minoritaires au Karnataka ont affirmé que la loi anti-conversion de 2022 servait d’outil qui permettait aux groupes pro-hindous de les cibler. Le BJP a été chassé du pouvoir dans l’État indien en mai dernier par l’assemblée régionale, et le parti du Congrès lui a succédé. Durant sa campagne électorale, le parti du Congrès a promis de défaire « toutes les décisions anticonstitutionnelles » mises en œuvre par le BJP, et la décision d’abroger la loi votée l’an dernier fait partie de cet engagement.

Selon Mgr Machado, qui faisait partie des principaux opposants à la loi anti-conversion, « la décision du cabinet répond aux revendications de plusieurs parties prenantes, dont les chrétiens », et elle était « nécessaire pour défendre les droits fondamentaux » garantis par la Constitution indienne. « Cela démontre que la législation en vigueur était non seulement au détriment de la liberté de religion des individus, mais aussi en contradiction directe avec les dispositions inscrites dans l’Article 25 de la Constitution indienne, qui garantissent la liberté de pratiquer, de proclamer et de propager toute religion dans une société diverse et pluraliste », a expliqué l’évêque le 15 juin dans un communiqué officiel.

« Les chrétiens continueront toujours d’être au service de tous, sans distinction »

L’archevêque de Bangalore a également assuré que « les chrétiens continueront toujours d’être au service de tous, sans distinction de caste et de croyance, en particulier auprès des plus pauvres et marginalisés ». Il a ajouté que les lois anti-conversion au Karnataka et dans les autres États indiens ont fortement augmenté les attaques contre les chrétiens, « car elles encouragent les groupes extrémistes à s’en prendre à nous sans crainte de représailles ». « Cela alimente le doute, la méfiance et la discorde entre les communautés. J’espère que les autres États suivront aussi dans cette lancée », a-t-il souhaité.

Onze États indiens, majoritairement dirigés par le BJP, ont voté des lois similaires sous le prétexte de contenir les conversions religieuses « forcées ». Dans de nombreux États, ces lois ciblent aussi les mariages interreligieux, en particulier entre les femmes hindoues ou chrétiennes et les hommes musulmans dans le cadre du « love jihad » (une campagne qui serait menée par des musulmans pour épouser et convertir des femmes hindoues).

Mgr Machado, qui a aussi participé à une pétition auprès de la Cour Suprême pour l’inciter à agir afin de mettre fin aux persécutions contre les chrétiens à travers le pays, a souligné que la décision d’abroger une loi injuste « contribuera à favoriser une atmosphère d’harmonie religieuse, de tolérance et de respect pour toutes les religions dans l’État ». La Cour Suprême doit également examiner d’autres pétitions dénonçant la constitutionnalité d’autres lois anti-conversion en Inde. Aujourd’hui, les chrétiens représentent environ 2,3 % de la population indienne sur environ 1,4 milliard d’habitants, pour presque 80 % d’hindous.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews