Eglises d'Asie

L’Église au Manipur lance un appel à l’aide et s’engage à défendre la paix

Publié le 18/05/2023




Le 14 mai, Mgr Lumon, archevêque d’Imhal, capitale du Manipur, a appelé à venir en aide aux milliers d’habitants toujours déplacés à cause des violences ethniques qui ont causé plus de 60 morts début mai. De nombreuses habitations et lieux de culte ont également été dévastés et détruits. Les tensions opposent la majorité Meitei, majoritairement hindoue, et la minorité Kiku, majoritairement chrétienne, dans ce petit État situé dans le nord-est de l’Inde, qui compte près de 3,2 millions d’habitants.

Une église catholique au Manipur en janvier 2021. L’Église locale a demandé de l’aide pour les habitants toujours déplacés à cause des violences de début mai.

L’Église catholique au Manipur, dans le nord-est de l’Inde, a lancé un appel à l’aide alors que plus de 45 000 habitants sont toujours hébergés dans des camps humanitaires. Selon Mgr Dominique Lumon, archevêque d’Imhal, capitale de l’État du Manipur, les réfugiés ont besoin de nourriture et de vêtements, entre autres besoins fondamentaux. Dans son message, publié le 14 mai, il se dit « peiné, attristé et par-dessus tout inquiet » de la situation et de leurs souffrances.

Les violences ethniques qui ont commencé le 3 mai ont causé près de 60 morts, sans compter les habitations incendiées et pillées, les lieux de culte détruits et le déplacement forcé de plusieurs milliers de personnes, placées dans des casernes militaires et des camps humanitaires. « Les gens ont peur, ils sont perplexes, désespérés et désemparés », souligne l’évêque, qui insiste sur la nécessité de venir en aide à ceux qui ont perdu leurs maisons et leurs sources de revenus, afin qu’ils puissent tout reconstruire, car « beaucoup d’entre eux n’ont nulle part où aller ».

Au moins 1 700 habitations ainsi que près de 120 églises et autres institutions religieuses ont été endommagées par les violences au Manipur. Le père Varghese Velikakkam, vicaire général de l’archidiocèse d’Imphal, explique que la région est toujours sous tension. « Nous ignorons ce qu’il va se passer ensuite », ajoute-t-il. Le gouvernement a déclaré que l’État est revenu à la normale et que les couvre-feux et autres restrictions ont été levés. « Mais personnes ne sait combien de temps il faudra pour que les blessures se referment », estime le père Velikakkam.

« L’Église doit rester neutre et défendre la paix et l’unité »

Le père Solomon Thezii, chancelier diocésain, rappelle que près de 45 000 habitants sont toujours réfugiés, sans compter les villages dans les collines qui gèrent aussi des camps où vivent plusieurs milliers de déplacés. « Beaucoup de gens dans les camps et parmi ceux qui ont fui dans des États voisins sont désemparés face à l’avenir, parce que tous leurs biens ont brûlé et qu’ils n’ont plus de revenus. »

L’Église locale ajoute que les prêtres et les religieuses de l’ethnie Kuki ne peuvent se risquer hors de chez eux à cause des menaces des Meiteis. Les violences ethniques opposent la majorité Meitei (ou Manipuri), majoritairement hindoue, à l’ethnie Kuki, majoritairement chrétienne. Les Meiteis représentent 53 % de la population locale sur 3,2 millions d’habitants, et 40 élus sur 60 dans l’assemblée de l’État du Manipur en font partie. Ils sont également privilégiés sur le plan social et économique.

Les violences ont commencé quand l’ethnie Kuki s’est opposée à une proposition de classer les Meiteis comme Tribu répertoriée (Scheduled Tribe). Cela leur permettrait d’accéder à différents avantages sociaux, destinés à aider les groupes ethniques défavorisés et isolés en accordant des quotas d’emplois dans l’administration locale et des places dans les universités publiques – alors que la minorité Kuki estime qu’ils sont déjà avantagés au Manipur. « L’Église doit être prudente, évaluer la situation et éviter les décisions hâtives » dans ce contexte, avertit le père Velikakam, qui souhaite que la communauté catholique locale « reste neutre et défende la paix et l’unité ».

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews