Eglises d'Asie

L’Église coréenne appelle une nouvelle fois à abolir officiellement la peine capitale en Corée du Sud

Publié le 15/10/2021




Le 7 octobre dernier, un nouveau projet de loi spécial sur l’abolition de la peine de mort a été déposé au Parlement sud-coréen, pour la neuvième fois depuis le 7 décembre 1999. Depuis un moratoire sur les exécutions, toujours en vigueur et voté en 1998 par le président catholique Kim Dae-jung (prix Nobel de la paix 2000), la Corée du Sud est abolitionniste de facto. Mais la Commission justice et paix des évêques coréens pousse le gouvernement, avec d’autres organisations, à aller plus loin en supprimant officiellement la peine capitale dans le pays.

Un slogan en faveur de l’abolition de la peine capitale en Corée du Sud, au sanctuaire des martyrs coréens de Jeoldu-san.

La Commission pour la justice et la paix de la Conférence épiscopale sud-coréenne a exprimé, aux côtés de plusieurs groupes de défense des droits de l’homme, sa déception à propos de délais toujours repoussés concernant l’abolition officielle de la peine de mort, qui n’a toujours pas été prononcée au Parlement sud-coréen après plus de deux décennies. Un projet de loi spécial sur l’abolition de la peine de mort a été déposé à l’Assemblée nationale sud-coréenne le 7 octobre dernier, pour la neuvième fois depuis sa première proposition, le 7 décembre 1999. Seuls 30 parlementaires sur 300 ont apporté leur soutien au projet de loi, selon les médias locaux. Selon le Catholic Times of Korea, le sous-comité pour l’abolition de la peine de mort, qui dépend de la Commission épiscopale pour la justice et la paix, a appelé le gouvernement à faire passer le projet de loi et à abolir officiellement la peine capitale.

Pays abolitionniste de facto

La commission s’est jointe à la Conférence des religieux et à plusieurs ONG, qui ont publié un communiqué de presse afin de lancer un appel au gouvernement, le 10 octobre à l’occasion de la journée mondiale contre la peine de mort. « Le projet de loi a déjà été proposé huit fois dans le passé, mais toujours sans succès. Nous continuerons de travailler avec la société civile et les cercles religieux afin d’assurer que cette fois-ci, la loi spéciale passe l’Assemblée nationale », ont déclaré les responsables des organisations présentes, en remarquant que plusieurs études montrent que la peine capitale n’a aucune incidence sur la criminalité. « Même si la Corée du Sud est de facto un pays abolitionniste, puisqu’aucune exécution n’a eu lieu depuis de nombreuses années, il faudrait aller plus loin et le devenir légalement », ont-ils ajouté. Andrew Kim Duk-jin, membre du sous-comité, regrette que seuls quelques élus du Parlement aient soutenu le projet de loi. « Il faut qu’il passe cette fois-ci », insiste-t-il.

61 détenus dans le couloir de la mort

Selon les chiffres officiels du gouvernement sud-coréen, les dernières exécutions ont eu lieu en 1997, avec la pendaison de 23 détenus condamnés pour meurtre. Le président Kim Dae-jung, lauréat du prix Nobel de la paix, a voté un moratoire sur les exécutions en 1998, qui est toujours en vigueur aujourd’hui. Selon le groupe PGA (Parliamentarians for Global Action), basé à New York, la Corée du Sud a condamné une personne à mort en 2018, et 61 autres détenus sont toujours dans le couloir de la mort. La Corée du Sud, qui a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en 1990 (adopté en 1966 par l’Assemblée générale des Nations unies), doit encore ratifier le Deuxième protocole facultatif visant à abolir la peine de mort (adopté en 1989), précise le groupe PGA.

L’Union européenne et l’organisation Amnesty International ont adressé des lettres à la Cour constitutionnelle sud-coréenne, en soutenant l’abolition de la peine capitale. En 2018, une enquête de la Commission nationale pour les droits de l’homme a constaté que même si près de 80 % des répondants sud-coréens approuvaient la peine de mort, 70 % acceptaient de la remplacer par une peine alternative. L’administration du président Moon Jae-in, troisième dirigeant catholique du pays, continue d’hésiter à lever ou maintenir le moratoire sur les exécutions. En revanche, le 17 novembre 2020, la Corée du Sud a voté pour la première fois en faveur d’une résolution des Nations unies pour l’abolition de la peine de mort.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Catholic Times of Korea / Ucanews