Eglises d'Asie – Divers Horizons
L’Église dans le monde : la diplomatie vaticane à la lumière de Primo Mazzolari
Publié le 05/12/2018
M. le Directeur général adjoint de l’Unesco Qu Xing, excellences, mesdames et messieurs, chers amis, Je salue tous les participants au Congrès international sur « Le message et l’action pour la paix de don Primo Mazzolari (1890-1959) » et je vous remercie pour l’occasion qui m’est offerte d’apporter une contribution au Siège prestigieux de l’Unesco. […] Le contexte de l’Unesco et les réflexions du pape François sont une occasion heureuse et opportune pour reprendre aujourd’hui le message de paix de don Mazzolari et réfléchir sur la manière dont la pensée et l’action de ce prêtre peuvent nous aider tous à vivre notre époque avec courage et à contribuer à construire ce que le pape François appelle, à la suite de ses prédécesseurs, « la civilisation de l’amour, dans laquelle chaque personne est aidée non seulement à avoir davantage, mais à être davantage » (Jean-Paul II, Discours à l’Unesco, n. 14).

[…] La dure réalité de la guerre l’a aidé à comprendre qu’entre l’Évangile et la violence la distance est abyssale. Au cours des mois passés au cœur de l’Europe comme chapelain militaire, en Haute Silésie (Pologne), il réfléchit dans son journal, le 2 mars 1920 : « C’est seulement lorsque des peuples de races différentes sauront vivre ensemble sur une même terre, sans se faire de mal les uns aux autres, que nous serons parvenus à bon port. Mais alors le problème national et celui de la race n’existeront plus. L’humanité aura pris leur place ». C’est un message d’une grande actualité, à presque cent ans de distance ! À partir de cette expérience dramatique, Don Primo Mazzolari n’a cessé d’offrir sa contribution pour que la paix soit un lieu authentique de fraternité. Par la suite, tandis que les totalitarismes sévissaient en Italie et en Europe, ce curé de campagne a eu le courage de s’opposer avec force à toute forme d’injustice et de racisme.
« Le chrétien est un homme de paix »
[…] Après la seconde guerre, le curé de Bozzolo s’est engagé dans la pacification des esprits et dans la reconstruction sociale pour offrir des motifs de responsabilité civile 
Il écrivait le 15 octobre 1950 : « Ceux qui prêchent la paix et qui, au fond de leur cœur, souhaitent une guerre qui les soulage du cauchemar communiste, sont de faux pacifistes. Et ceux qui se disent contre toutes les guerres, sauf celles qui, d’une manière ou d’une autre, peuvent servir la cause russe et communiste, sont de faux pacifistes. Devant ces coalitions hypocrites, dangereuses et simplistes, nous préférons les risques d’une politique inventive, qui ne se contente pas de répéter de manière abstraite ‘nous ne voulons pas la guerre’, mais qui emploie tous les moyens honnêtes pour l’empêcher, en commençant par la raison et la religion. Notre devoir est de nous opposer au fanatisme ».
[…] Le chef-d’œuvre de sa réflexion demeure sans doute le livre Tu non uccidere (Tu ne tueras pas). C’est un véritable manifeste pour la paix, publié anonymement en 1955, après les tragédies des guerres mondiales. Convaincu que « le chrétien est un homme de paix, non un homme en paix », Mazzolari invitait les chrétiens à ne pas se laisser dominer par la peur et à se mettre « devant » pour être une lumière visible par tous. Pour le curé de Bozzolo, il était absurde qu’après des siècles de christianisme, l’adage « Si tu veux la paix, prépare la guerre » soit encore gagnant. En réalité, il faut créer les conditions pour la paix. Il faut se positionner pour elle et il faut se rallier à elle. La paix est une vocation, la vraie vocation de l’homme. C’est pourquoi don Primo proposait de dépasser l’idée qu’il puisse exister une « guerre juste » à une époque où les armes étaient devenues tellement destructrices qu’elles pouvaient tuer des milliers de vies innocentes. Définissant comme une « folie » la course aux armements, don Primo a montré que « notre arme de défense est la justice sociale plus que la justice atomique ». Il avertissait : « La guerre commence lorsque, pour ne pas faire la guerre, je me mets dans le désespoir de devoir la faire ».
« La paix naît de l’engagement de chacun »

(EDA)
CRÉDITS
Photos MEP et J. Carton
