Eglises d'Asie

L’Église indienne dénonce le silence de la communauté internationale sur les attentats au Nigeria

Publié le 18/06/2022




Ces derniers jours, des membres du groupe chrétien Catholic Congress, au Kerala dans le sud de l’Inde, ont organisé un rassemblement dans le district de Kottayam afin de protester contre le silence de la communauté internationale depuis l’attentat islamiste survenu dans une église au Nigeria le 5 juin, à l’occasion du dimanche de Pentecôte. « Quand il s’agit de l’assassinat et de la persécution des chrétiens, certains groupes médiatiques restent silencieux », a regretté Mgr Joseph Perumthottam, archevêque de Changanassery (Kerala).

Des catholiques indiens à New Delhi en 2019. L’Église locale a protesté contre le peu de couverture médiatique du massacre survenu le 5 janvier dans une église au Nigeria.

Les catholiques indiens ont déploré le silence de la communauté internationale autour de la tuerie de masse qui a frappé des chrétiens du sud-ouest du Nigeria début juin, et ils appellent à s’élever fermement contre de telles atrocités. Des groupes de catholiques dépendant du Catholic Congress dans l’État du Kerala, dans le sud de l’Inde, ont notamment organisé un rassemblement dans le district de Kottayam, qui représente un important foyer chrétien dans la région, afin de condamner le massacre.

Le 5 juin, le jour du dimanche de la Pentecôte, des terroristes armés, qui seraient des extrémistes islamistes associés au groupe ISWAP (Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique), sont entrés dans l’église catholique Saint-François-Xavier d’Owo, dans l’État d’Ondo. Ils ont tiré des coups de feu, déclenché des explosifs et tué au moins 40 personnes, selon les chiffres officiels du gouvernement.

« Nous voulons que les Nations unies adoptent une position ferme »

« Nous appelons la communauté internationale à dénoncer les massacres survenus au Nigeria », a insisté P. P. Joseph, président du mouvement Catholic Congress dans l’archidiocèse de Changanaserry. « À moins que la conscience mondiale ne se réveille contre de tels meurtres, l’humanité ne survivra pas dans ce monde. »

De son côté, le père Jacob G. Palackappilly, porte-parole du Conseil des évêques catholiques du Kerala, estime que la communauté internationale n’a pas encore répondu clairement à la dernière attaque contre les chrétiens nigérians. « Nous voulons que les Nations unies adoptent une position ferme contre de telles attaques, sinon la suprématie d’une seule religion risquera d’être établie », ajoute le prêtre.

« Quand il s’agit des chrétiens qui sont tués, la communauté internationale ne semble pas y accorder la réaction sérieuse qu’elle devrait avoir, contrairement au cas d’une certaine autre religion [l’islam] », poursuit-il. « Parfois, j’ai l’impression que la communauté internationale est muselée, ou qu’elle reste silencieuse par peur de représailles, mais une chose est sûre, toute l’humanité doit s’indigner contre de tels crimes. »

Les chrétiens sont « les premières victimes de persécutions » pour Mgr Perumthottam

Mgr Joseph Perumthottam, archevêque de Changanassery, au Kerala, a également rédigé un éditorial dans un quotidien catholique local, Deepika (« Lumière »), écrit en malayalam, la langue officielle de l’État. « Quand il s’agit de l’assassinat et de la persécution des chrétiens, certains groupes médiatiques restent silencieux. Quelle sorte d’éthique journalistique est-ce là ? » a-t-il protesté dans son article, publié, le 13 juin.

L’évêque indien estime qu’en 2021, au moins 6 000 chrétiens ont été tués au Nigeria par des groupes terroristes islamistes comme Boko Haram, entre autres. Depuis 2009, a-t-il poursuivi, au moins 40 000 chrétiens ont été tués par Boko Haram au Nigeria, a-t-il insisté. Il s’est aussi inquiété de la propagation du terrorisme islamiste dans d’autres pays africains et d’autres régions du monde, en rappelant que les chrétiens sont « les premières victimes de persécutions », et en se demandant pourquoi les puissances globales ne protègent pas les victimes de ces massacres.

505 cas d’attaques contre des chrétiens en Inde en 2021

Le cardinal George Alencherry, à la tête de l’Église catholique orientale syro-malabare, a également condamné l’attentat terroriste survenu au Nigeria. « C’est très douloureux de voir tant de victimes innocentes tuées uniquement à cause de leur foi chrétienne. Le terrorisme islamiste se répand tous les jours à travers le monde et il est temps que les puissances mondiales prennent cette menace au sérieux », a-t-il demandé. En déplorant la hausse des cas de persécution contre les chrétiens en Inde, le cardinal a également appelé le gouvernement fédéral et les autorités régionales indiennes à prendre des mesures drastiques contre ceux qui troublent l’harmonie et la paix commune.

Le forum chrétien UCF (United christian forum), basé à New Delhi, a enregistré 207 cas de persécution contre des chrétiens seulement pour les premiers mois de l’année 2022. Au moins 505 cas ont également été enregistrés pour 2021, ce qui en fait la pire année pour les minorités chrétiennes en Inde. UCF a aussi appelé le gouvernement indien et le pouvoir judiciaire à intervenir immédiatement contre la hausse des attaques, des violences, des discriminations et des arrestations injustifiées visant la communauté chrétienne locale.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews