Eglises d'Asie

L’Église indienne se prépare à affronter la crise sanitaire après plus de 200 premiers cas d’infection

Publié le 20/03/2020




La branche médicale dépendant de l’Église catholique indienne, considérée comme la plus importante dans le pays après le secteur médical public, se prépare à faire face à la menace du coronavirus suite aux avertissements des experts à propos d’une éventuelle dégradation de la situation. Les autorités chrétiennes sont occupées à préparer leurs centaines d’établissements médicaux à travers l’Inde alors que le virus commence à se répandre, avec un total de plus de 200 premiers cas d’infection enregistrés dans le pays ce 20 mars au matin.

« Nous nous préparons à la crise dans nos hôpitaux, notamment pour être prêts à aider les populations les moins favorisées qui vivent dans les villages », confie le père George Kannanthanam, secrétaire de l’association CHAI (Catholic health association of India). Son organisation est chargée de la coordination des activités de 3 537 établissements, dont 300 hôpitaux, cinq écoles de médecine, ainsi que des cliniques et de nombreux dispensaires. Ces cliniques, dont beaucoup sont installées dans des villages et de petites communes, ont en tout plus de 50 000 lits disponibles à tout moment. « De plus, nous avons également plusieurs centaines de médecins et d’infirmières qualifiés, ainsi que des travailleurs sociaux et des psychologues qui travaillent pour nous », précise le prêtre. « Nous devons nous préparer à toute éventualité, au cas où l’épidémie commenceraient à se répandre dans les villages à travers le pays. Le gouvernement ne pourra pas gérer à lui seul la situation. » Jusqu’à cette semaine, les tests d’infection pour le Covid-19 n’étaient réalisés que dans les établissements appartenant à l’État. Mais avec le début de l’épidémie en Inde, le gouvernement a changé de stratégie. Balram Bhargava, directeur général du Conseil indien pour la recherche médicale, assure que 51 laboratoires privés auront l’autorisation de pratiquer des tests en plus des 72 laboratoires publics du pays.

Trois semaines cruciales pour contenir l’épidémie

Selon les experts, le faible nombre de cas enregistrés en Inde et en Asie du Sud en général ne doit pas rendre le gouvernement négligent, alors que l’épidémie pourrait gagner du terrain brutalement et se répandre rapidement. Plusieurs millions d’Indiens, sur plus d’1,3 milliard d’habitants, vivent dans des bidonvilles et des zones urbaines surpeuplées, sans compter les millions d’habitants vivant dans les villages reculés, qui ne sont nullement préparés à enrayer l’épidémie. « C’est notre devoir moral et notre responsabilité de nous équiper et de nous préparer. Pour l’instant, nous avons peu de cas enregistrés, mais il ne sera pas facile d’empêcher le virus de se répandre à moins que les gens se décident volontairement à prendre des mesures sanitaires adaptées dès maintenant », souligne le père Kannanthanam. Caritas Inde, la branche sociale de l’Église catholique en Inde, se prépare également à faire face à la crise. « Nous surveillons l’évolution de la situation et nous sommes en contact permanent avec nos partenaires. Nous allons bientôt définir une stratégie contre l’épidémie », explique le père Paul Moonjely, directeur général de la Caritas indienne.

La commission pour la santé de la conférence épiscopale indienne a demandé à tous les évêques de préparer un plan pour gérer la situation localement. « Nous leur avons demandé de prendre toutes les mesures nécessaires pour contenir le virus dans les diocèses », confie le père Julius Arakal, secrétaire de la commission épiscopale. « Nous avons aussi conseillé à nos hôpitaux de prendre un maximum de précautions. À l’heure actuelle, les hôpitaux chrétiens ont demandé à la moitié de leurs personnels de rester chez eux, afin qu’ils puissent être prêts à intervenir sur le terrain en cas d’urgence. » Un premier cas d’infection a été enregistré durant la dernière semaine de janvier. Le virus est réapparu durant la seconde semaine de mars avec le retour de trois Indiens d’Italie, qui ont été testés positifs au Covid-19 dans l’État du Kerala, dans le sud du pays. La plupart des cas d’infections enregistrés depuis sont des touristes ou des Indiens revenant de pays atteints par l’épidémie. C’est pourquoi, selon les experts qui estiment le virus a déjà pu infecter plusieurs milliers de personnes à travers l’Inde, les trois semaines à venir sont cruciales pour le pays.

(Avec Ucanews, New Delhi)

Crédit : Asian Development Bank (CC BY-NC-ND 2.0)