Eglises d'Asie

L’Église indienne soutient le droit à la vie alors que la Cour Suprême étend le droit à l’avortement

Publié le 06/10/2022




Le 30 septembre, le père Babu Joseph, ancien porte-parole de la Conférence épiscopale indienne, a réagi à une décision de la Cour Suprême indienne qui a étendu le droit à l’avortement et inclus les mères célibataires. « Cette décision risque d’affecter l’équilibre moral de la société, alors qu’une vie potentielle peut être supprimée facilement au détriment de la défense de la vie », a-t-il souligné. La décision a été prise à la suite d’une requête demandant d’inclure les femmes non mariées à un amendement de 2021.

Une famille indienne à Fatehpur-Sikri (Uttar Pradesh). Selon les évêques catholiques indiens, l’amendement de la loi risque de troubler l’équilibre social.

Selon une nouvelle décision de la Cour Suprême indienne, le droit à l’avortement dans le pays a été étendu à toutes les femmes jusqu’à 24 semaines après la conception – une décision fermement dénoncée par l’Église locale – en supprimant certaines restrictions encore en vigueur concernant les mères célibataires.

Le 29 septembre, en annonçant sa décision, la Cour a également souligné le droit des femmes à l’intégrité physique, sans l’autorisation d’un tiers pour accéder à l’avortement. Dans son ordre détaillé sur 75 pages, la Cour Suprême estime que l’exclusion des femmes non mariées du droit à un avortement « sûr et légal » est « anticonstitutionnel ».

En Inde, l’avortement est légal depuis 1975 avec l’adoption de la loi MTP (Medical Termination of Pregnancy). Selon les juges Dhananjaya Y. Chandrachud, A. S. Bopanna et J. B. Pardiwala, « toute femme enceinte a le droit intrinsèque de choisir ou non d’avorter sans autorisation ou consentement d’un tiers ».

La décision de la Cour a été prise à la suite d’une requête demandant d’inclure explicitement les femmes non mariées à un amendement de 2021. Le nouvel amendement détaille différentes catégories de femmes ayant le droit d’accéder à l’avortement jusqu’à 24 semaines, notamment en cas de viol, d’inceste ou de changement du statut conjugal durant la grossesse ou encore si la mère est mineure.

« La Cour Suprême a défendu le droit des femmes à l’intégrité physique en garantissant leur droit de prendre des décisions sur leur corps et aussi sur celui de leur enfant à naître. Cette décision est susceptible d’avoir des conséquences néfastes à la vie des fœtus et de leur droit à la vie », a réagi le père Babu Joseph, ancien porte-parole de la Conférence épiscopale indienne.

« La société doit être prudente, car la vie est un don précieux »

Le 30 septembre, le prêtre du Verbe Divin a rappelé que l’Église a toujours défendu le droit à la vie et présenté la vie comme un signe de l’amour éternel de Dieu pour l’humanité. « La décision de la Cour Suprême risque aussi d’affecter l’équilibre moral de la société alors qu’une vie potentielle peut être supprimée facilement, au détriment de la promotion de la vie », a-t-il ajouté.

Le prêtre a également appelé la société indienne et le gouvernement à encourager les femmes enceintes célibataires à ne pas céder à la facilité et à maintenir leur grossesse. « Ce genre de solution peut aussi entraîner des conséquences démographiques négatives en Inde. La société doit être prudente avec chaque grossesse, car la vie est un don précieux de Dieu », a souligné le père Joseph.

De son côté, le Conseil des évêques catholiques du Kerala (KCBC) a également exprimé son désaccord en estimant que la décision est « très préoccupante ». Par ailleurs, dans leur communiqué les évêques également ont appelé la société à s’opposer à toutes les formes d’atrocité contre les femmes et à les protéger. Les évêques catholiques du Kerala ont ajouté que le fait de faciliter ainsi l’avortement risque de troubler l’équilibre social. Ils ont aussi appelé à ne pas profiter de la décision de la Cour pour céder à la facilité et passer à l’acte. « Le gouvernement et les lois du pays ont le devoir de protéger les fœtus, pour la dignité de la femme, pour la stabilité de la famille et de la nation tout entière. »

(Avec Ucanews)