Eglises d'Asie – Indonésie
L’Église indonésienne appelle les dirigeants de l’Asean à combattre la traite des personnes
Publié le 12/05/2023
Plusieurs responsables chrétiens et organisations ont demandé aux participants au sommet de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), qui se déroule actuellement en Indonésie, de mettre en œuvre des mesures concrètes contre la traite des personnes dans la région. « Le plus important, c’est l’action concrète, les mesures qui auront un impact réel et qui entraîneront des changements significatifs », souligne le père Paschalis Saturnus, engagé auprès des victimes de trafic humain en Indonésie, en particulier parmi les travailleurs migrants.
Le 8 mai à Labuan Bajo (où a lieu le sommet sur l’île de Flores, dans la province majoritairement chrétienne des Petites îles de la Sonde orientales – Nusa Tenggara –, dans l’est de l’archipel), le président indonésien Joko Widodo a assuré aux journalistes présents que « l’éradication de la traite des êtres humains est l’un des objectifs de l’Indonésie » dans le cadre de la présidence indonésienne de l’Asean.
Le père Saturnus estime que les dirigeants de l’Asean doivent débattre des mesures à prendre pour assurer cet objectif dans chaque pays de l’organisation, « parce que pour l’instant, les crimes se répètent ». Le prêtre ajoute que le problème n’est pas difficile à résoudre si tous les pays impliqués agissent ensemble, « car nous savons déjà qui sont les parties engagées ». « Il est nécessaire d’évaluer les obstacles », poursuit le père Paschalis Saturnus, qui dirige la Commission justice et paix et la Pastorale des migrants et des personnes itinérantes du diocèse de Pangkalpinang (au sud de l’archipel de Riau, près des frontières avec la Malaisie et Singapour).
« Depuis des années, cette province est déclarée comme en état d’urgence »
Les dirigeants de 11 pays sont présents au 42e sommet de l’Asean, en comptant le Timor oriental, majoritairement catholique, qui a le statut d’observateur à l’heure actuelle. Les autres États membres sont les Philippines, l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande, Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge. « Le sommet doit aussi parler des efforts nécessaires pour protéger les migrants contre la traite des personnes », a insisté le père Saturnus.
De son côté, le père Marthen Jenarut, responsable de la Commission justice, paix et intégrité de la création du diocèse de Ruteng (dans l’île de Flores), explique que « depuis plusieurs années, cette province est déclarée comme en état d’urgence en matière de traite des personnes ». La province du Nusa Tenggara oriental est celle où l’on compte le plus grand nombre de victimes dans le pays. Les chiffres de l’Agence pour la protection des travailleurs migrants de la province montrent que 480 d’entre eux sont décédés à l’étranger entre 2018 et mai 2022, dont seuls 17 qui avaient un statut légal. « J’espère que ce sommet permettra un engagement ferme et un travail collaboratif entre les pays, afin de minimiser les victimes. »
« Nous encourageons l’Asean à prendre des mesures concrètes »
Le père carme Eko Aldianto, secrétaire général de la Commission justice et paix et de la Pastorale des migrants de la Conférence épiscopale indonésienne, souligne quant à lui que le combat contre le trafic humain doit aller de pair « avec le comportement et le professionnalisme des institutions ». Wahyu Susilo, qui dirige l’ONG local Migrant Care, ajoute que les pays de l’Asean doivent pouvoir partager la même perception sur la traite des personnes. « Nous encourageons l’Asean à prendre des mesures concrètes afin de développer les infrastructures institutionnelles transfrontalières », explique-t-il.
Selon le rapport TIP (Trafficking In Person) 2022, publié par le Département d’État américain, la majorité des pays d’Asie du Sud-Est ont été classés sur la liste de surveillance de niveau 2 voire parmi les pays de niveau 3 (dont les gouvernements ne se conforment pas entièrement aux normes minimales et ne font pas d’efforts importants pour le faire). La Malaisie, le Cambodge, le Vietnam et la Birmanie sont parmi ces derniers. Le rapport a également rétrogradé l’Indonésie en liste de surveillance de niveau 2 en affirmant que la législation du pays contre la traite des êtres humains n’est pas conforme aux normes internationales.
(Avec Ucanews)