Eglises d'Asie – Inde
L’Église locale se souvient des innocents abandonnés dans les villes indiennes
Publié le 30/12/2022
En Inde, le jour où l’Église commémore les Saints-Innocents, le pays se souvient également d’une longue série de nouveau-nés abandonnés découverts ces derniers mois, qui montre que la protection de chaque enfant à naître reste un objectif non atteint dans le pays, non seulement dans les régions rurales les plus pauvres mais aussi dans les grandes villes.
Il y a quelques semaines, la police de Mumbai a notamment trouvé une petite fille de seulement quatre jours, abandonnée sur un trottoir près du quartier de Borivali West (une banlieue située dans le nord-ouest de la ville). Une autre fillette abandonnée avait été découverte dans la même banlieue en septembre dernier. Durant la même période, une autre a également été trouvée à Goa, près de l’usine de traitement des eaux usées de Margao.
Quelques semaines plus tard, une autre du même âge a été trouvée à Delhi, dans une poubelle, avec la marque d’une morsure d’animal à la jambe. En septembre, à Mandya, dans un district du Karnataka, un nouveau-né abandonné a aussi été découvert dans un puits d’une profondeur d’une trentaine de mètres. Des villageois l’ont entendu pleurer et l’ont trouvé près d’un tas de sacs plastiques. Enfin, dans l’Uttar Pradesh, la police a découvert un enfant de deux jours dans des buissons, avec des blessures sévères dues à des morsures de fourmis.
Moins de 2 % sur 3 millions qui accèdent à un foyer d’accueil
De telles histoires révèlent une tragédie qui se poursuit : moins de 2 % des quelque 3 millions d’enfants qui sont orphelins ou abandonnés en Inde trouvent une place dans un foyer d’accueil. Et moins de 2 000 d’entre eux accèdent au système d’adoption légal indien, même si ces chiffres ne sont que des estimations. Ainsi, beaucoup d’enfants abandonnés ne sont jamais trouvés ; certains sont simplement trouvés et emportés sans être signalés, d’autres encore peuvent être victimes d’animaux sauvages.
« Les cris de ces nourrissons sont une grave crise, une tragédie, et un véritable changement est nécessaire », confie le Dr Pascoal Carvalho, membre de l’Académie pontificale pour la vie. « Une société développée a besoin d’être jugée non pas selon son revenu par habitant mais selon si elle a un système de soutien en place pour ceux qui sont en proie à des besoins affectifs et matériels », ajoute-t-il, en soulignant que chaque personne doit se sentir aimée et contribuer au bien commun.
« Les organisations comme les Missionnaires de la Charité ne peuvent être partout »
« Nous pensons souvent que les atrocités contre les nouveau-nés n’arrivent que dans les villes rurales, et on attribue cela à un manque d’accès à l’éducation, entre autres », poursuit-il. « Mais quand de tels faits surviennent à côté de chez nous, dans des villes modernes et développées, nous devons réfléchir et comprendre que nous avons échoué, aussi bien en tant qu’individus que comme société. Il semble que plus nous ‘progressons’, plus nous devenons individualistes et insensibles à ceux qui nous entourent. »
Le Dr Carvalho estime que « nous n’avons pas suffisamment d’institutions, dans notre quartier, qui sont dignes de confiance pour aider des jeunes parents à élever leurs enfants tout en travaillant ». « Les organisations comme les Missionnaires de la Charité [la congrégation créée par sainte Mère Teresa de Calcutta] ne peuvent pas être présentes partout. Chacun d’entre nous a le devoir de contribuer pour les futures générations. » De même, poursuit-il, « le parcours synodal nous appelle à embrasser notre vulnérabilité et à nous ouvrir nous-mêmes à la compassion et à la solidarité, pour avancer ensemble » et « apporter l’espérance et un nouvel avenir à l’Église et à la société ».
(Avec Asianews)
CRÉDITS
Stephan Uttom / Ucanews