Eglises d'Asie – Mongolie
L’Église mongole met à l’honneur une statue de l’Immaculée découverte dans une décharge
Publié le 28/12/2022
« Nous avons commencé nos célébrations de Noël dès le 8 décembre, ensemble, afin de consacrer la Mongolie à Notre Dame, devant la statue de l’Immaculée trouvée dans les ordures », confie le cardinal Giorgio Marengo, missionnaire de la Consolata et préfet apostolique d’Oulan-Bator, âgé de 48 ans.
Le cardinal italien est le visage de la jeune communauté catholique locale, dont la véritable évangélisation est récente même si les premières traces de présence chrétienne en Mongolie remontent au VIIe siècle. Aujourd’hui, c’est un petit troupeau dans un immense pays, pour un total de près de 1 400 fidèles appartenant à différentes communautés, qui se sont réunis il y a quelques semaines à cette occasion.
« La statue de l’Immaculée Conception a été trouvée il y a une décennie dans une décharge au nord de la Mongolie », explique le cardinal Marengo, depuis la capitale mongole par 20 degrés sous zéro. « Elle a été découverte par une femme non chrétienne, mère de onze enfants, qui avait des contacts avec des sœurs de Mère Teresa. En fouillant les ordures déversées par un camion, comme de nombreux pauvres le font à travers le monde, elle est tombée sur un étrange emballage en tissu », poursuit-il.
« En l’ouvrant, elle s’est retrouvée devant cette belle statue en bois de l’Immaculée Conception, d’une hauteur de 62 cm, en très bon état. Sans savoir ce qu’elle représentait, elle l’a rapportée chez elle en disant : ‘Cette belle dame voulait venir à moi…’ Jusqu’à ce que les religieuses, qui sont revenues lui rendre visite, voient la statue en lui demandant d’où elle venait. »
La statue déplacée officiellement à Oulan-Bator
Durant des années, la statue est restée dans le presbytère de la paroisse locale. « Moi-même, je n’en ai entendu parler que l’an dernier », ajoute le préfet apostolique d’Oulan-Bator. « À ce moment-là, j’ai pensé que Notre Dame voulait nous dire quelque chose. Je suis allé sur place pour rencontrer la dame [qui avait découvert la statue] », précise-il. « Puis le 25 mars, le jour de la fête de l’Annonciation, en accord avec la communauté locale, nous avons déplacé officiellement la statue à Oulan-Bator avec l’idée de l’introniser dans la cathédrale, pour qu’elle soit mieux connue et vénérée par tous. »
C’est ainsi qu’a eu lieu la célébration du 8 décembre, organisée avec un autre geste symbolique. « Nous avons invité l’ensemble de nos 1400 catholiques à nous envoyer un morceau de tissu auquel ils étaient particulièrement attachés, avec une phrase, une prière. En cousant ces pièces ensemble, nous avons fabriqué un manteau que nous avons offert à la Vierge, tout en lui présentant nos prières. C’était un moment très beau et sincère. »
L’initiative est d’autant plus marquante que l’année 2022 célèbre le 30e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le gouvernement local, et de la présence de l’Église catholique en Mongolie. « Nous avons vécu les messes de Noël dans nos différentes communautés, mais ensuite nous aurons un moment de rencontre et de célébration avec tous les missionnaires et les collaborateurs laïcs, pour conclure le 30e anniversaire. Il y aura aussi une petite crèche vivante avec quelques-uns de nos jeunes », explique Mgr Marengo, plus jeune cardinal actuel de l’Église catholique.
« Il y a un profond sentiment de gratitude »
Il souligne que cette année, les fêtes de Noël surviennent à une période sensible pour la Mongolie : il y a quelques semaines, le pays a été secoué par des manifestations massives contre une affaire de détournements de fonds et de corruption dans le secteur du charbon. « Ici, ce vol est sur toutes les lèvres. Le gouvernement lui-même l’a reconnu. Le ressentiment de la population est exacerbé par le fait que sur le plan économique, le pays n’est certainement pas sur un long fleuve tranquille, donc les gens se sentent lésés. Depuis, le gouvernement a annoncé des règles pour plus de transparence dans les entreprises publiques – qui sont les outils de ce commerce parallèle du charbon qui ne bénéficie qu’à quelques-uns. Mais la crise a été forte. »
Concernant la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la conséquence principale ressentie dans le pays a été l’arrivée de Russes en fuite, en particulier depuis la Bouriatie voisine (située dans l’Extrême-Orient russe, au nord de la Mongolie). « Mais pour beaucoup d’entre eux, la Mongolie n’a été qu’un lieu de transit, d’où ils sont repartis pour atteindre d’autres pays », explique le cardinal.
Quelles paroles a-t-il voulu adresser à ses fidèles pour Noël ? « Il y a un profond sentiment de gratitude pour ce qui a été vécu durant ces 30 années de notre Église : une petite graine a été plantée et a déjà porté du fruit durant une période relativement courte. Je rends grâce aussi pour la vie donnée ici par Mgr Wenceslao Padilla [le précédent préfet apostolique, d’origine philippine et décédé en 2018] et par de nombreux autres missionnaires », poursuit-il.
« Il y a aussi un appel à approfondir de plus en plus nos racines, et à découvrir toujours mieux cet enfant qui nous est né. Un rappel du réalisme de l’incarnation : la mangeoire est le lieu où l’enfant Jésus a été déposé pour qu’il soit reçu par nous dans l’Eucharistie. C’est le Seigneur lui-même qui reste ici au milieu de nous. »
(Avec Asianews)
CRÉDITS
Asianews