Eglises d'Asie

L’Église sud-coréenne cherche à prévenir les décès solitaires de personnes âgées isolées

Publié le 25/02/2022




Selon Lee Byung-wook, président de la Société de Saint-Vincent de Paul en Corée du Sud, la crise sanitaire a laissé de nombreux habitants avec des problèmes économiques lourds, causant davantage de décès solitaires parmi les personnes âgées isolées. Un phénomène qui a tendance à s’aggraver dans le pays, avec 3 052 cas enregistrés en 2020 contre 2 008 décès isolés en 2017. « Le plus important est de les rencontrer personnellement et de les informer que l’Église est avec eux », explique le père Lee Young-woo, responsable d’un centre d’accueil à Séoul.

Un membre de la Société de Saint-Vincent de Paul prie avec une femme âgée en Corée du Sud.

Tous les mois, Sophia Cho Soon-hee dirige une équipe de volontaires catholiques qui organise des visites aux personnes âgées isolées dans la paroisse de Gwangan, à Busan, une grande ville portuaire dans le sud-est de la Corée du Sud. « Nous visitons toutes les personnes seules et nous les réconfortons », explique Sophia Cho, vice-présidente de la Société de Saint-Vincent-de-Paul pour le diocèse de Busan. Au cours des cinq dernières années, elle a également été chargée du Mouvement pour la prévention des décès solitaires de personnes âgées, un phénomène qui s’aggrave dans le pays d’Asie de l’Est.

« Jusqu’à l’an dernier, nous avons découvert et soutenu 27 personnes âgées isolées qui ont failli mourir par manque de soins. Nous les avons visitées et nous leur avons apporté de la nourriture et d’autres soins nécessaires », poursuit-elle. Depuis 2018, près de 23 groupes de Saint-Vincent de Paul dans 11 diocèses catholiques sud-coréens ont entrepris des efforts similaires afin de lutter contre la hausse des morts isolées parmi les personnes âgées.

Selon les chiffres officiels du ministère de la Santé sud-coréen, 3 159 décès solitaires ont été enregistrés en 2021. Ce chiffre était plus de trois fois plus élevé qu’en 2012 (1 025 décès isolés). Les analystes expliquent que cette tendance est aussi due à la pandémie de Covid-19, et que les chiffres de l’an dernier ne sont qu’une première estimation alors que le contexte sanitaire rend la découverte des corps de personnes seules plus difficile. On comptait 2 008 décès isolés en 2017, 2 447 en 2018, 2 656 en 2019 et 3 052 en 2020, selon les données officielles.

Donner des enterrements dignes aux personnes décédées dans la solitude

Récemment, des médias locaux ont signalé les décès de personnes âgées isolées chez elles, avec leurs corps restés sur place parfois durant de longues périodes. Le 2 janvier, la police du district de Dongjak, à Séoul, a découvert un homme d’une cinquantaine d’années, qui est mort seul dans un logement semi-enterré, dans un grand immeuble. L’an dernier, le diocèse de Suwon et l’administration municipale de Suwon se sont associés pour donner des enterrements dignes et des cérémonies commémoratives aux personnes décédées dans la solitude et sans proches pour réclamer leur corps ou organiser les rites funéraires. Auparavant, ces personnes étaient incinérées par le gouvernement, souvent sans rites religieux.

L’an dernier, en avril, le gouvernement sud-coréen a voté une Loi sur la prévention et le contrôle des décès solitaires. La nouvelle loi impose aux autorités locales et nationales de fournir aux personnes seules et sans proches tout le soutien et les soins nécessaires, et d’arranger des enterrements adaptés et dignes après leur mort. Les chiffres du gouvernement indiquent que les personnes entre la cinquantaine et la soixantaine sont les plus concernées par le problème, souvent après avoir souffert de difficultés économiques et psychologiques (perte d’emplois, chômage, ruptures familiales…).

16,7 % de Sud-Coréens vivaient dans la pauvreté en 2019

L’Église locale souligne que la solidarité est essentielle pour prévenir ce phénomène. Elles l’ont signalé lors de la création du Mouvement pour la prévention des décès solitaires (Lone Death Prevention Movement), lancé en collaboration avec les groupes vincentiens. Le père Joseph Chung-yeol, directeur de la Commission pastorale pour les pauvres de l’archidiocèse de Séoul, explique que la branche sociale de l’Église locale s’est jointe à la Société de Saint-Vincent de Paul afin de rendre visite aux personnes risquant de mourir seules et de leur fournir de la nourriture et d’autres services pastoraux.

L’archidiocèse a également ouvert un centre pour les personnes seules et âgées en 2019, dans le quartier de Daehak-dong à Séoul. L’ouverture du centre a été provoquée par la mort d’une mère célibataire et d’un enfant de réfugiés nord-coréens. « Les personnes d’âge mûr qui viennent ici sont souvent coupées de toutes relations parce qu’elles pensent avoir échoué », confie le père Lee Young-woo, responsable du centre. « Le plus important est de les rencontrer personnellement et de les informer que l’Église est avec eux », ajoute-t-il.

Lee Byung-wook, président de la Société de Saint-Vincent de Paul en Corée, explique que le Covid-19 a laissé de nombreux habitants avec des problèmes économiques, causant davantage de décès isolés. « Fournir des soins et donner de l’amour aux personnes seules est un service essentiel de l’Église d’aujourd’hui. Par ailleurs, il est important de développer les soins que nous offrons en découvrant et en étendant de nouveaux services. » Bien que la Corée du Sud soit un pays développé, on comptait 16,7 % d’habitants vivant dans la pauvreté en 2019, selon l’OCDE qui classe la Corée du Sud au cinquième rang sur 33 pays développés en termes de pauvreté relative.

(Avec Ucanews / Catholic Times of Korea)


CRÉDITS

Catholic Times of Korea / Ucanews