L’Église sud-coréenne enregistre une baisse des vocations sacerdotales

Mgr Pierre Chung Soon-taick lors d’une ordination en 2022 dans la cathédrale de Myeongdong (Séoul). L’Église locale estime que les vocations ont chuté de 35 % en douze ans.

L’Église coréenne commence à prévoir des programmes de recherche et d’éducation alors que la communauté locale fait face à une baisse des ordinations sacerdotales, en même temps que le déclin du taux de natalité et de la religiosité dans le pays. Le nombre de nouveaux prêtres ordonnés est passé de 131 en 2011 à 87 en 2022, soit une baisse de 35 % selon les chiffres officiels de l’Église locale.

Cette année, le diocèse de Jeonju n’a célébré aucune ordination faute de candidat. Le nombre de prêtres ordonnés dans le diocèse a diminué de 6 en 2011 à 2 en 2021. Le diocèse de Daejeon a ordonné trois nouveaux prêtres cette année, contre 19 en 2011 et 5 en 2016. Bien que certains diocèses aient bénéficié d’une légère augmentation des vocations sacerdotales, la tendance générale est à la baisse.

« Des projets de recherche et d’éducation en vue du développement vocationnel doivent être établis au niveau paroissial », souligne le père Jean Chrysostome Lee Sang-yong, directeur des vocations du diocèse de Suwon. Le prêtre ajoute que le plus important est de « transformer les consciences » parmi les catholiques, en les amenant à reconnaître que le développement vocationnel est un devoir fondamental pour tous les fidèles.

Le nombre de séminaristes a baissé de 30 % entre 2011 et 2021

De plus, le nombre d’étudiants dans les séminaires coréens a baissé de 30 % entre 2011 (1 587 séminaristes) et 2021 (1 137). Durant la même période, le nombre d’inscriptions annuelles dans les séminaires a diminué de 40 %, en passant de 223 à 138. Ainsi, on ne comptait plus que 13 étudiants admis au séminaire de Gwangju cette année contre 24 en 2013. Le séminaire forme les futurs prêtres des diocèses de Masan, Jeonju, Jeju et Gwangju. En 2019, par ailleurs, le séminaire de Busan a fermé ses portes faute de candidats.

De son côté, l’université catholique de Daejeon n’a reçu aucun séminariste du diocèse de Cheongju cette année. Le père James Lee Sang-gyu, président de l’université catholique de Daejeon, explique que c’est la première fois que le diocèse de Cheongju n’envoie aucun étudiant. Le prêtre insiste sur le fait que les familles catholiques doivent s’engager davantage afin d’assurer que leurs enfants suivent le Christ et cherchent à le servir.

Les services des vocations des diocèses coréens ont mené des recherches individuelles sur le déclin des vocations sacerdotales. Parmi les facteurs identifiés, on compte la baisse du taux de natalité, l’indifférence croissante vis-à-vis de la religion et de la foi, le matérialisme et la sécularisation de la société. D’autres raisons sont évoquées comme le fait que les familles catholiques coréennes se préoccupent de moins en moins de l’éducation religieuse et mettent l’accent avant tout sur la réussite personnelle plus que sur la foi.

Plus de fidèles et moins de prêtres

Les chiffres de l’Église locale montrent que le nombre de catholiques sud-coréens est pourtant passé de 5 442 996 fidèles en 2013 à 5 938 045 en 2023. Cependant, en raison de la diminution du nombre des vocations, chaque prêtre doit servir un plus grand nombre de catholiques. Une paroisse en Corée comptait en moyenne 1 174 membres en 2011 contre 1 283 en 2021.

La Corée du Sud a enregistré seulement 20 658 naissances vivantes en octobre 2022, soit une baisse de 0,4 % par rapport à octobre 2021 selon l’agence nationale Statistics Korea. Celle-ci a enregistré 51,74 millions d’habitants en octobre 2021, soit une diminution de 0,2 % de la population totale par rapport à 2020 (91 000 habitants en moins environ). Par ailleurs, d’ici 2030, les personnes âgées devraient représenter 25,5 % de la population ce qui ferait du pays une « société super-âgée » au même titre que le Japon ou l’Italie.

Près de 50 % des Coréens ne pratiquent aucune religion, et 15 % d’entre eux sont bouddhistes, selon les statistiques officielles. On compte environ 30 % de catholiques et protestants, ce qui fait du christianisme la religion organisée la plus importante dans le pays.

(Avec Ucanews)