Eglises d'Asie

L’Église sud-coréenne s’inquiète d’une hausse du nombre d’avortements

Publié le 06/07/2022




La Conférence épiscopale sud-coréenne a fait part de ses inquiétudes, aux côtés d’autres militants pro-vie dans le pays, face à une augmentation du nombre d’avortements enregistrés en Corée du Sud. La réaction des évêques sud-coréens survient après la publication des résultats d’une enquête de l’institut KIHASA, selon lequel 32 000 IVG ont été pratiquées dans le pays en 2020, contre 4 800 en 2017. Des observateurs ont fait le lien entre cette hausse et la décriminalisation de l’avortement en 2020.

L’Église catholique sud-coréenne milite depuis longtemps pour la protection de la vie et contre la légalisation de l’avortement.

La Conférence épiscopale sud-coréenne s’est jointe aux inquiétudes des militants pro-vie dans le pays face à une augmentation du nombre d’avortements en Corée du Sud, en particulier depuis sa décriminalisation il y a deux ans par la Cour constitutionnelle (qui avait jugé l’interdiction de l’IVG contraire à la Constitution).

Selon une enquête menée par l’institut KIHASA (Korea Institute for Health and Social Affairs), près de 32 000 avortements ont été enregistrés en Corée du Sud en 2020, selon une information publiée le 1er juillet par CPBC (Catholic Peace Broadcasting Corporation), un groupe médiatique catholique local. En 2017, le pays en avait enregistré 4 800. L’âge moyen des femmes concernées était de 27 ans en 2020, soit environ 1,4 an plus jeune que l’âge moyen enregistré lors d’une enquête précédente en 2018. Près de 92,2 % des répondantes ont subi une opération, et 7,7 % ont eu recours à une IVG médicamenteuse.

Le père Park Jung-woo‑, secrétaire de la Commission pour la Vie de l’archidiocèse de Séoul, remarque que cette tendance à la hausse des avortements pratiqués dans le pays est liée à un manque apparent de sens de responsabilité chez des gens qui ne réalisent pas que la vie, la sexualité et l’amour sont complémentaires et étroitement liés. « Les gens doivent prendre conscience de leur fertilité et être plus responsables. Nous devons les sensibiliser davantage dans ce sens, pour qu’ils ne séparent plus la vie, le sexe et l’amour les uns des autres », explique-t-il, cité par CPBC.

Le père Park appelle le pays à sensibiliser les gens pour éviter les grossesses non voulues

Le gouvernement coréen n’a pas commenté les causes potentielles de cette forte augmentation des IVG pratiquées dans le pays. Toutefois, des observateurs ont fait le lien avec la décriminalisation confirmée en avril 2020. Les avortements ont été interdits en Corée du Sud en 1953. Toutefois, les avortements illégaux étaient courants et la loi en question n’était pas strictement appliquée.

Les pro-avortement et les militants féministes considéraient l’interdiction comme discriminatoire étant donné qu’elle forçait des femmes à se faire avorter en secret dans des conditions peu sûres, mettant leurs vies en danger. Selon les médias coréens, une loi visant à légaliser officiellement l’avortement jusqu’à 14 semaines serait en préparation et pourrait être votée au cours des prochaines semaines. La nouvelle loi autoriserait également les avortements entre la 15e et la 24e semaine pour des cas de viol ou d’inceste.

Selon l’enquête de KIHASA, seules 53,8 % des répondants ont reconnu avoir toujours recours à la contraception, et 40 % sont des femmes mariées. Pour le père Park, beaucoup de Coréens ne comprennent plus la vraie finalité de la sexualité. « Les relations sexuelles, sans un objectif de procréation et de maintien de la vie, perdent de leur essence, et la sexualité hors mariage, en particulier, ne prétend pas assumer ses responsabilités vis-à-vis de la vie », commente-t-il. Pour lui, face à cette augmentation, le pays devrait se mettre à éduquer les gens pour éviter des grossesses non voulues.

L’Église locale milite depuis longtemps pour la protection de la vie et contre l’avortement, selon la position de l’Église catholique sur le « caractère sacré de la vie », qui enseigne que la vie humaine doit être protégée « dès la conception ». En 2018, les évêques sud-coréens ont ainsi lancé une pétition anti-avortement qui a rassemblé près d’un million de signatures. L’Église locale a également organisé des Marches pour la Vie, une campagne pro-vie qui a lieu tous les ans dans plusieurs régions du pays.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Catholic Times of Korea / Ucanews