Eglises d'Asie

L’Enseignement catholique indien réagi suite à une enquête accablante sur l’état des écoles publiques

Publié le 12/03/2020




Les responsables et éducateurs chrétiens ont réagi suite à la publication d’une enquête sur l’éducation indienne par une commission parlementaire, selon laquelle plus de 40 % des écoles publiques du pays n’ont ni électricité, ni terrain de jeu. Dans son rapport, qui a été présenté à la Chambre haute du parlement indien, la commission parlementaire sur les ressources de développement humain (HRD) a déclaré que le problème concerne non seulement l’électricité et les terrains de jeux, mais aussi le manque d’infrastructures comme des salles de classe, des bibliothèques et des laboratoires.

« C’est un rapport accablant pour le gouvernement, qui essaie d’assurer l’éducation pour tous dans le cadre de son programme ‘Droit à l’Éducation’, parce qu’en l’absence d’infrastructures suffisantes, cet objectif ne peut pas être atteint », souligne le père Joseph Manipadam, secrétaire de l’Enseignement catholique pour la conférence épiscopale indienne, à propos des résultats d’une enquête accablante sur l’état des écoles publiques indiennes, publiée par une commission parlementaire. Selon l’étude, plus de 40 % des établissements publics n’ont pas accès à l’électricité. L’enquête pointe également le manque de terrains de jeu et de murs d’enceinte dans de nombreux établissements, entre autres. « Au moins, maintenant, le gouvernement reconnaît qu’il y a un problème. Il faut le résoudre au plus vite, parce que le gouvernement a négligé l’éducation à plusieurs reprises, pour des raisons inconnues », ajoute le prêtre. « Tous les ans, le gouvernement consacre un budget conséquent à l’éducation, mais malheureusement, les fonds ne sont pas versés aux personnes concernées. La plupart du temps, ces fonds sont mal ou peu utilisés, mais avec les conclusions de cette enquête, nous espérons que les choses vont pouvoir s’améliorer. »

En identifiant les problèmes liés à l’utilisation du budget consacré à l’éducation, la commission parlementaire a constaté une baisse de 27 % des allocations budgétaires de la part du département de l’Enseignement scolaire. Malgré une proposition de 826 milliards de roupies (9,9 milliards d’euros), seules 60 milliards de roupies ont été allouées. En constatant les résultats de l’enquête, la commission a fait part de sa consternation face à de tels manques infrastructurels dans les écoles publiques. Selon l’enquête, seules 56 % des écoles publiques ont accès à l’électricité, les taux les plus bas se trouvant dans les États de Manipur (dans le nord-est du pays) et du Madhya Pradesh (centre), où moins de 20 % des écoles ont accès à l’électricité. Dans les États d’Odisha (dans l’est) et de Jammu et Cachemire (nord), moins de 30 % des écoles publiques sont dotées d’un terrain de jeu. On compte également 40 % des établissements qui n’ont pas de murs d’enceinte pour assurer la sécurité des élèves. La commission a recommandé au ministère des Ressources et du Développement humain de collaborer avec le programme NREGA (Mahatma Gandhi National Rural Employment Guarantee Act), un projet national indien pour la garantie de l’emploi, et avec le ministère de l’Électricité et des Énergies renouvelables, afin d’assurer l’accès à l’électricité à tous les établissements scolaires.

Retards et projets non aboutis

La commission parlementaire a également critiqué le gouvernement pour son retard dans la construction de salles de classe, laboratoires et bibliothèques pour les écoles publiques du secondaire supérieur (première et terminale). Sur 2 613 projets identifiés en 2019-2020, la commission a constaté que seuls trois d’entre eux ont été aboutis au cours des neuf premiers mois de l’année fiscale, en mettant en garde contre de tels retards. Par ailleurs, bien que 1 021 projets de construction de salles de classe étaient prévus au cours de l’exercice financier, pas un seul n’a abouti à ce jour. « La commission est consciente que ces retards éloignent non seulement les élèves des écoles publiques, mais qu’ils pèsent aussi sur les ressources financières du pays », a ajouté le rapport. T. K. Oommen, sociologue chrétien et ancien professeur de l’université Jawaharlal Nehru, confie que la majorité des élèves du pays, en particulier les plus pauvres, sont scolarisés dans le public. « Tout le monde est conscient de l’état de ces écoles, et c’est une des principales raisons des décrochages scolaires ou du manque de motivation des élèves. Mais maintenant que le gouvernement reconnaît le problème, c’est déjà une bonne avancée », ajoute-t-il. « Espérons que grâce aux résultats de cette enquête, le gouvernement va pouvoir combler les manques et que beaucoup d’élèves, en particulier les plus démunis, vont en bénéficier. Après tout, c’est le devoir du gouvernement de permettre l’éducation gratuite pour tous. »

(Avec Ucanews, New Delhi)


CRÉDITS

Ucanews