Eglises d'Asie – Népal
Les autorités népalaises rouvrent les frontières du pays aux alpinistes étrangers
Publié le 06/11/2020
Habituellement, en cette période de l’année, le territoire himalayen profite de la haute saison touristique. Chaque année, les touristes étrangers affluent dans la capitale, Katmandou, à Chitwan et dans la région de l’Everest, pour du tourisme, de l’escalade ou des treks himalayens – les occasions ne manquent pas dans la région. Cette année, en revanche, la pandémie de Covid-19 a empêché toute activité touristique, en affectant gravement le secteur, qui est pourtant la plus importante source de devises étrangères et le plus gros employeur dans le pays. La campagne publicitaire « Visit Nepal 2020 », également connue sous le sigle « VNY 2020 », qui prévoyait d’accueillir près de 2 millions de visiteurs étrangers dans le pays au cours de l’année, a dû être suspendue en raison des conditions sanitaires. Les conséquences économiques sont bien visibles. Les hôtels et les salons de thé accueillant habituellement les visiteurs dans les régions montagneuses ont leurs volets fermés. Les restaurants et boutiques de trekking ont un aspect désertique. Beaucoup de ces adresses, qui étaient des lieux de rassemblement pour les aventuriers étrangers depuis des décennies, font face à l’avenir avec inquiétude. L’an dernier, le secteur du tourisme a rapporté plus de 2 milliards de dollars US au Népal, l’une des nations les plus pauvres du continent asiatique.
Ouverture du pays aux alpinistes étrangers
Le mois dernier, les restrictions sanitaires ont été adaptées pour permettre aux visiteurs étrangers de revenir dans le pays après sept mois de fermeture des frontières. Une décision qui redonne espoir au tourisme népalais, qui emploie près de 800 000 personnes sur 30 millions d’habitants. La réouverture des frontières reste limitée aux amateurs de trekking et d’alpinisme. « Nous ne rouvrons pas le pays à tous les visiteurs étrangers ; seuls les montagnards et les alpinistes, qui ont obtenu des permis seront autorisés à venir au Népal », a expliqué Rudra Singh Tamang, directeur général du département népalais du Tourisme, interrogé le 3 octobre par Associated Press. « Nous ouvrons le pays à un type de visiteurs que nous connaissons et que nous pouvons gérer », a-t-il ajouté. Le Népal compte 8 des 14 sommets les plus élevés au monde, dont le mont Everest. Les alpinistes, avant de pouvoir accéder aux sommets, doivent passer un test PCR. Les guides népalais, les intendants, les porteurs et autres aides doivent également faire un test et prouver qu’ils viennent d’une région où le virus n’a pas circulé depuis au moins deux semaines. Le gouvernement a imposé une quarantaine de sept jours pour tous les étrangers entrant dans le pays, ainsi qu’une « assurance Covid-19 » s’élevant à 5 000 dollars.
La propagation du coronavirus reste une inquiétude majeure dans le pays, alors que ces dernières semaines, le Népal a enregistré plus de 2 500 nouvelles infections quotidiennes, dont la majorité dans la région de Katmandou. À ce jour, le Népal a enregistré plus de 176 500 infections dont 984 décès. Alors que les hôpitaux népalais manquent de lits, les autorités ont demandé aux patients sans symptômes graves de rester isolés chez eux. Certains médecins népalais affirment que des personnes fortunées et influentes ont accaparé des lits dans les hôpitaux, au détriment des plus démunis. Ils ajoutent que beaucoup d’infections sont liées à des travailleurs migrants népalais revenant d’Inde – le deuxième pays au monde en termes de nombre d’infections positives au Covid-19, après les États-Unis. Les affaires économiques népalaises sont étroitement liées à ce qui se passe en Inde, mais le tourisme a aidé le Népal à développer son économie plus rapidement que son voisin – avec une croissance de presque 6 % en 2019. Les habitants des régions montagneuses ont été particulièrement affectés par l’arrêt du tourisme. Habituellement, ils parviennent à gagner suffisamment d’argent au printemps et en automne pour tout le reste de l’année. Cette année, malheureusement, de nombreux sherpas et guides de montagne ont perdu leur travail.
De nombreux migrants népalais revenus au pays
La situation est d’autant plus problématique pour le pays que les habitants ne reçoivent pas non plus d’aides financières de l’extérieur – habituellement envoyées par les travailleurs migrants népalais depuis l’étranger. Durant les périodes plus favorables, plusieurs millions de Népalais vont travailler dans les pays du Golfe, en occupant des emplois précaires comme agents de sécurité ou domestiques, afin d’envoyer de l’argent à leurs proches. Cette année, beaucoup d’entre eux ont été licenciés. L’an dernier, ils ont envoyé en tout près de 9 milliards de dollars au Népal. Le pays, où le revenu moyen est de près de 3 dollars par jour, les plus démunis se reposent particulièrement sur ces aides envoyées par leurs proches. Avec l’approche de la fête hindoue de Tihar, ou festival des lumières (du 13 au 16 novembre), les autorités sanitaires népalaises ont mis en garde sur les risques de propagation du virus dans le pays au cours des prochains jours. « Même si le Népal est ouvert aux touristes étrangers, la situation n’est pas favorable au tourisme actuellement », a affirmé Ashok Pokharel, président de l’Association népalaise des agences de voyages (Nepal Association of Tour Operators). Selon lui, la décision du gouvernement n’entraînera sans doute pas beaucoup d’améliorations à court terme pour l’économie népalaise.
(Avec Ucanews)
Crédit : PawanKawan