Eglises d'Asie – Corée du sud
Les blessures toujours vives, un an après la bousculade d’Halloween à Itaewon
Publié le 04/11/2023
Ce 31 octobre, la fête d’Halloween a rappelé des souvenirs pénibles en Corée du Sud, un an après la bousculade survenue à Séoul, le 29 octobre 2022 lors du festival d’Halloween à Itaewon, un quartier de la capitale. La catastrophe a fait au moins 159 morts et 133 blessés, dont une majorité étaient âgés d’une vingtaine d’années.
Il s’agit d’une des pires catastrophes survenues en Corée du Sud depuis le naufrage du ferry Sewol en 2014, qui avait tué plus de 300 personnes. La bousculade a poussé les autorités à renforcer les mesures de sécurité, notamment à l’aide de l’intelligence artificielle, afin d’identifier les rassemblements potentiellement dangereux. Cependant, les conséquences juridiques de la tragédie sont toujours actuelles, alors que de nombreuses familles de victimes attendent que justice leur soit rendue.
Après la catastrophe, le gouvernement du président sud-coréen Yoon Suk-yeol a fait l’objet de nombreuses critiques dans le pays. Ainsi, en février dernier, l’Assemblée nationale sud-coréenne a destitué le ministre de l’Intérieur Lee Sang-min, le forçant à démissionner. Toutefois, la Cour constitutionnelle du pays a contesté cette décision quelques mois plus tard, en soulignant qu’une seule personne ne pouvait être rendue responsable d’une tragédie provoquée par un échec lié à de multiples agences gouvernementales.
Un des premiers événements sociaux postpandémie en Corée du Sud
Immédiatement après la bousculade, la police a été dénoncée pour sa réaction. On compte seulement un peu plus de 130 policiers qui ont été déployés à Itaewon ce soir-là, dont environ une cinquantaine en uniforme ; soit un nombre insuffisant pour gérer les foules qui s’étaient rassemblées dans le quartier pour les festivités.
La fête d’Halloween de l’an dernier était aussi l’un des premiers événements sociaux postpandémie dans le pays. Selon le quotidien coréen The Korea Herald, qui cite des chiffres du métro de Séoul, le soir du 29 octobre 2022, près de 130 000 personnes ont voyagé vers et depuis la station d’Itaewon durant la soirée l’an dernier, soit presque 30 % de plus par rapport au 26 octobre 2019, le dernier week-end d’Halloween fêté en Corée du Sud avant les confinements liés au Covid-19.
Une enquête dont les résultats ont été rendus publics cette année souligne aussi le manque de mesures de sécurité adaptées. Selon l’enquête, ce soir-là, en plus de leur insuffisance en nombre, la police a ignoré des appels d’urgence répétés de la part de piétons qui signalaient une augmentation dangereuse du nombre de personnes dans une rue – large de seulement quatre mètres – juste avant la catastrophe.
Des procès-verbaux des commissariats locaux indiquent que plusieurs appels ont été reçus presque quatre heures avant les premiers décès rapportés. Finalement, l’enquête a mené à l’arrestation de six personnes dont les procès sont toujours en cours. Mais selon les familles des victimes, les personnes accusées sont des petits fonctionnaires municipaux, ce qui disculpe au passage les plus hauts fonctionnaires. Aujourd’hui laissées livrées à elles-mêmes, les familles des victimes cherchent à faire voter des lois spéciales qui nécessiteraient des enquêtes indépendantes sur de telles affaires. Une proposition a été soumise à l’Assemblée nationale et pourrait être approuvée durant la session de décembre prochain.
(Avec Asianews)