Eglises d'Asie

Les carmélites de Hué célèbrent les premiers vœux de trois religieuses dans le cadre d’une année jubilaire

Publié le 01/07/2021




Le jeudi 24 juin, le Carmel de Hué a célébré les premiers vœux temporaires de trois religieuses et inauguré une nouvelle hôtellerie pour les visiteurs, dans le cadre d’une année jubilaire marquant les 25 ans du retour des carmélites de Hué dans leur ancien monastère. En 1975, elles avaient dû fuir la Guerre du Vietnam, et elles n’ont pas pu y retourner avant 1996. La semaine dernière, les carmélites vietnamiennes ont également évoqué une ancienne carmélite défunte, sœur Marie Agnès Nguyen Thi Ngoc (1902-1941), honorée pour le témoignage de sa foi et de sa vocation.

Le 24 juin, trois carmélites de Hué, dans le centre du Vietnam, ont prononcé leurs premiers vœux.

Les carmélites du monastère de Hué, dans le centre du Vietnam, ont fêté les premiers vœux temporaires de trois religieuses et inauguré une nouvelle hôtellerie pour les visiteurs. Ces événements, célébrés le 24 juin, s’inscrivent dans une année jubilaire marquant les 25 ans du retour des carmélites dans leur ancien monastère de Hué. Début 1975, en effet, les religieuses ont dû déménager à Saïgon (aujourd’hui Hô-Chi-Minh-Ville) afin d’échapper aux conséquences de la Guerre du Vietnam. Leur monastère a été saisi par l’armée et n’a pas été rendu à la communauté avant 1996. Depuis sa fondation en 1909 par cinq carmélites de Hanoï, le monastère de Hué a attiré de nombreuses vocations vietnamiennes. L’ordre carmélite compte cinq autres monastères dans le pays. Parmi les carmélites vietnamiennes, sœur Marie Agnès Nguyen Thi Ngoc (1902-1941) est reconnue parmi les religieuses pour son témoignage de foi. Née dans une famille confucéenne à Hué en 1902, elle a été appelée Chon Nhu Ngo. Son père était Nguyen Van Mai, un mandarin de haut rang, et sa mère, Phan Thi, était la seconde épouse de ce dernier.

La future carmélite a été scolarisée dans une école française jusqu’en 1916. Elle a ensuite enseigné dans une école pour filles de la province de Khanh Hoa, où son frère, Joseph Marie Nguyen Van Thich, enseignait également dans une autre école. Elle est allée travailler dans la province de Ha Tinh quand son frère Joseph Thich, baptisé en 1911, a quitté sa famille pour entrer au séminaire de Hué en 1917. Il a été ordonné prêtre en 1926. Mgr Eugene Marie Joseph Allys, évêque de Hué de 1908 à 1930 et membre des Missions Étrangères de Paris, qui a établi le monastère carmélite local, a écrit : « Ses parents connaissaient sa volonté de se convertir comme son frère au catholicisme, mais ils ont fait tout ce qu’ils ont pu pour l’empêcher. Ils ont confisqué tous ses objets religieux que son frère lui avait donnés, et ils l’ont éloignée de lui en l’envoyant dans une région éloignée durant les vacances d’été. » « Son père, qui craignait qu’elle soit baptisée en secret comme son frère si elle retournait dans la province de Ha Tinh, lui a demandé de venir enseigner dans une école de Hué. Ses actions ont en fait involontairement permis à Marie Agnès Thi Ngoc de vivre dans des lieux où elle pourrait enfin cheminer vers le catholicisme comme elle le voulait », a-t-il raconté.

Une foi inspirante et déterminée

« Il est difficile d’imaginer à quel point son père était en colère, et sa mère accablée, quand ils ont appris que leur fille s’était enfuie. Avec d’autres personnes, ils l’ont recherché dans la ville, et en particulier dans les couvents et monastères. Finalement, ils ont reçu une lettre expliquant qu’elle était dans un monastère de carmélites et qu’elle y resterait jusqu’à ce qu’elle devienne catholique », a expliqué l’ancien évêque de Hué. « Sa mère est venue la voir au monastère, et Marie Agnès Ngoc lui a dit qu’elle était déterminée dans sa foi et sa vocation religieuse. Sa mère a réagi fortement, en criant et en la menaçant, en vain. Le jour suivant, elle est revenue au monastère avec sept de ses frères et sœurs. Bien que bousculée par les reproches de ces derniers, elle a pu répondre avec des paroles de consolation et des conseils bienveillants. Suite à cela, deux d’entre eux ont demandé à se convertir eux aussi. Leur mère, déconcertée, s’est tournée vers son mari. Celui-ci, furieux, lui a ordonné quelques jours plus tard de le suivre immédiatement. Sa fille a répondu sans peur en expliquant qu’elle était prête à subir des tortures s’il le fallait, mais qu’elle restait déterminée. Il a fini par abandonner en prévenant qu’il reviendrait. »

Deux semaines plus tard, elle a été baptisée et a reçu les noms chrétiens de Marie Agnès. Elle a rejoint la communauté et elle a prononcé ses premiers vœux en 1921, en présence de sa famille, y compris de son père. À cause de problèmes de santé, sœur Ngoc a ensuite rejoint les Filles de Marie Immaculée en 1926. Elle est décédée en 1941. Son père s’est également converti au catholicisme avant sa mort en 1945. Deux de ses neveux et nièces, inspirés par la vocation de sœur Marie Agnès Ngoc, ont rejoint les ordres.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews