Eglises d'Asie

Les catholiques philippins gardent la foi malgré les restrictions sanitaires et les quarantaines

Publié le 02/10/2020




L’archidiocèse de Manille a annoncé que le deuxième dimanche d’octobre, à l’occasion de la fête de Notre-Dame de La Marine (La Naval de Manila), les processions et messes publiques habituellement célébrées n’auront pas lieu. De même, les responsables catholiques du pays ont annoncé que les 1er et 2 novembre, à l’occasion des fêtes de la Toussaint et de la Commémoration des fidèles défunts, les visites aux cimetières seront annulées. Malgré les restrictions sanitaires, cependant, les communautés catholiques philippines résistent en adaptant leur façon de pratiquer leur foi et de célébrer les fêtes religieuses.

Des Philippins rassemblés dans l’archidiocèse de Caceres, à Naga, pour la fête de Notre-Dame de Penafrancia. Cette année, la procession habituellement organisée le 3e dimanche de septembre a été annulée.

Le cardinal Gaudencio Borbon Rosales, archevêque émérite de Manille, a dit un jour dans une de ses homélies que les Philippins ne mangent qu’une fois par jour : « Nous commençons le matin, et nous finissons le soir. » En parlant ainsi, le cardinal Rosales évoquait l’amour des Philippins pour les célébrations et les festivités, souvent liées aux fêtes de leurs saints patrons. L’ancien archevêque de Manille assurait ainsi que ses compatriotes saisissent la moindre occasion de rassembler leurs amis et leurs proches pour faire la fête. Le 1er octobre, jour de la fête de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face en était une, tout comme le 2 octobre, fête des saints anges gardiens. Chaque paroisse philippine a son saint patron et son jour de fête selon le calendrier liturgique de l’Église catholique. Les fêtes les plus populaires sont appelées fiestas, un mot espagnol évoquant les plus grands rassemblements, qui décrit les festivités héritées par les Philippins d’une riche tradition espagnole.

Aux Philippines, en tant que pays majoritairement catholique, les célébrations religieuses restent très marquées par la tradition espagnole, honorant les saints patrons dans chaque province et dans chaque ville de l’archipel. Chaque paroisse philippine et chaque communauté catholique a donc sa propre fiesta, selon le jour de son saint patron. Ces fêtes sont généralement célébrées avec des neuvaines de messes et des parades, voire d’autres festivités organisées comme des concours de beauté. Le jour de la fête, les familles préparent les plats traditionnels pour les invités. Les fidèles participent aux processions, souvent accompagnées par des fanfares. Le point culminant de la fête arrive avec la messe, puis les familles rentrent chez elles pour un déjeuner festif. Des visiteurs arrivent d’autres paroisses ou d’autres villages, et les familles hôtes les accueillent avec des repas de fête.

Les visites aux cimetières du 2 novembre annulées

Aujourd’hui, avec les protocoles de quarantaine toujours en vigueur, les Philippins ont changé leur façon de célébrer les fiestas et les fêtes religieuses. La fête de Notre-Dame du Très Saint Rosaire de La Marine de Manille (La Naval de Manila), est habituellement célébrée chaque deuxième dimanche d’octobre avec des neuvaines de messes et des processions, en présence de plusieurs milliers de fidèles suivant la statue mariale de La Naval. Mais l’archidiocèse de Manille a déjà annoncé qu’il n’y aura aucune procession ni aucune messe publique. Par ailleurs, les diocèses philippins ont déjà annulé les visites aux cimetières à l’occasion du 1er et du 2 novembre, pour la Toussaint et la Commémoraison des fidèles défunts. Pourtant, si les catholiques philippins n’ont pas pu se rendre à l’église et participer aux fêtes religieuses et populaires à cause de la situation sanitaire, ils ont gardé la foi. Ainsi, beaucoup de fidèles ont eu recours à Internet pour participer à des neuvaines de prières et des messes diffusées en ligne, et des messes en direct ont été célébrées tous les jours par le clergé. La pandémie a changé la façon dont les catholiques philippins pratiquent leur foi. Avant la crise sanitaire, beaucoup de Philippins ressentaient le besoin de toucher la statue de leur saint patron. Aujourd’hui, il n’est pas toujours évident de pouvoir entrer dans leur église paroissiale, et certains ont appris à pratiquer leur foi au-delà de certaines « superstitions » religieuses. Les Philippins ont changé leurs pratiques de dévotion face au Covid-19, avec une prière et des pratiques plus intérieures et solitaires. Durant cette période, les Philippins et de nombreux fidèles catholiques à travers le monde ont été appelés à pratiquer leur foi de façon plus profonde et intérieure.

(Avec Ucanews, Manille)


CRÉDITS

Ucanews