Eglises d'Asie

Les catholiques sud-coréens appellent à développer l’accompagnement face au suicide

Publié le 10/03/2023




Selon une enquête nationale sur la santé mentale liée au Covid-19 menée en août dernier par le ministère coréen de la Santé et des Affaires sociales, le nombre de personnes ayant admis avoir eu des pensées suicidaires a été multiplié presque par trois entre 2019 et 2022. « L’Église intervient dans la vie des gens, de la naissance à la mort, et elle prend soin d’eux. De même, les centres pastoraux catholiques doivent tenter de résoudre leurs problèmes », souligne le père Hong Sung-nam, directeur d’un centre à Séoul.

Le quartier d’Itaewon, à Séoul. La Corée du Sud a enregistré un taux de suicide de 26 (pour 100 000 habitants) en 2021 (contre 25,7 en 2020).

Plusieurs organisations catholiques sud-coréennes ont appelé à créer plus de centres de psychothérapie et à former davantage de thérapeutes face à une hausse du taux de suicide. Dans ce contexte, ils ont également demandé à l’Église locale de favoriser un accompagnement pastoral dans le cadre des actions pastorales.

« L’Église intervient dans la vie des gens, de la naissance à la mort, et elle prend soin d’eux. De même, les centres pastoraux catholiques doivent tenter de résoudre leurs problèmes », souligne le père Mathieu Hong Sung-nam, directeur d’un centre d’accompagnement psychologique et spirituel (Catholic Psycho-Spiritual Counseling Center) de l’archidiocèse de Séoul.

Selon l’Association américaine de l’accompagnement pastoral, il s’agit d’utiliser les ressources spirituelles ainsi qu’une approche psychologique afin d’aider les personnes accompagnées à guérir et à grandir. Ces accompagnements doivent être assurés par des conseillers certifiés, qui sont non seulement des professionnels qualifiés dans le domaine de la santé mentale, mais qui ont également suivi une formation religieuse et/ou théologique approfondie.

Selon une enquête nationale sur la santé mentale liée au Covid-19 menée en août dernier par le ministère coréen de la Santé et des Affaires sociales, le nombre de personnes ayant admis avoir eu des pensées suicidaires a été multiplié presque par trois entre 2019 (4,6 %) et 2022 (12,7 %). Par conséquent, la demande de soutien psychologique a également considérablement augmenté.

Une situation renforcée par la crise économique

En moyenne, le nombre d’appels mensuels enregistré par les lignes d’assistance pour la prévention du suicide a plus que doublé, en passant de 7 457 en 2019 à 15 535 en 2022. Le nombre de personnes sollicitant les plateformes d’accompagnement psychologique en ligne a également dépassé 1,5 million. Par ailleurs, la Corée du Sud a enregistré un taux de suicide de 26 pour 100 000 habitants en 2021, contre 25,7 en 2020, selon The Economic Times.

Le père Matthieu Cho Young-su, un responsable du centre d’accompagnement Good Neighbor Counseling Office, du diocèse de Chuncheon, estime que l’image positive de l’Église en Corée est un facteur qui favorise la confiance du public vis-à-vis des établissements catholiques. « La confiance est un élément essentiel pour l’accompagnement, et les Églises coréennes sont vraiment reconnues par la société. Donc elles ont la capacité d’apporter des soins pastoraux », assure le père Cho.

Il ajoute que la crise économique causée par le Covid-19, la guerre en Ukraine et les tensions sociopolitiques locales a augmenté le besoin d’avoir « un voisin, quelqu’un qui puisse aider les gens à apaiser leur esprit ». Toutefois, les responsables catholiques coréens évoquent un manque de centres d’accompagnement et de personnel qualifié, qui empêche d’apporter une aide adaptée à toutes les victimes potentielles.

75 % des personnes âgées pensent que la dépression est un signe de faiblesse

En Corée du Sud, de nombreux habitants considèrent le fait de solliciter une aide psychologique comme une faiblesse et un tabou, ce qui dissuade certains de parler de leurs problèmes en public. Les chiffres officiels montrent que seuls 20 % des Sud-Coréens ont recours à un accompagnement psychologique, et que presque 75 % des personnes âgées pensent que la dépression et autres problèmes mentaux sont des signes de faiblesse.

En 2021, on comptait une dizaine d’établissements psychologiques dans la province de Chungnam, selon le site statista.com. Il y a 59 centres similaires à l’échelle nationale, un nombre inchangé depuis plus d’une décennie. Gangwon est la seule province sans aucun centre adapté.

Le père Marc Lee Geum-jae, directeur d’un centre d’accompagnement pastoral du diocèse de Jeonju, insiste pour que l’Église locale suive les pas du Christ en tendant la main à ceux qui ont le plus besoin d’aide psychologique : « Jésus était le conseiller le plus exemplaire, qui sympathisait avec ceux qui venaient à lui, il les embrassait, les acceptait, il leur donnait la guérison et de nouvelles opportunités. »

(Avec Ucanews)