Eglises d'Asie – Vietnam
Les catholiques vietnamiens engagés pour la protection de la vie
Publié le 19/02/2020
Pour les catholiques vietnamiens, protéger chaque vie et sensibiliser les jeunes contre les cultures de mort comme l’avortement est une mission plus urgente que jamais. Selon les chiffres indiqués par les organisations internationales de santé, le Vietnam est en tête des pays asiatiques en terme de taux d’avortement, et cinquième à l’échelle mondiale. L’Église vietnamienne est particulièrement inquiète concernant la forte proportion du nombre d’avortement chez les adolescentes, qui représentent 20 % de l’ensemble des femmes qui ont recours à une interruption de grossesse. Selon les chiffres officiels du gouvernement vietnamien, on compte entre 275 000 et 300 000 avortements par an dans le pays. Toutefois, les groupes pro-vie estiment que les chiffres réels sont bien plus élevés, et qu’ils se situeraient plutôt entre 1,2 et 1,6 million d’avortements, en comptant les avortements illégaux. Bien que les directives du ministère de la Santé autorisent les avortements jusqu’à six semaines, certaines cliniques et établissements de santé pratiquent des interruptions de grossesse jusqu’à dix semaines. Les médecins de l’Hôpital central obstétrique de Hanoï affirment que 40 % des femmes enceintes vietnamiennes ont recours à un avortement. Les pères rédemptoristes sont engagés dans des programmes de défense de la vie dans le pays depuis de nombreuses années, afin de sensibiliser les jeunes et les adolescents sur les dégâts irréversibles qu’entraîne l’avortement. De nombreux prêtres, religieux et laïcs participent à des sessions de formation intensives, et invitent les jeunes à prendre part aux activités sociales et caritatives. Des médecins et experts proposent également aux jeunes un soutien psychologique. Depuis 2009, de nombreux groupes pro-vie se sont associés aux Caritas diocésaines afin de lancer des programmes de prévention contre l’avortement.
Jardin des anges : des cimetières dédiés aux fœtus
Ces programmes passent par des sessions sur les enseignements de l’Église sur le couple et la vie de famille, et par des enterrements de fœtus dans les cimetières appelés « angel gardens » (jardins des anges), situés dans de nombreuses communautés catholiques à travers le pays, où les enfants à naître peuvent être enterrés dignement. Ainsi, à Li Lam et Ngoc Lam, deux paroisses du diocèse de Bac Ninh, dans le nord du Vietnam, les fidèles ont enterré respectivement 6 000 et 8 000 fœtus. Tous les ans, de nombreux laïcs, étudiants et membres du diocèse rendent visite aux deux paroisses pour prier et célébrer la messe en leur mémoire. Durant une célébration organisée courant février, Mgr Cosma Hoang Van Dat, évêque de Bac Ninh, a déclaré que « ces enfants ont le droit de vivre, mais leurs parents les ont tués sans pitié ». « Ces gens ont empêché des milliers de naissances. Le meurtre est un crime grave, mais tuer un enfant à naître est bien pire », a-t-il martelé. On trouve heureusement des personnes comme Tong Phuoc Phuc, dont l’histoire est bien connue parmi les catholiques vietnamiens. En vingt ans, avec sa femme, ce menuisier à la retraite, originaire de Puong Sai dans le district de Nha Trang, sur la côte sud, a enterré près de 20 000 fœtus. Ils ont également ouvert un centre d’accueil pour les enfants non désirés, afin de sauver plusieurs centaines d’entre eux de l’avortement. Tong Phuoc Phuc a également construit un cimetière dédié aux enfants à naître à Dien Lam, sur une colline, située à environ 19 km du centre-ville.
« Je ne connais pas les pères et les mères de ces enfants. Mais quand je prépare les tombes, je les nomme d’après des noms de saints. Certains ont déjà des noms choisis par leurs parents, catholiques et non catholiques », explique-t-il. « Quand j’ai commencé ce service, beaucoup de personnes étaient méfiantes. ‘M. Phuc, qu’est-ce qui peut pousser un menuisier à aller demander les dépouilles de ces enfants ?’ me demandaient certains. Je leur ai répondu : ‘Je les emmène pour les enterrer.’ » Avec le temps, explique-t-il, ses voisins et sa communauté ont commencé à comprendre son travail. « Beaucoup de catholiques et de personnes d’autres religions ont participé à mon projet pour protéger la vie. Certains m’ont donné du sable ou des briques, tous avec empressement. » Un jour, après un incident particulièrement poignant, il a constaté que ce qu’il faisait n’était pas encore suffisant. « Un après-midi, alors que j’enterrais le 247e fœtus, une adolescente est venue me voir en me demandant : ‘Est-ce que vous avez enterré mon bébé hier ?’ Donc je l’ai emmenée voir la tombe. Et je me suis dit : ‘Si je me limite aux enterrements, comment puis-je sauver des vies ? Je dois faire davantage. » En quinze ans, avec sa femme, il est venu en aide à 250 femmes en difficulté, en les convainquant de renoncer à l’avortement. Ainsi, des membres de sa famille ont adopté plus de 50 enfants. Il lui est arrivé d’avoir tellement d’enfants à prendre en charge qu’il a dû demander l’aide d’un centre d’accueil de la ville de Cam Ranh, dans la province de Khanh Hoa.
(Avec Asianews, Hanoï)
CRÉDITS
Asianews