Eglises d'Asie

Les catholiques vietnamiens saluent l’installation d’un représentant papal résident

Publié le 01/08/2023




Le 27 juillet, le président vietnamien Vo Van Thuong a rencontré le pape François et le cardinal Parolin au Vatican, afin de conclure « l’Accord sur le statut du représentant pontifical résident et le bureau du représentant pontifical résident au Vietnam ». Ces rencontres ont eu lieu à la suite de la 10e session du groupe de travail conjoint entre le Saint-Siège et le Vietnam, qui s’est tenue le 31 mars. Les catholiques vietnamiens se réjouissent de ce nouvel accord.

Mgr Marek Zalewski, second représentant non-résident du Saint-Siège au Vietnam, le 14 juillet dernier dans la cathédrale de Qui Nhon.

Le Vietnam a accepté l’installation d’un représentant papal résident et l’ouverture d’un bureau dans le pays, dans le cadre d’un accord signé le 27 juillet dernier au Vatican. Cette évolution marque une amélioration des relations diplomatiques entre le Vatican et le pays d’Asie du Sud-Est, qui compte environ 6,5 millions de catholiques.

La décision a été annoncée à l’occasion d’une tournée du président vietnamien Vo Van Thuong en Europe, durant laquelle il a rencontré le pape François et d’autres responsables de la curie romaine dont le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège. Durant ces rencontres, les deux parties ont exprimé leur « haute appréciation des progrès remarquables des relations entre le Vietnam et le Vatican, et des contributions positives de la communauté catholique au Vietnam à ce jour », selon un communiqué conjoint publié le 27 juillet.

Il n’y aura toujours pas de relations diplomatiques à part entière, mais depuis 2011, le Vatican avait déjà un représentant papal non-résident au Vietnam. La visite du président vietnamien a été organisée à la suite de la 10e session du groupe de travail conjoint entre le Vietnam et le Saint-Siège (qui s’est tenue le 31 mars dernier en présence).

Le nouvel accord signé au Vatican résulte d’efforts entrepris dès 2009 en vue d’améliorer les relations entre les deux États. Le pape Benoît XVI a rencontré le président vietnamien Nguyen Minh Triet en 2009, et le Premier ministre Nguyen Tan Dung en 2007. Après la poursuite du dialogue entre les deux parties, le Vietnam a accepté que le Vatican nomme un représentant non-résident en 2011.

Le président des évêques vietnamiens invite à « rendre grâce »

« Nous sommes ravis de cet accord », assure Pierre Ta Dinh Vui, responsable du mouvement Couples pour le Christ (Couples for Christ) basé à Hô-Chi-Minh-Ville, dans le sud du Vietnam. L’homme de 76 ans décrit l’accord comme « la première étape des deux parties vers la synodalité, dans un esprit de compréhension mutuelle, de respect et de dialogue ».

Il estime que cela devrait pousser les catholiques du pays « à devenir le sel et le levain dans la société, et à contribuer positivement au développement national et à la prospérité ». Selon Pierre Vui, beaucoup de gens espèrent que l’Église locale ait davantage d’espace pour agir, pour ses activités religieuses, éducatives, médicales et culturelles, avec un possible assouplissement des politiques religieuses en vigueur.

Mgr Joseph Nguyen Nang, président de la Conférence épiscopale vietnamienne et archevêque de Hô-Chi-Minh-Ville, a également appelé les catholiques vietnamiens à rendre grâce. « La présence permanente d’un vicaire apostolique aidera le peuple de Dieu à sentir la communion concrète avec le Saint-Père, et à vivre et témoigner plus activement de l’Évangile au milieu du peuple », a-t-il confié dans un communiqué publié le 28 juillet. L’évêque a ajouté que l’accord est une nouvelle étape des relations Vietnam-Vatican, destinées à continuer de s’améliorer « pour que nous ayons un jour l’opportunité d’accueillir le pape ».

Environ 6,6 % de catholiques au Vietnam

Tous les biens de l’Église locale ont été confisqués après la réunification du Vietnam en 1975 sous le régime communiste. Selon sœur Marie Vu Thi Chuong, membre de la congrégation des Amantes de la Croix et basée à Cho Quan (Hô-Chi-Minh-Ville), l’amélioration des relations entre les deux parties donnera aussi l’occasion aux fidèles de mieux servir le pays.

Par ailleurs, le père Jean Le Ngoc Quynh, 56 ans, responsable de la station missionnaire de Gio An dans la province centrale de Quang Tri, espère que le futur représentant papal résident pourra travailler avec le gouvernement afin d’alléger les règles religieuses et de soutenir la liberté religieuse dans les régions les plus reculées. Il souligne en effet que dans son district, l’accès aux activités religieuses est réprimé abusivement depuis presque 50 ans. Il confie ainsi qu’il n’a pas pu célébrer Noël chez des catholiques lors d’une visite en 2020.

De son côté, Marie Tran Thi Thuy, une catéchiste de la paroisse de Cang Huong Ly (province de Yen Bai), estime que la signature de l’accord n’est que le début, et qu’il faudra plus de temps pour que le Vietnam et le Saint-Siège se comprennent mutuellement et qu’ils résolvent les différents problèmes d’ordre religieux. Marie Thuy, âgée de 57 ans, membre d’une minorité ethnique vivant dans une région reculée, explique que la vie de foi de sa communauté rencontre des difficultés. « Nous ne disposons d’aucun terrain pour construire des infrastructures, et nous ne sommes pas parvenus à obtenir une autorisation du gouvernement pour les communautés locales », assure-t-elle.

Près de 6,6 % des Vietnamiens sont catholiques (soit environ 6,5 millions de fidèles), selon le recensement officiel de 2019, ce qui en fait une des religions organisées les plus pratiquées dans le pays. On compte près de 3 000 paroisses, 7 700 infrastructures et 11 séminaires pour environ 8 000 prêtres et 41 évêques actifs.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

gpquinhon.org / Ucanews