Eglises d'Asie

Les chrétiens du Chhattisgarh demandent protection contre les violences dans le centre de l’Inde

Publié le 02/03/2023




Le 23 février, une délégation du forum œcuménique EUF (Ecclesia United Forum) a rencontré le ministre en chef de l’État central du Chhattisgarh, Bhupesh Baghel, afin de lui demander de protéger les communautés chrétiennes locales face aux violences. Le père Johnson Thekkadayil, membre de la délégation et basé au Chhattisgarh, explique qu’ils ont appelé à prendre des « mesures immédiates » contre « les attaques brutales ciblant les chrétiens, en particulier dans les régions indigènes ».

Des chrétiens de Delhi, le 30 mars 2018, le jour du Vendredi Saint.

Les chrétiens de l’État central du Chhattisgarh ont à nouveau appelé, leur ministre en chef, Bhupesh Baghel, à les protéger alors que plusieurs centaines de chrétiens indigènes de la région continuent de vivre dans la forêt par crainte des violences.

Une délégation du forum œcuménique EUF (Ecclesia United Forum) a rencontré Bhupesh Baghel le 23 février afin de lui demander de prendre des « mesures immédiates », explique le père Johnson Thekkadayil, qui vit au Chhattisgarh. « Les attaques brutales ciblant les chrétiens du Chhattisgarh, en particulier dans les régions indigènes, se poursuivent toujours à un rythme soutenu », ajoute-t-il.

Les chrétiens de la région de Bastar, majoritairement Adivasis (indigènes), ont subi une vague de violences sans précédent, sous la forme de boycotts sociaux, d’attaques et d’expropriation territoriale. La situation au cours des six derniers mois a forcé plus d’un millier d’entre eux à fuir de chez eux par sécurité.

Le gouvernement de l’État, dirigé par le parti de l’opposition du Congrès, affirme protéger la laïcité mais les responsables chrétiens de la région estiment qu’il ne protège pas suffisamment les chrétiens. Le gouvernement, de son côté, assure que son administration a rétabli la paix dans la région et que les chrétiens qui avaient pris la suite sont rentrés chez eux. Il affirme également avoir agi fermement contre les coupables.

« Ils ne peuvent rentrer chez eux par peur d’être attaqués »

Selon les responsables chrétiens du Chhattisgarh, l’action des autorités locales reste inadaptée. « Plusieurs centaines de chrétiens survivent toujours dans la nature sans nourriture, sans toit ni vêtements. Ils ne peuvent rentrer chez eux par peur d’être attaqués et tués », ajoute le père Thekkadayil. « Les églises sont maintenues fermées. Certains disent même que la police ne permet pas aux chrétiens de se rassembler chez eux pour prier », poursuit-il.

« Des chrétiens sont toujours chassés, torturés et mutilés dans cette région indigène, et ils sont menacés afin de les pousser à renoncer à leur foi dans le Christ », a affirmé la délégation chrétienne dans sa déclaration adressée au ministre en chef. Les chefs de villages « leur imposent ce qu’ils doivent croire, où ils doivent travailler, vivre et aller », a ajouté la délégation dans son communiqué, en dénonçant une atteinte aux droits fondamentaux et constitutionnels des villageois chrétiens.

« Des femmes et des enfants sont déshabillés de force et agressés » pour avoir enfreint leurs interdictions, a ajouté la délégation. « Les chrétiens n’ont pas le droit d’enterrer leurs morts. Les attaquants déterrent les corps et forcent les chrétiens à les emmener hors de leurs terres et de leurs villages. Ils seraient aussi forcés de consommer de l’alcool et de participer à des pratiques superstitieuses. »

Les chrétiens forment 2 % de la population du Chhattisgarh sur 30 millions d’habitants

Selon le communiqué, des commerçants sont également interdits de vendre de la nourriture, des médicaments et autres produits aux chrétiens. « Des chrétiens n’ont pas non plus le droit de puiser de l’eau dans les puits publics », ont poursuivi les responsables chrétiens du Chhattisgarh. « Les églises et les maisons chrétiennes sont attaquées, pillées et démolies avec des bulldozers. Les documents fonciers des chrétiens sont volés et brûlés », ont-ils affirmé. Selon eux, des chrétiens indigènes sont aussi arrêtés et envoyés en prison sans aucun fondement, « et peu d’entre eux ont été libérés au bout de plusieurs semaines, sans explication ». « Les chrétiens au Chhattisgarh sont devenus des réfugiés dans leur propre État, et ils continuent de vivre dans la peur. »

Le père Thekkadayail confie que le ministre en chef lui a assuré son soutien pour la défense de la paix et de l’harmonie dans la région. Le 2 janvier, Mgr Victor Henry Thakur, archevêque de Raipur, a également appelé le ministre en chef à protéger les chrétiens après une attaque contre l’église du Sacré-Cœur dans le district de Narayanpur. Une foule a tout détruit à l’intérieur de l’édifice, dont un crucifix.

Les chrétiens représentent moins de 2 % de la population locale sur plus de 30 millions d’habitants, dont une majorité d’hindous et de religions indigènes.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews