Eglises d'Asie

Les chrétiens du Rajasthan se tournent vers la Cour Suprême pour défendre la liberté religieuse

Publié le 09/04/2019




Plusieurs organisations chrétiennes, dont le groupe ADF India (Alliance Defending Freedom), ont déposé une requête auprès de la Cour Suprême à propos d’une décision de la Haute Cour de l’État du Rajasthan, dans le nord de l’Inde. Le 14 décembre dernier, celle-ci déclarait qu’une personne voulant changer de religion devait en informer les autorités du district concerné, lors d’une affaire concernant le cas d’une femme hindoue mariée à un musulman, qui se serait convertie à l’islam. Depuis, le 5 avril, la Cour Suprême indienne a retardé l’audience concernant la requête. Les militants pour la liberté religieuse dans le pays placent pourtant leurs espoirs dans la décision de la Cour Suprême.

Les chrétiens et militants pour la liberté religieuse en Inde placent leurs espoirs dans la Cour Suprême contre une décision controversée d’un tribunal d’État sur les changements de religion. Le 5 avril, la Cour Suprême indienne a retardé une audience concernant une requête contre une décision de la Haute Cour de l’État du Rajasthan, affirmant que cette décision est contraire à la liberté religieuse garantie par le Constitution. La Cour Suprême a reporté l’audience car le gouvernement fédéral a demandé plus de temps pour répondre à la requête. Les auteurs de la requête ont réagi suite à la décision de la Cour du Rajasthan, datant du 14 décembre 2018. Le tribunal examinait alors le cas d’une femme hindoue mariée à un musulman, qui se serait convertie à l’islam. La Cour a affirmé, entre autres, qu’une personne voulant changer de religion devait en informer les autorités du district concerné. La décision de la Cour du Rajasthan « porte atteinte aux droits fondamentaux de tous les citoyens » et viole la Constitution indienne, a dénoncé A. C. Michael, de l’organisation chrétienne ADF India (Alliance Defending Freedom), l’une des premières à s’être plaintes de la décision auprès de la Cour Suprême. Pour lui, la décision de la Cour du Rajasthan est contraire à la liberté religieuse, à l’égalité de tous devant la loi et aux libertés personnelles garanties à tous les citoyens indiens, quelles que soient la religion, la caste, l’âge ou le genre.

« La liberté religieuse est un droit fondamental »

Les lois sur les conversions, appelées communément lois anti-conversions, sont en vigueur dans huit des 29 États du pays, mais aucune loi indienne n’interdit ou ne limite le droit à la conversion. Le corps législatif du Rajasthan, majoritairement hindou, a déposé une loi anti-conversion en 2006, mais le gouverneur de l’État a refusé de la signer, suite aux plaintes venant des minorités musulmanes et chrétiennes. Pour A. C. Michael, ces lois contre les conversions sont soutenues par des groupes hindous qui sont convaincus que les hindous sont convertis de force par le mariage ou par d’autres moyens. Pour les chrétiens, ajoute-t-il, il ne peut y avoir de conversion forcée. « Le fait d’accepter une croyance ou une doctrine religieuse est une affaire privée, et ne concerne que la conscience de chacun. Le fait de se convertir est un acte personnel, il n’y a pas lieu d’en informer l’État », revendique-t-il. Joseph Dias, secrétaire général du Catholic Secular Forum, une organisation catholique indienne, estime quant à lui que le droit de choisir ou rejeter une religion relève du choix individuel, et que le gouvernement ne peut pas interférer. « Choisir la foi n’est pas un crime. Dans sa décision, la Cour a essayé de réduire les libertés individuelles, et cela contredit l’idée d’un État laïc ou la liberté de religion est garantie par la Constitution elle-même », dénonce Joseph Dias, ajoutant qu’il espère que ces directives seront révoquées bientôt par la Cour Suprême.

Allen Brooks, porte-parole de l’Assam Christian Forum, a déclaré que la Haute Cour du Rajasthan ne pouvait pas contredire la Constitution dans ces décisions. « La Constitution du pays est très claire sur ce sujet. La liberté religieuse est un droit fondamental pour tous en Inde. J’espère que la Cour Suprême rejettera cette décision », a-t-il souligné. Des groupes hindous sont souvent accusés d’interpréter le travail missionnaire des chrétiens dans les domaines de l’éducation ou de la santé comme corrompu ou destiné à convertir. Malgré les lois anti-conversions, aucun chrétien à ce jour n’a été condamné pour conversion forcée, même si plusieurs plaintes ont été déposées au cours des dernières décennies. Le ministre fédéral indien de l’Intérieur, Rajnath Singh, a déclaré en janvier que « si quelqu’un veut choisir une religion, qu’il le fasse. Il ne doit pas y avoir d’objection. Mais si des conversions de masse commencent à se produire et que beaucoup de monde commence à changer de religion, cela peut être un problème pour n’importe quel pays ». Les hindous représentent 966 millions d’habitants dans le pays, soit 80 % de la population indienne. Les musulmans représentent 172 millions d’habitants (14 %) et les chrétiens 29 millions (2,3 %).

(Avec Ucanews, New Delhi)


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Ians