Eglises d'Asie

Les chrétiens indiens solidaires à l’occasion du dimanche pour la libération des Dalits

Publié le 14/11/2019




Le 10 novembre, à l’occasion de la Journée de libération des Dalits (intouchables), la Conférence épiscopale indienne et le NCCI (Conseil national des Églises en Inde) – qui associe les Églises orthodoxes et protestantes – ont appelé les chrétiens indiens à se montrer solidaires envers les chrétiens dalits, qui continuent de souffrir de la pratique de « l’intouchabilité ». « Personne ne peut servir le Christ et le système des castes », a dénoncé le NCCI, qui appelle à continuer de lutter pour la fin de ce système et contre les injustices sociales qui frappent les minorités converties à l’islam ou au christianisme. Selon les données du gouvernement, l’Inde compte 200 millions de Dalits, et près de 60 % des chrétiens indiens sont d’origine dalit ou indigène.

Des chrétiens Dalit et des militants rassemblés à New Delhi, le 4 décembre 2018, pour défendre les droits des « intouchables » auprès du gouvernement.

Dimanche 10 novembre, à l’occasion de la Journée de libération des Dalits (intouchables), de nombreux chrétiens à travers tout le pays ont témoigné de leur solidarité envers les chrétiens d’origine Dalit qui subissent la discrimination. La journée était célébrée sur le thème « si quelqu’un souffre, nous souffrons tous ensemble ». La Conférence épiscopale indienne et le Conseil national des Églises en Inde (NCCI) – qui comprend les Églises orthodoxes et protestantes –, ont invité la communauté chrétienne indienne à se souvenir des leurs qui sont rejetés au sein de leur propre peuple. « Nous nous sommes battus avec le gouvernement pour les droits des chrétiens et des musulmans d’origine dalit, et tous les ans, nous organisons une manifestation à travers tout le pays que nous appelons ‘Black Day’ », explique le père Vijay Kumar Nayak, secrétaire du Bureau pour les Dalits et les castes inférieures de la conférence des évêques d’Inde. « Le dimanche de libération des Dalit nous donne l’occasion de prier ensemble pour les chrétiens dalits, de comprendre leur situation et de prêter attention à leurs souffrances », ajoute le prêtre. « Ils sont discriminés non seulement dans la société mais aussi au sein des Églises. Il est triste de constater que les chrétiens dalits ont dû se battre pour leurs droits et leur dignité au sein de leurs propres communautés. » La lutte des Dalits chrétiens et musulmans a commencé en 1950, quand une décision présidentielle a supprimé les avantagés donnés aux membres convertis des castes inférieures. Même si ces avantages ont été rétablis pour les sikhs en 1956, et pour les bouddhistes en 1990, les chrétiens et les musulmans continuent de se voir refuser les mêmes droits malgré leur insistance depuis de nombreuses années.

« La pratique de l’intouchabilité est un crime »

Plusieurs commissions nommées par le gouvernement ont pourtant demandé clairement que les chrétiens et musulmans dalits soient inclus dans la liste. Un grand nombre de Dalits se sont convertis au christianisme et à l’islam au cours des décennies, malgré le fait que leur appartenance religieuse ne leur offre que peu de protection face aux injustices sociales. Le mot Dalit signifie « opprimé » ou « piétiné » en sanskrit, et forme le groupe des hors castes anciennement appelé « intouchables ». Selon le gouvernement, le pays compte 201 millions de Dalits sur 1,3 milliard d’habitants. Près de 60 % des quelque 25 millions de chrétiens indiens sont Dalits ou membres des minorités indigènes. « Même après de nombreuses années d’indépendance, la pratique de l’intouchabilité persiste dans la société indienne, sous de nombreuses formes différentes. Bien que des efforts ont été faits pour soutenir l’éducation et le développement économique des chrétiens dalits, il n’y a que très peu d’améliorations », regrette Thomas Franklin Caesar, avocat de la Cour Suprême et militant dalit. « Commençons par mettre de l’ordre dans notre maison. Nous devons mettre de côté nos différences et nous unir pour combattre pour la justice. Nous devons intensifier nos efforts aussi bien dans le domaine public qu’au sein de l’Église. » Le 8 novembre, la NCCI a déclaré, que « personne ne peut servir le Christ et le système des castes – c’est un péché, et la pratique de l’intouchabilité est un crime ». L’organisation a lancé plusieurs programmes afin d’aider les chrétiens à lutter pour la fin du système des castes et contre les injustices que cela entraîne. Dans son communiqué, la NCCI a ajouté vouloir construire une nouvelle Inde qui défende les valeurs d’équité, de liberté et de fraternité accessibles à tous.

(Avec Ucanews, New Delhi)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews