Eglises d'Asie – Vietnam
Les Cursillos, rassemblés à Hué, « portent le message du Salut » dans la société vietnamienne
Publié le 05/12/2020
Le 28 novembre, plus de 80 membres du mouvement des Cursillos, d’origine espagnole et implanté dans le pays dès 1967, se sont rassemblés dans l’église de Notre-Dame du Perpétuel Secours de Hué, en évoquant la mémoire des Martyrs du Vietnam – fêtés le 24 novembre – et en partageant leurs expériences de foi. Le père Francis Xavier Ho Van Uyen, directeur spirituel du mouvement des Cursillos dans l’archidiocèse de Hué, explique que les candidats voulant rejoindre le mouvement doivent participer à une formation de trois jours, composée de temps d’enseignement, de services caritatifs et de temps de prière communautaire. Le père Uyen, âgé de 43 ans, explique que les différents groupes se rencontrent tous les mois dans leurs paroisses respectives pour planifier leurs activités, et que tous les membres du mouvement se rassemblent tous les trois mois, au niveau de l’archidiocèse de Hué. Le père Van Uyen ajoute que les membres du mouvement cherchent à grandir dans la foi, et qu’ils contribuent à ramener de nombreuses personnes à l’Église.
Le mouvement des Cursillos a été fondé en 1944 à Mallorca, en Espagne, par un groupe de laïcs. L’objectif était de former de groupes de laïcs via des « Cursillos » (« petit cours » en espagnol), afin qu’ils « portent le message du Salut » dans la société, selon une expression de saint Jean-Paul II à propos du mouvement. Le cardinal Francis Xavier Nguyen Van Thuan, ancien archevêque de Saïgon (décédé en 2002), a lancé le mouvement au Vietnam en 1967. Il a été interdit par les communistes en 1975, mais le mouvement a été relancé par des Vietnamiens en 2006. Il a été lancé dans l’archidiocèse de Hué en 1972, avant son interdiction en 1975. Puis en 2016, le père Pierre Hoang Xuan Nghiem, aujourd’hui décédé, a relancé le mouvement à Hué avec une trentaine de laïcs. Aujourd’hui, il compte plus de 200 membres dans l’archidiocèse de Hué, qui couvre les provinces de Quang Tri et de Thua Thien Hué. Dans l’ensemble des 27 diocèses du Vietnam, le mouvement compte près de 15 400 membres.
Volontaires durant les inondations d’octobre
Il y a quelques années, André Nguyen Dinh Thang, aujourd’hui membre des Cursillos dans la province centrale de Thua Thien Hue, gagnait sa vie en revendant des motos et de scooters d’occasion. Il les achetait à bas prix, les réparait en utilisant des pièces volées et les revendait plus cher. Ce père âgé de 48 ans reconnaît que même si cette activité était malhonnête et contredisait les enseignements de sa foi catholique, il ne parvenait pas à quitter ce commerce profitable. Il ajoute que durant cette période, il se sentait coupable et n’osait pas recevoir l’Eucharistie. En 2017, il a décidé de changer de vie et d’abandonner son activité après une retraite effectuée dans sa paroisse, en rejoignant le mouvement local Cursillo. « Nous prions le chapelet tous les jours et nous faisons un chemin de croix le vendredi. Nous participons à la messe quotidienne, nous visitons les malades et nous apportons des repas aux personnes dans le besoin », explique André Thang, qui vend aujourd’hui du matériel électronique. Le week-end, les membres de son groupe nettoient aussi les rues du village avec d’autres habitants. André, de la paroisse de Cau Hai, dans le district de Phu Loc, explique qu’ils se rencontrent régulièrement pour planifier leurs activités. Ils encouragent aussi les familles catholiques qui ont cessé de pratiquer leur foi à retourner à l’église. Tous les mois, ils apportent des aides alimentaires à des personnes d’autres confessions. Durant les inondations qui ont frappé la région en octobre, ils se sont portés volontaires pour les réparations, et occasionnellement, ils participent à des dons de sang pour les victimes de la route.
« Je partage la joie de la grâce divine avec eux »
Antoine Le Huu Dat, âgé de 40 ans, un autre membre du groupe Cursillo, de la paroisse de Chan Xuan, a renoncé à l’alcool en 2018, en rejoignant le mouvement. Autrefois, il ne pesait que 39 kg, il buvait et dormait dans la rue ; il a déjà été hospitalisé à cause de la boisson. Avec six autres membres du mouvement, ils vont souvent à la messe et à l’adoration eucharistique ; ils partagent la Parole de Dieu, nettoient l’église paroissiale et participent à des œuvres caritatives. « Avec ma femme, nous prions tous les jours la Miséricorde Divine pour mon oncle, qui a quitté l’Église depuis plus de 40 ans », explique ce père de deux enfants. « Nous sommes heureux quand Dieu répond à nos prières. Je sens qu’il est toujours avec moi et qu’il m’aide à renoncer à mes mauvaises habitudes », ajoute Antoine, qui précise qu’il va mieux et qu’il a repris dix kilos. Il explique qu’aujourd’hui, il s’est rapproché de ses voisins et de ses proches, qui le méprisaient autrefois à cause de son addiction. « Je suis heureux de partager la joie de la grâce divine avec eux, je parle de mes valeurs catholiques avec les personnes d’autres religions », confie-t-il. En octobre, il a utilisé son bateau pour déplacer des personnes âgées et des enfants, pour qu’ils puissent se réfugier dans l’église locale. Il a aussi apporté de la nourriture aux victimes durant les catastrophes naturelles.
« Les activités de Cursillo me poussent à témoigner »
Martha Bui Thi Gam, 19 ans, travaille dans un salon de beauté de Thakhek, au Laos. Martha Gam, qui a rejoint le mouvement Cursillo de Hué en 2018, explique qu’autrefois, le dimanche, la propriétaire du salon, une bouddhiste vietnamo-laotienne, l’empêchait d’aller à église (située à 60 km du salon) et qu’elle ne s’intéressait pas à sa foi. Martha, qui a cinq frères et sœurs, devait rentrer au Vietnam tous les trois mois pour visiter sa famille et pour pouvoir continuer de pratiquer sa foi. Elle explique qu’en 2018, quand la fille de la propriétaire s’est cassé le bras, elle s’est portée volontaire pour s’occuper d’elle à l’hôpital pendant deux semaines, et pour l’emmener à l’école jusqu’à sa guérison. Elle ajoute qu’à cause de ce geste, « elle a eu beaucoup de respect pour moi et pour ma foi », confie Martha, qui a quitté l’école secondaire en 2014, sa famille ne pouvant payer les frais de scolarité. Elle ajoute qu’elle a emmené la propriétaire et sa fille dans une église de Thakhek et qu’elles ont offert du riz gluant, du café, du thé et de l’huile de cuisson à la paroisse, selon la tradition locale. « Maintenant, elle me rappelle d’aller à l’église le dimanche », assure-t-elle. Martha, qui est retournée dans sa famille durant le confinement, explique qu’elle compte reprendre son travail au Laos bientôt. « Les activités de Cursillo m’aident à renforcer ma foi et me poussent à témoigner de la Bonne Nouvelle. »
(Avec Ucanews, Hué)
CRÉDITS
Ucanews