Eglises d'Asie

Les douze ans d’une émission biblique au service des catholiques de Jakarta

Publié le 15/03/2019




La Commission pour les communications sociales de l’archidiocèse de Jakarta vient de célébrer les douze ans d’une émission de radio lancée en 2007 dans la région. L’émission, appelée Oase Rohani Katolik (ORK), est un programme de lectures et de réflexions bibliques, proposé tous les matins pendant une heure et rediffusé sur la chaîne Youtube de la commission. Sur les 500 000 catholiques de l’archidiocèse, près de 30 000 d’entre eux suivent le programme biblique au quotidien. Une première dans le pays, un programme unique qui permet, selon les douze animatrices radios et les trente prêtres qui y contribuent, de répandre la Parole de Dieu et de nourrir la foi des fidèles de la région.

La découverte, en 2008, d’une émission de radio sur la Bible diffusée par la Commission pour les communications sociales de l’archidiocèse de Jakarta, a bien changé les choses pour Matius Samijan. En tant que malvoyant, la vie n’était pas facile tous les jours et le seul métier qu’il avait pu trouver, c’est celui de kinésithérapeute à domicile. « Ce n’était pas facile, je n’avais pas beaucoup de clients », confie Matius. Mais il a tenu bon. Ce paroissien de l’église Saint-Arnold de Bekasi, près de la capitale, a pu faire le nécessaire pour faire vivre sa famille, son épouse aveugle et leur fils unique. Cette émission biblique, diffusée sur une chaîne de radio alors appelée Cakrawala, il l’écoutait tous les matins entre 5 h 30 et 6 h 30. « Cela m’a aidé à traverser des périodes difficiles, et cela m’a fait grandir dans la foi », ajoute-t-il. Aujourd’hui, la cinquantaine, ce catholique baptisé en 1986 après s’être converti de l’islam s’essaye à la musique traditionnelle javanaise en tant que chanteur.

À l’image de Matius, Cicilia Kelen, de la paroisse de la Sainte-Famille dans le sud de Jakarta, préfère regarder le programme biblique d’une heure en vidéo, sur la chaîne Youtube de la commission diocésaine. Cicilia, une célibataire de 40 ans, regarde le programme sur son mobile tous les matins, vers 5 heures, pendant au moins un quart d’heure. « Je ne peux pas le regarder en entier parce qu’ensuite je vais à la messe. Mais j’en retire beaucoup malgré tout. Parfois, ces réflexions bibliques décrivent exactement les situations que je traverse, et cela me donne la force de faire face aux problèmes », affirme Cicilia. Matius et Cicilia font partie des près de 30 000 catholiques de la région qui suivent le programme biblique au quotidien, appelé Oase Rohani Katolik (ORK), et qui a été lancé par le père salésien Peter Pehan Tukan. Selon les registres de l’Église catholique en Indonésie, on compte plus de 500 000 catholiques dans l’archidiocèse de Jakarta.

Une émission unique en Indonésie

Le programme biblique a commencé en 2007 quand le père Tukan, qui était alors formateur auprès des séminaristes salésiens, a cherché à réagir face à l’absence d’un véritable programme de formation spirituelle pour les catholiques de la région. « Cela ne suffisait pas d’enseigner la Bible dans les universités, les écoles ou pendant les homélies, parce que cela ne permettait de rejoindre que de petites communautés. Beaucoup d’autres personnes avaient besoin d’entendre la signification des passages bibliques », explique-t-il. Un an plus tard, il lançait le programme après avoir reçu l’accord de l’archevêque de Jakarta, le cardinal Julius Riyadi Darmaatmadja, et avec le soutien d’un ami qui travaillait pour la chaîne radio, qui a depuis été renommée Mandarin Station. « Le but est de répandre la Parole de Dieu auprès des catholiques de la région et de nourrir leurs âmes par des lectures et des réflexions bibliques quotidiennes », ajoute-t-il. Actuellement, douze animatrices radio et plus de trente prêtres de l’archidiocèse travaillent pour le programme biblique, qui comprend également un temps de questions-réponses. Tous les matins, l’émission est diffusée à la radio et sur la chaîne Youtube de la commission diocésaine, avant d’être rediffusée cinq fois durant le reste de la journée.

Le père Ignatius Ismartono, ancien secrétaire général de la commission épiscopale pour l’œcuménisme et les affaires interreligieuses, fait partie des prêtres qui interviennent auprès du programme radio. « Les lectures sont basées sur le calendrier liturgique. Quand je propose des réflexions bibliques pour le programme, je me concentre sur la façon dont elles peuvent aider les catholiques à grandir dans la foi, dans l’amour de la Parole de Dieu et comment ils peuvent en ressortir joyeux », explique-t-il. Le programme est unique dans le pays. « En Indonésie, il n’y a pas d’autres programmes qui proposent des lectures et des réflexions bibliques tous les jours, et qui soit accompagné par autant de prêtres. Pas encore », ajoute le père Matius Harry Sulistyo, président de la commission diocésaine. « C’est une première », confirme le père Tukan. « Il y a d’autres émissions religieuses dans d’autres diocèses. Mais ORK est la seule qui se concentre sur des lectures bibliques et des réflexions quotidiennes. »

La parabole du semeur

Le 23 février, la commission a célébré le douzième anniversaire du programme biblique avec une messe célébrée dans la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, dans le centre de Jakarta. Dans son homélie, le vicaire épiscopal de l’archidiocèse, le père Alexius Andang Listya Binawan, a évoqué la parabole du semeur. « Pour moi, c’est très inspirant dans ce contexte ; cela indique comment notre foi doit grandir dans nos cœurs, et comment nos cœurs doivent s’y préparer. D’un côté, il faut écouter, et de l’autre il faut ouvrir nos cœurs, pour que ce que nous retirons du programme puisse devenir notre richesse spirituelle », a-t-il confié. « Ainsi, nous pouvons être des signes montrant la présence du Royaume de Dieu dans nos cœurs et dans la société. » Une parole confirmée par Bernadette Marita, une animatrice radio de 52 ans du nord de Jakarta, qui contribue elle aussi au programme. « L’émission biblique me rend joyeuse », assure-t-elle.

(Avec Ucanews, Jakarta)


CRÉDITS

Katharina R. Lestari / Ucanews