Eglises d'Asie

Les envois de fonds des travailleurs migrants philippins depuis l’étranger diminuent avec la crise

Publié le 26/09/2020




Le 20 septembre, à l’occasion du dimanche des Migrants célébré aux Philippines, Mgr Narciso Abellana, évêque de Romblon dans la région des Visayas, s’est inquiété de la situation de nombreux travailleurs migrants philippins. « Beaucoup d’entre eux sont rentrés au pays, mais sans aucune sécurité financière ni perspective d’avenir », a-t-il souligné. « Plusieurs millions de Philippins ont déjà été affectés par le coronavirus. Beaucoup d’entre eux ont été renvoyés chez eux, et d’autres ont subi des baisses de salaires qui affectent les sommes qu’ils peuvent envoyer », a reconnu le département du Travail, le 24 septembre dans un communiqué.

Plusieurs milliers de travailleurs migrants quittent les Philippines chaque jour, mais beaucoup d’entre eux ne peuvent reprendre le travail à cause de la pandémie.

Selon le gouvernement philippin, les envois de fonds par les travailleurs migrants philippins à leurs familles risquent de diminuer fortement en raison des conséquences économiques de la pandémie, alors que presque 200 000 migrants philippins ont dû rentrer ou rester confinés. Le gouvernement de Manille a également souligné que nombre d’entre eux, toujours à l’étranger, ont été infectés par le Covid-19. « Plusieurs millions de Philippins ont déjà été affectés par le coronavirus. Beaucoup d’entre eux ont été renvoyés chez eux, et d’autres ont subi des baisses de salaires qui affectent les sommes qu’ils peuvent envoyer », a déclaré le département du Travail, le 24 septembre dans un communiqué. Les fonds envoyés par les travailleurs philippins depuis l’étranger représentent en général près de 10 % du PIB des Philippines. Ainsi, en 2019, la banque centrale du pays a enregistré un total de 33,5 milliards de dollars US. « La croissance soutenue des fonds personnels envoyés durant l’année 2019 était principalement liée à une hausse de 3,5 % des sommes envoyées par les travailleurs ayant des contrats de travail depuis au moins un an, et qui sont passées de 24,8 à 25,6 milliards de dollars », a expliqué la banque centrale philippine. Cependant, face au Covid-19 affectant les économies mondiales, le département du Travail a souligné que les fonds envoyés par les migrants philippins seront fortement affectés, alors que près de 189 000 travailleurs philippins sont rentrés au pays ou y sont restés, en raison des confinements imposés dès le mois de février. Le département du Travail n’a pas précisé d’estimation concernant les baisses attendues.

Les jeepneys et les restaurants également affectés

Mgr Narciso Abellana, évêque de Romblon dans la région des Visayas, a affirmé que le coronavirus a plongé les travailleurs philippins à l’étranger dans la misère. « Beaucoup d’entre eux sont rentrés au pays, mais sans aucune sécurité financière ni perspective d’avenir. Pourtant, ils restent plus chanceux que ceux qui sont revenus aux Philippines dans des urnes ou des cercueils, ou que ceux dont les dépouilles n’ont pas pu être rapatriées », a confié Mgr Abellana dans un communiqué, à l’occasion du dimanche des Migrants, célébré le 20 septembre aux Philippines, en évoquant les victimes du coronavirus parmi les migrants philippins. Mgr Abellana a également souligné que « nos travailleurs à l’étranger sont des migrants forcés [de rester loin de chez eux] à cause de leur travail. Mais beaucoup d’entre eux sont bloqués aux Philippines actuellement, faute de pouvoir quitter le pays pour travailler à nouveau, tandis que d’autres sont bloqués à l’étranger faute de fonds pour pouvoir rentrer ». Le virus n’a pas seulement affecté les travailleurs à l’étranger, mais aussi les chauffeurs de jeepneys (véhicules de transport collectif populaires aux Philippines) et les employés des restaurants, qui ne peuvent toujours pas reprendre le travail, a signalé l’évêque.

« Accueillir, protéger et intégrer les migrants déplacés »

« Il y a ceux qui n’ont plus de travail, leurs entreprises ayant fait faillite ou ayant fermé. Il y a les travailleurs déplacés de force, qui ont des familles à nourrir », a-t-il ajouté. En août, le gouvernement a déclaré que les Philippines avaient rejoint le groupe CMSC (Covid-19 Migrant Support Coalition), une coalition internationale de soutien aux migrants, fondée pour rassembler les expertises et les ressources afin de répondre aux besoins des travailleurs migrants affectés par la pandémie. « Nous travaillons maintenant avec la coalition afin de venir en aide à beaucoup de nos compatriotes, pour répondre aux besoins à l’étranger comme des dortoirs, des colis alimentaires, voire des téléphones portables et des ordinateurs portables pour leur permettre de rester en lien avec leurs familles », a déclaré le département du Travail sur les réseaux sociaux. Mgr Abellana, de son côté, estime que ce qui menace le plus les travailleurs à l’étranger, c’est aussi l’incertitude. « Ce qui rend la pandémie insupportable, ce n’est pas seulement le fait de perdre son travail. C’est l’idée que la fin de la crise n’est pas encore en vue. Nous ignorons combien de temps les entreprises vont pouvoir tenir. Combien de travailleurs vont perdre leur emploi ? Quand pourront-ils reprendre leur travail ? » a demandé l’évêque. « Nous savons que nous devons accueillir, protéger, défendre et intégrer les migrants déplacés, particulièrement en ces temps difficiles. »

(Avec Ucanews, Manille)


CRÉDITS

Mark Saludes / Ucanews