Eglises d'Asie

Les étudiants indonésiens favorables à la Charia selon une nouvelle étude qui inquiète l’Église locale

Publié le 20/05/2023




Les résultats d’une nouvelle étude, publiée le 17 mai en Indonésie, inquiètent les responsables et éducateurs catholiques alors que plus de 56 % des lycéens de cinq villes de l’archipel seraient favorables à l’application de la Charia, la loi islamique. L’étude a été menée auprès de presque 974 élèves (84,9 % de musulmans, 9,6 % de protestants et 3,3 % de catholiques). Pour le père Vinsensius Darmin Mbula, franciscain et président du Conseil national de l’enseignement catholique indonésien, ces résultats doivent servir de prise de conscience pour les écoles du pays.

Des élèves du lycée Saint-François-Xavier de Ruteng, dans l’île de Flores (dans l’est de l’Indonésie).

Plus de 56 % des lycéens de cinq villes indonésiennes seraient favorables à l’application de la Charia, la loi islamique, selon une nouvelle étude qui inquiète les responsables et éducateurs chrétiens dans le pays. « Les soutiens favorables à l’idée que la Pancasila [la philosophie nationale] n’est pas une idéologie permanente et qu’elle peut être remplacée sont également très nombreux, à savoir 83,3 % des répondants », selon l’étude qui a été publiée le 17 mai par l’Institut Setara pour la démocratie et la paix, en collaboration avec l’ONG internationale INFID (International NGO Forum on Indonesian Development).

La Pancasila, basée sur cinq principes, est considérée comme un symbole sur lequel repose l’unité du pays. Le père Antonius Benny Susetyo, membre d’une unité présidentielle pour la défense de la tolérance communautaire, estime que les conclusions de l’enquête sont inquiétantes justement parce qu’il s’agit d’écoles. « Toutes les parties concernées, y compris le ministère de l’Éducation et de la Culture, doivent chercher à comprendre pourquoi les opinions intolérantes gagnent du terrain dans les établissements scolaires », souligne le prêtre. « Il devient de plus en plus important d’enseigner la philosophie de la Pancasila dès le plus jeune âge », ajoute-t-il.

Presque 974 élèves, (84,9 % de musulmans, 9,6 % de protestants et 3,3 % de catholiques) d’écoles publiques et privées de Bandung et Bogor, dans la province de Java occidental, de Surabaya dans la province de Java oriental, de Surakarta dans la province de Java central, et de Padang dans la province du Sumatra occidental, ont pris part à l’étude.

Les conclusions montrent que 20,2 % des répondants n’hésiteraient pas à commettre des actes de violence en représailles à des insultes envers leur religion, et 33 % seraient prêts à défendre leur religion même au prix de leur propre vie. Par ailleurs, presque 61,1 % des élèves interrogés préféreraient que toutes les étudiantes soient voilées.

« Ces conclusions montrent clairement qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire »

Pour le père Vinsensius Darmin Mbula, franciscain et président du Conseil national de l’enseignement catholique indonésien, ces résultats doivent servir de prise de conscience pour les écoles du pays. « Le ministère de l’Éducation et de la Culture a lancé une campagne contre l’intolérance. Toutefois, ces conclusions montrent clairement qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire », assure le prêtre.

Retno Listyarti, membre du syndicat enseignant indonésien FSGI (Federation of Indonesian Teachers) et de la Commission indonésienne pour la protection infantile, pense que l’enseignement dans les salles de classe n’est pas conçu pour respecter les différences et qu’il favorise l’intolérance passive. Selon elle, le radicalisme est entré dans les écoles car les activités extrascolaires des élèves ne sont pas suivies.

De son côté, Halili Hasan, directeur exécutif de l’Institut Setara, souligne que les résultats de l’étude sont inquiétants car le nombre d’élèves qui sont « activement intolérants » a presque doublé par rapport au taux de 2,4 % lors de la précédente étude, réalisée en 2016. Setara et l’INFID ont demandé au ministère de l’Éducation et de la Culture de continuer d’améliorer la qualité et la diffusion de ses programmes à tous les niveaux éducatifs.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews