Les évêques asiatiques présentent le Document de Bangkok, un plan pastoral pour les Églises d’Asie

Le 15 mars, la FABC a rendu public son plan pastoral issu des réflexions de la Conférence générale organisée en octobre à l’occasion du 50e anniversaire de la fédération.

Le 15 mars, la Fédération des Conférences épiscopales asiatiques (FABC) a rendu public le « Document de Bangkok », un plan pastoral illustrant les réflexions de la Conférence générale organisée en octobre dernier à l’occasion du 50^e anniversaire de la fédération, en présence de délégations catholiques de toute l’Asie.

Ce mercredi, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a présenté l’assemblée d’octobre 2022 comme « un tournant pour les Églises en Asie et un temps de dialogue dans un esprit de solidarité et de collégialité », que le document publié cette semaine cherche à retranscrire et concrétiser dans la vie des communautés asiatiques.

En citant l’exemple des Rois mages, qui ont inspiré l’assemblée de Bangkok, le texte du document appelle les peuples asiatiques à rentrer chez eux « par un autre chemin », comme l’ont fait les mages après être venus d’Orient pour voir Jésus à Bethléem. Mgr Pablo Virgilio David, archevêque de Kalookan et président de la Conférence épiscopale philippine, a présenté le document après avoir dirigé la commission qui a préparé le document à l’issue de la Conférence générale d’octobre.

Le document présente neuf défis émergents au sein des sociétés asiatiques

Le plan pastoral de la FABC est divisé en cinq chapitres, avec cinq verbes utilisés pour suivre le parcours des Rois mages : « Avancer ensemble », sur le thème de la synodalité ; « Observer » les défis émergents en Asie aujourd’hui ; « discerner » les réponses à apporter à ces défis pastoraux ; « offrir des présents », sur les relations entre les Églises en Asie et l’Église universelle ; et enfin, « suivre d’autres chemins », sur la présence pastorale d’aujourd’hui sur le continent asiatique.

Le document présente neuf défis émergents au sein des sociétés asiatiques actuelles : les conditions des migrants, qui sont souvent des réfugiés et des indigènes exclus de leurs terres natales ; la famille, fondation de la société ; l’identité de genre ; le rôle grandissant des femmes dans des sociétés asiatiques en pleine évolution ; la relation entre les jeunes et le monde d’aujourd’hui ; l’impact des technologies numériques ; la nécessité d’une économie juste face aux transformations causées par l’urbanisation et la mondialisation ; la crise climatique qui menace notre maison commune ; et enfin, le dialogue interreligieux.

Concernant chacun de ces défis, le document appelle les Églises en Asie à entreprendre une action pastorale : de l’attention portée à la famille aux rôles de leadership donnés aux femmes au sein des communautés ecclésiales, d’une utilisation plus consciencieuse des technologies numériques au dialogue et à la réconciliation face aux blessures qui frappent tant de régions en Asie. Les Églises locales sont également appelées à adapter la formation du clergé aux contextes et aux cultures de l’Asie.

« Un point de référence pour les cinq à dix prochaines années »

Concernant les « nouveaux chemins » à prendre, les Églises asiatiques en évoquent au moins cinq, à commencer par l’évangélisation, en espérant passer d’un paradigme basé sur un modèle dominant à un autre fondé sur l’inculturation.

Les communautés ecclésiales, nombreuses en Asie, sont invitées « élargir l’espace de leur tente » et à regarder au-delà de leurs propres frontières, afin d’encourager la fraternité entre les hommes et les femmes de toutes confessions religieuses. Des améliorations sont également souhaitées pour la vie ecclésiale, en passant d’un simple dialogue et à une véritable synodalité. Concernant l’annonce de l’Évangile, cela suppose de ne pas se contenter d’une proclamation abstraite pour annoncer une foi véritablement incarnée.

Enfin, le document appelle les chrétiens asiatiques à sortir des sentiers battus pour faire face aux nouvelles priorités pastorales. Il invite notamment à s’inspirer de missionnaires éminents comme Matteo Ricci et Alessandro Valignano, qui ont répondu, au XVIe siècle, à l’appel à enraciner la foi dans le contexte spécifique de l’Asie.

Selon le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai, qui a coordonné le travail de l’Assemblée en octobre, « le Document de Bangkok est un texte que nous adressons aux Églises du continent », afin qu’elles puissent l’utiliser pour « réfléchir, prier et choisir leurs priorités ». « Je pense que comme c’était le cas du document d’Aparecida [‘feuille de route’ de l’Église latino-américaine], ce sera un point de référence pour nos communautés pour les cinq à dix prochaines années. »

(Avec Asianews)