Eglises d'Asie – Inde
Les évêques catholiques du Kerala soutiennent le mouvement de protestation des fermiers indiens
Publié le 09/12/2020
Alors que les négociations n’ont pas convaincu les fermiers indiens, qui poursuivent leur mouvement de protestation à New Delhi depuis plus d’une semaine, plus de 40 évêques catholiques de l’État du Kerala, dans le sud de l’Inde, ont appelé le gouvernement à se préoccuper de la détresse des agriculteurs. Ce jeudi 3 décembre, Narendra Singh Tomar, ministre fédéral de l’Agriculture, a rencontré un groupe de 40 responsables de syndicats agricoles durant plus de sept heures, aux côtés d’une délégation du gouvernement, sans parvenir à un accord. De nouvelles rencontres ont eu lieu samedi 5 décembre. « Plusieurs millions de familles de fermiers dans le pays sont inquiètes face à l’avenir, à cause des nouvelles lois agricoles », a expliqué le cardinal George Alencherry après une session de trois jours organisée par le Conseil des évêques catholiques du Kerala (KCBC), à laquelle 42 évêques de la région ont participé. Plusieurs milliers de fermiers, majoritairement des États du Pendjab et de l’Haryana, protestent dans la capitale fédérale indienne depuis le 29 novembre, afin de demander le retrait de trois lois qu’ils dénoncent comme « anti-fermiers », et qui ont été votées en septembre dans le cadre d’une réforme libérale du secteur agricole.
70 % de la population indienne vit de l’agriculture
Les évêques catholiques du Kerala invitent le gouvernement fédéral à répondre immédiatement aux inquiétudes des fermiers et à œuvrer pour que l’Inde se montre proche des agriculteurs. Les responsables des syndicats agricoles affirment qu’avec les nouvelles lois entrées en vigueur, qui dérégulent le marché agricole indien, les petits fermiers, majoritaires, devront vendre leur production en concurrence avec les géants de l’agro-alimentaire et de la grande distribution. Pour eux, impossible de survivre s’ils doivent négocier les prix avec ces derniers, d’autant plus que les lois en question ont retiré les prix de vente minimum fixés par le gouvernement. En se référant aux avertissements des experts, les évêques rappellent que le secteur agricole indien compte près de 86 % de petits exploitants vivant sur moins d’un hectare (deux acres) de terres, et que ces mesures risquent de les mettre en difficulté. « Le gouvernement doit assurer la sécurité des fermiers, qui constituent la majorité de la population indienne », poursuivent les évêques du Kerala. Ils appellent le gouvernement à prendre des mesures qui respectent les droits des fermiers, pour le bien de l’ensemble de la nation, qui compte plus de 70 % d’habitants qui vivent de l’agriculture, sur plus d’1,3 milliards d’Indiens.
Les responsables syndicats agricoles dénoncent le fait que le gouvernement a voté ces lois précipitamment sans consulter les fermiers, afin de soutenir les géants du secteur. « Nous continuerons de protester jusqu’à ce que le gouvernement retire les lois anti-fermiers », ont-ils répété après les négociations. Le père Jacob G. Palackapilly, secrétaire général de la KCBC, souligne que les évêques ont réagi face au mouvement en débattant entre eux des nouvelles lois et de leurs conséquences si elles sont appliquées telles quelles. « Les évêques sont convaincus que les nouvelles lois agricoles ne sont pas dans l’intérêt des fermiers et appellent le gouvernement à les retirer », a déclaré le père Palackapilly. Les fermiers ont également obtenu le soutien d’autres groupes, dont la société All-India Motor Transport Congress (AIMTC), qui regroupe près de 10 millions de transporteurs routiers dans le pays. Le président d’AIMTC, Kultaran Singh Atwal, a annoncé une grève de tous ses véhicules à compter du 8 décembre, dans le cas où le gouvernement ne répondrait pas aux demandes des fermiers. En raison des barrages routiers des fermiers à l’entrée de New Delhi, la capitale fait déjà face à une pénurie alimentaire.
(Avec Ucanews)
Crédit : Randeep Maddoke / CC0 1.0