Eglises d'Asie

Les évêques indonésiens demandent aux catholiques de participer aux élections nationales

Publié le 13/02/2024




Ce 14 février, alors que débute le temps du Carême, le mercredi des Cendres est aussi le jour des élections présidentielles et législatives pour les catholiques indonésiens, alors que 205 millions d’électeurs sont invités à voter pour le successeur du président Joko Widodo, ainsi que pour le vice-président, pour les membres de l’Assemblée nationale et pour près de 20 000 représentants aux niveaux national, provincial et local. Dans leurs lettres pastorales pour le Carême, les évêques indonésiens ont appelé les catholiques à déposer leur vote.

Le 10 février, le candidat à la présidence Ganjar Pranowo avec Mgr Paskalis Bruno Syukur, évêque de Bogor.

Les évêques indonésiens ont appelé les catholiques à prendre part aux élections générales, prévues ce mercredi 14 février dans le plus grand pays musulman au monde. Ils ont lancé cet appel dans leurs lettres pastorales pour le temps du Carême. Dans cette lettre, les évêques ont demandé aux fidèles de ne pas oublier leurs responsabilités civiles alors que certains craignent que les élections de la troisième plus grande démocratie au monde soient truquées par les autorités. Les élections tombent le jour du mercredi des Cendres, qui marque le début du Carême pour les catholiques, ouvrant les quarante jours de préparation à Pâques.

« En tant que catholiques, nous devons voter et nous ne pouvons pas nous abstenir », a souligné Mgr Petrus Canisius Mandagi, évêque de Merauke, dans la province de Papouasie du Sud. Ce dernier a demandé aux électeurs de faire leur choix dans l’esprit de l’idéologie d’État de la Pancasila et de la Constitution de 1945. De son côté, Mgr Petrus Canisius Mandagi, évêque d’Ambon, a confié que les élections sont un évènement majeur la démocratie indonésienne et qu’elles devaient être accueillies avec joie.

« Il ne faut jamais s’abstenir, parce que notre vote détermine le sort futur de la nation indonésienne. Choisissez de bons dirigeants. Des bonnes personnes existent certainement parmi toutes les religions, toutes les tribus et tous les groupes », a-t-il assuré. Un appel similaire a été partagé par Mgr Yustinus Harjosusanto, évêque de Samarinda, dans le Kalimantan oriental (Bornéo), ainsi que par Mgr Robertus Rubiyatmoko, archevêque de Semarang, et par le cardinal Ignatius Suharyo, archevêque de Jakarta. « Les gens doivent voter, en particulier les catholiques, parce que les élections sont un évènement démocratique qu’on ne peut pas ignorer », a insisté Mgr Harjosusanto.

« Plusieurs critères de discernement essentiels ont été formulés par l’Église »

Trois candidats sont en lice lors des élections présidentielles et législatives de ce mercredi 14 février en Indonésie : Anies Baswedan, Prabowo Subianto et Ganjar Pranowo. Près de 205 millions d’électeurs sont invités à participer au scrutin (sur 277 millions d’habitants) notamment afin d’élire le successeur du président Joko Widodo après dix ans au pouvoir.

Parmi les trois candidats, on compte deux anciens gouverneurs et surtout Prabowo Subianto, ancien rival de Joko Widodo, ministre de la Défense, ancien militaire et ancien gendre du dictateur Suharto. Certains prévoient un duo entre Prabowo et son candidat à la vice-présidence Gibran Rakabuming Raka, fils aîné de Joko « Jokowi » Widodo. Alors que Prabowo Subianto, général du dictateur Suharto (1965-1998), risque de l’emporter, il est utile de rappeler que le ministre actuel de la Défense est accusé de plusieurs crimes contre des civils sous la dictature de Suharto.

Les électeurs choisiront également près de 20 000 représentants aux niveaux national, provincial et du district. On compte notamment 711 membres au sein de l’Assemblée nationale, selon la commission électorale nationale. Les élections du 14 février ont été gâchées par des accusations de fraude de la part du gouvernement Joko Widodo, ce dernier ayant été accusé de perpétuer sa dynastie politique avec la candidature de son fils comme vice-président. Le 11 février, vingt groupes militants ont publié un documentaire appelé Dirty Vote, en accusant Widodo d’avoir violé les règles afin de promouvoir la candidature de son fils Gibran.

Lucius Karus, un observateur politique catholique, soutient l’appel des évêques qui est selon lui essentiel afin d’encourager la participation électorale des catholiques indonésiens. « On ne peut pas protester contre les comportements des dirigeants, et dans le même temps ne pas vouloir s’intéresser aux élections », souligne-t-il. Agustinus Sina Koten, un catholique de la paroisse Saint-Helena Curug de l’archidiocèse de Jakarta, confirme de son côté qu’il a décidé d’exercer son droit électoral. « J’écouterai les recommandations de l’Église pour prendre une décision. Il y a plusieurs critères de discernement essentiels qui ont été formulés par l’Église avant de voter, et je compte bien prendre cela en compte. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews