Eglises d'Asie

Les évêques japonais dénoncent une tentative de renforcer la loi sur l’immigration

Publié le 08/02/2023




La Commission pour les migrants, les réfugiés et les personnes itinérantes de la Conférence épiscopale japonaise et six autres organisations ont publié un communiqué conjoint afin de s’opposer au renforcement de la loi du pays sur l’immigration, jugée oppressive envers les réfugiés et les immigrants. Une campagne de la commission épiscopale lancée en 2021 a également rassemblé plus de 100 000 signatures à ce jour contre l’amendement de la loi.

Le service d’immigration de l’aéroport international de Narita (préfecture de Chiba, l’un des deux principaux aéroports du Grand Tokyo).

Les évêques catholiques japonais ont rassemblé plus de 100 000 signatures dans le cadre d’une campagne contre la possibilité de renforcer la loi du pays sur l’immigration (Immigration Control Act), jugée oppressive envers les réfugiées et les immigrants. La campagne, qui continue, a été lancée en décembre 2021 par la Commission pour les migrants, les réfugiés et les personnes itinérantes de la Conférence épiscopale japonaise.

Selon l’agence Fides, le Parlement japonais avait rejeté une proposition d’amendement de la loi en 2021, mais le gouvernement du Premier ministre Fumio Kishida prévoirait de réintroduire des modifications cette année. Celles-ci comprennent les enfants dont les parents n’ont pas de statut de résident au Japon, et qui devraient être reconduits à la frontière avec leurs parents.

« Alors qu’ils sont nés au Japon, qu’ils ont été éduqués dans des écoles japonaises et qu’ils parlent japonais, il a été décidé de les expulser à cause de la situation de leurs parents. Depuis l’enfance, ils sont forcés de vivre dans l’anxiété », avait déclaré la commission des évêques dans une déclaration publiée le 9 septembre dernier.

« Nous appelons le gouvernement japonais à assister les quelque 300 enfants nés et élevés par leurs parents sans statut officiel d’immigration, ainsi que leurs familles qui risquent d’être expulsées. Nous demandons un geste humanitaire afin qu’ils puissent bénéficier d’un permis spécial de séjour », ont poursuivi les évêques.

Le nouveau projet de loi propose aussi que « le retour des demandeurs d’asile et des réfugiés dans leur pays d’origine soit possible même dans les cas où il y a des risques de persécutions », signale Fides. Les amendements comprennent également la détention d’immigrants sans permis de séjour dans des centres d’immigration pour une durée indéfinie, une forte réduction d’un « système de permis de séjour spécial » et la limitation des possibilités de retour.

Un appel lancé par les évêques et six autres organisations

La commission des évêques et six autres organisations ont aussi publié un communiqué conjoint afin de s’opposer au renforcement de la loi sur l’immigration, en affirmant que cela « mettrait en danger les vies de ceux qui n’ont pas encore de statut résidentiel ». Le communiqué soutient « une société où la vie et la dignité des réfugiés et des immigrants sont protégées ».

Le message conjoint fait aussi allusion à la mort d’une immigrante sri-lankaise, Wishma Sandamali, alors qu’elle était détenue par les Services d’immigration de Nagoya. Arrêtée en 2020 à l’âge de 33 ans, elle est morte le 6 mars 2021 après s’être plainte d’être en mauvaise santé. Elle serait la 17e personne décédée en détention par les services d’immigration depuis 2007.

L’Église locale et les autres organisations ont également souligné que l’aide généreuse de nombreux habitants et institutions sociales au Japon envers les réfugiés ukrainiens montre que « l’exclusion des réfugiés va à l’encontre de la volonté des gens ».

« La vie quotidienne des citoyens est faite de liens et de relations entre les gens. Étrangers, Japonais, réfugiés, immigrants, résidents et non-résidents vivent ensemble comme un peuple. Nous voulons une société qui respecte la vie et les droits humains de chaque personne qui y vit, où tout le monde peut vivre en paix et où personne n’est laissé pour compte », ont-ils poursuivi, en appelant les autorités à créer un organisme public administratif et juridique spécial afin de protéger les réfugiés et leur intégration.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

(CC BY-SA 3.0)