Eglises d'Asie

Les évêques japonais et sud-coréens opposés au déversement d’eaux usagées du site de Fukushima dans la mer

Publié le 12/02/2021




Dans une lettre adressée au premier ministre japonais Yoshihide Suga, les Conférences épiscopales catholiques du Japon et de la Corée du Sud s’élèvent contre le projet gouvernemental de rejeter dans l’océan l’eau de refroidissement stockée sur le site de la catastrophe nucléaire de 2011 et soulignent notre responsabilité envers les générations futures.

Sacs de déchets radiocatifs en attente de traitement

Les Conférences épiscopales catholiques du Japon et de Corée du Sud ont pris position contre le projet du gouvernement japonais de déverser dans la mer des millions de tonnes d’eau de refroidissement stockée dans les immenses réservoirs de la centrale nucléaire de Fukushima, gravement endommagée par l’accident du 11 mars 2011.

Dans une lettre adressée au Premier ministre japonais Yoshihide Suga, les présidents des Conseils Justice, Paix et Environnement des deux Conférences épiscopales expriment leur vive opposition au « rejet dans l’océan de l’eau ayant servi à purifier la centrale et qui présente des traces de la substance radioactive tritium. »

La question du sort réservée à ce stock d’eau de refroidissement est l’une des questions encore non résolues, près de dix ans après l’accident nucléaire de Fukushima.

En attendant le déclassement de la centrale de la liste des sites toxiques, qui avance lentement en raison des niveaux élevés de radioactivité à l’intérieur, les réacteurs doivent être constamment refroidis avec de l’eau. Pour éviter tout risque de contamination, l’eau usée est stockée dans un système complexe de réservoirs. Chaque jour, près de cent tonnes d’eau affluent ainsi dans le système et l’entreprise manquera de capacité de stockage en 2022.

Des données incomplètes sur les conséquences environnementales à long terme.

C’est la raison pour laquelle le gouvernement japonais veut rejeter l’eau dans la mer : selon certains experts, correctement filtrés, les isotopes de tritium restants ne constituent plus un danger. Dans leur missive, les évêques japonais et sud-coréens contestent cette affirmation, s’appuyant sur des études qui font un lien de causalité entre tritium et mortalité fœtale, leucémie et trisomie 21. Pour les prélats, les garanties données par les autorités japonaises sur les faibles concentrations de la substance radioactive dans l’eau reposent sur des tests incomplets.  Ils critiquent également l’absence de données sur les conséquences à long terme sur le milieu marin, un point qui inquiète beaucoup les pêcheurs en mer entre le Japon et la péninsule coréenne.

Les deux Conférences épiscopales appellent donc les autorités à envisager d’autres options que le rejet dans l’océan. « Nous avons la responsabilité de transmettre aux générations futures un environnement où nous pouvons vivre en toute sécurité et l’esprit tranquille », écrivent les évêques, citant l’encyclique Laudato Si du Pape François en 2015. « Nous ne pouvons plus considérer la réalité d’une manière purement utilitaire, dans laquelle l’efficacité et la productivité sont entièrement orientées vers notre bénéfice individuel », avait dit le pape, rappelant que « la solidarité intergénérationnelle n’est pas facultative, mais plutôt une question fondamentale de justice. »

(Avec AsiaNews)


CRÉDITS

AdM / Revue MEP