Eglises d'Asie

Les évêques japonais inquiets du réarmement national

Publié le 24/12/2022




Le 21 décembre, la Commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale japonaise a réagi à trois documents officiels, publiés par décret par le gouvernement du Premier ministre Fumio Kishida, portant sur le réarmement du pays et sur une révision majeure de ses défenses stratégiques. Pour les évêques japonais, ces documents abandonnent de fait « le principe fondamental d’une politique exclusivement orientée vers la défense » et représentent un tournant majeur qui éloigne le pays de sa Constitution pacifiste.

Mgr Manyo Maeda, archevêque d’Osaka, en 2017. Les évêques japonais ont réaffirmé leur attachement à la Constitution pacifiste.

Les évêques catholiques japonais ont demandé au Premier ministre Fumio Kishida de retirer trois documents clés portant sur le réarmement du pays et sur une révision majeure de ses défenses stratégiques. La Commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale japonaise a dénoncé le projet du gouvernement d’augmenter le budget de défense de la nation comme « anticonstitutionnel et dangereux ».

« La décision de créer ces trois documents de sécurité abandonne de fait le principe fondamental d’une politique exclusivement orientée vers la défense, dans le cadre de l’Article 9 de la Constitution japonaise, et marque un tournant majeur pour faire du Japon une superpuissance militaire », a réagi la Commission épiscopale dans un document publié le 21 décembre.

« De plus, le fait qu’une décision aussi importante ait été prise par un cabinet ministériel, sans délibération de la Diète [le Parlement national] et du peuple souverain, constitue un acte scandaleux qui ignore délibérément la démocratie, et cela ne doit pas être toléré », poursuit le message des évêques.

Le Japon consacrera 2 % de son PIB à la défense

Selon un document de « plan stratégique », publié ce mois-ci par le Premier ministre Fumio Kishida, le Japon réservera un budget de plus de 320 milliards de dollars US au renforcement de ses capacités militaires au cours des cinq prochaines années, soit 2 % de son PIB. Le 16 décembre, le cabinet, dirigé le parti LDP (Parti libéral démocrate), a également approuvé deux autres documents – sur la stratégie de sécurité nationale et sur la stratégie de défense nationale – qui permettraient au Japon de lancer des « contre-attaques » sous certaines conditions spécifiques.

La commission des évêques a appelé le gouvernement Kishida à retirer ces trois documents. Leur déclaration survient parmi des craintes de voir le Japon s’éloigner de sa Constitution pacifiste contraignant ses capacités de contre-attaque. Ce plan stratégique comprend une amélioration de l’armement japonais et l’achat d’au moins 400 missiles de croisière américains Tomahawk. Les évêques ont souligné que la décision du gouvernement n’est pas démocratique étant donné qu’elle a été prise par décret sans passer par le Parlement.

Les évêques insistent pour que le Japon prenne le chemin de la paix

Le fait de consacrer 2 % de son PIB à la défense mettra le Japon au même niveau que les États membres de l’Otan. En juin, le Fumio Kishida a également été le premier Premier ministre japonais à prendre part à une rencontre de l’alliance atlantique. Il a expliqué que ces nouvelles mesures ont été prises en raison des menaces régionales, dont l’invasion russe en Ukraine. Selon les évêques, l’augmentation du budget de défense à 2 % du PIB d’ici 2027 revient à « revendiquer le statut de superpuissance militaire ». Pour eux, le fait d’accéder à la capacité d’attaquer des bases ennemies constitue une « menace militaire » interdite par la Constitution.

La Commission épiscopale japonaise a également regretté le projet d’utiliser des aéroports et des ports civils à des fins militaires, et d’affecter des ressources scientifiques et technologiques dans le but de produire de nouvelles armes. En évoquant des propos du pape François durant son voyage au Japon en 2019, les évêques ont insisté pour que le pays prenne le chemin de la paix, « par des moyens diplomatiques, selon le Préambule et l’Article 9 de la Constitution japonaise, en contribuant à créer des conditions qui permettent de régler les tentions par le dialogue ».

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews